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RD Congo : Bemba, Kabila, l’Afrique vous regarde !

Publié le samedi 9 décembre 2006 à 08h56min

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Jean-Pierre Bemba et Joseph Kabila

Joseph Kabila a prêté serment le mercredi 6 décembre comme premier président de la République démocratique du Congo, démocratiquement élu au suffrage universel depuis l’indépendance de ce pays en 1960. La prestation solennelle de serment met un terme à un long processus engagé depuis les accords de Sun City, en décembre 2002.

Le dépouillement du scrutin du 29 octobre a donné 58% à Joseph Kabila contre 42 % au vice-président Jean-Pierre Bemba. En vertu de ses résultats, Joseph Kabila a fait le serment de respecter la Constitution, de défendre l’intrégrité territoriale de la RDC. Jean-Pierre Bemba a boudé la cérémonie solennelle de prestation de serment qui a réuni à Kinshasa plusieurs chefs d’Etat et de gouvernement africains autour de leur homologue congolais. Le vice-président avait pourtant reconnu sa défaite après la publication des résultats du second tour, et déclaré qu’il se constituait désormais en opposant républicain. Son absence, qui a été très remarquée par tous les observateurs, relance les débats sur la sincérité de son fair-play, mais surtout de ses déclarations antérieures, même celles faites avant la publication des résultats.

Peut-on savoir ce qui se passe dans la tête d’un ancien seigneur de guerre ? Aujourdhui, l’Afrique, mais aussi la communauté internationale, qui se sont investies en ressources humaines, matériellement et financièrement, pour assurer la paix, en vue d’une tenue normale des élections, sont suspendues aux actions et réactions de Kabila, mais particulièrement de Jean-Pierre Bemba. Va-t-il respecter la parole donnée, accepter les résultats des urnes ? Son parti, le Mouvement de libération du Congo (MLC), compte un nombre important de députés élus lors des législatives et des communales organisées cette année.

Cette absence à l’investiture de Kabila qui est sorti vainqueur à l’issue d’élections démocratiques, transparentes et équitables, de l’avis de tous les observateurs, est lourde de significations. Elle peut être interprétée dans un sens comme dans l’autre. Tout le monde sait que Bemba est un riche homme d’affaires. Les élections passées, va-t-il retourner à ses affaires ? Ou va-t-il jouer, comme il l’a laissé entendre, le rôle de l’opposant qui respecte les lois de la République ? Ou encore - et ce serait le comble - va-t-il prendre sur lui la responsabilité de replonger la République démocratique du Congo, un immense pays qui s’étend sur 2 345 000 kilomètres carrés, dans le chaos en reprenant le chemin du maquis ? Va-t-il se conduire en mauvais perdant ? Rien n’est moins sûr, car, là-bas, sous l’Equateur, ils sont nombreux les hommes qui croient à la logique des armes pour accéder au pouvoir. La région des Grands Lacs qui peut inclure la Centrafrique et le Tchad n’est-elle pas, de nos jours, la région la plus agitée du continent noir, suivie de la Corne de l’Afrique ?

On aimerait bien interpeller le vice-président Jean-Pierre Bemba et lui dire que les populations congolaises, qui ont été libérées en 1997 de la terrible dictature du maréchal Mobutu, qui ont été profondément éprouvées par une guerre civile de 1997 à 2001, ces populations qui viennent enfin de sortir d’une transition chaotique, aspirent à la paix et aux bienfaits du développement. Comme tous les peuples du monde, le peuple congolais veut la paix et la tranquillité pour se consacrer à l’immense oeuvre de reconstruction de son pays dévasté, pillé, dépécé et humilié par de longues années de non-droit. Des années de plomb.

Faut-il rappeler que la RDC, ce géant de l’Afrique centrale et des Grands Lacs, est malade, même très malade. Cet état explique la mobilisation de l’Union africaine, de l’Union européenne et de l’Organisation des Nations unies, en un mot, de la communauté internationale, depuis plusieurs années, à son chevet. Aussi, au moment où ce grand malade entame sa convalescence, ce sera un crime contre le peuple congolais et contre l’humanité tout entière que les ambitions d’un seul homme le précipitent de nouveau dans la tourmente.

Le président nouvellement investi de la République démocratique du Congo devrait méditer ces paroles de Motesquieu : "Tout homme qui a le pouvoir est porté à en abuser. Il faut que le pouvoir arrête le pouvoir." Kabila a déclaré dans son discours d’investiture que "la récréation est terminée". Le monde entier attend qu’il sonne la cloche et regroupe tous les Congolais sans exclusive dans la classe. Ce qui passe d’abord par la formation d’un gouvernement de large ouverture et de large consensus qui ne laisse aucun Congolais sur le quai.

Une seule voie s’offre à Jean-Pierre Bemba et à Joseph Kabila pour rentrer par la grande porte dans l’histoire du Congo : ils doivent mutualiser leurs efforts pour travailler l’un et l’autre pour la réconciliation et à la reconstruction de leur pays, le Congo.

Le Fou

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 9 décembre 2006 à 12:13 En réponse à : > RD Congo : Bemba, Kabila, l’Afrique vous regarde !

    Je ne vois vraiment pas pourquoi les uns et les autres s’inquietent de l’absence du perdant a ladite ceremonie. Il ne faut pas quand meme pas lui demander l’impossible. Je n’ai pas en memoire que des perdants a des elections presidentielles aient participe a de telles ceremonies, que ce soit en afrique , en europe ou en amerique.

    Mais bon , esperons que Bemba tiendra parole tout de meme !

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