« La littérature burkinabè : une écriture émergente ». Tel est le thème qui a été développé par le professeur Salaka Sanou.

Pour commencer, le conférencier a démontré les aspects qui font de la littérature burkinabè une des littératures émergentes en Afrique. « Des mémoires d’étudiants aux ouvrages en passant par des thèses et des articles des enseignants-chercheurs », a déclaré le professeur Sanou. Pour illustrer son propos, il a défini le concept de littérature émergente sous deux angles.

Le premier angle est lié à l’avènement de la négritude qui voit la montée de nouveaux pays avec une littérature empreinte de revendication. Les pères de la négritude, Léopold Sédar Senghor, Aimé Césaire, primaient un retour aux valeurs culturelles africaines. Ainsi plusieurs écrivains africains avaient le souci d’imposer leur littérature sur le plan africain en prenant en compte certaines réalités sociales.

Cette forme de littérature a été qualifiée par certains spécialistes de littérature nationaliste : « Elle s’inscrit dans ce qu’on pourrait appeler une lutte patriotique, un nationalisme intellectuel qui pourrait être l’expression d’un certain complexe ».

En effet, conscients de l’impact de la littérature dans la constitution d’un conscience nationale, les écrivains l’ont utilisée pour une revendication, plus politique et juridique que littéraire selon le professeur Sanou. Cela s’est traduit par la mise en relief de l’existence d’un territoire national avec un drapeau, une carte d’identité nationale, un passeport, etc.

Le deuxième angle choisi par le conférencier pour analyser le concept de littérature émergente est celui de la rupture de la littérature africaine d’avec la tradition établie depuis l’époque coloniale. Selon lui toujours, des ruptures de la littérature africaine d’avec celle européenne, celle rattachée à la France ou à l’Angleterre, sont à signaler.

La première rupture a été engendrée par la négritude avec sa quête identitaire africaine.

La deuxième rupture plus profonde est liée à l’évolution du champ littéraire africain qui prend en compte de nouveaux éléments, de nouvelles règles littéraires. Ce qui fait des littératures émergentes un élément de reconstruction d’un système établi et celui propice à la construction d’un nouveau.

Dans son exposé, le Pr Salaka Sanou a également évoqué l’univers institutionnel de la littérature burkinabè. Selon lui, la littérature burkinabè a été promue par l’Etat ainsi que des initiatives privées. Cela s’est réalisé dans des cadres de promotion, à savoir des concours littéraires, des espaces de concertation des écrivains. A cela s’ajoute la présence marquée des écrivains sur la scène littéraire africaine.

Les exemples de maître Titinga Frédéric Pacéré et Patrick Ilboudo avec leurs grands prix littéraires de l’Afrique noire ont été cités. Sans oublier le prix du concours théâtral interafricain remporté par Moussa Théophile Sowié.

Alassane KERE

Le professeur Salaka Sanou est maître de conférence au département de lettres modernes à l’Unité de formation et de recherche en lettres, arts et communication.

Il est également le responsable de l’option Esthétique littéraire et artistique négro-africaine (ELA/V).

Il a à son actif, une ouvre sur la littérature burkinabè intitulée : « La littérature burkinabè : l’histoire, les hommes, les ouvres ».

A. K

Sidwaya