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Commerce du bois de teck entre le Burkina et la Côte d’Ivoire : Fraude ou trafic légal ?

Publié le samedi 9 décembre 2006 à 08h42min

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Depuis quelques mois, un trafic important de bois de teck traverse le Burkina. D’où vient ce produit tant prisé par les industries des pays asiatiques, notamment l’Inde ? Quelles sont les conséquences de ce commerce sur l’environnement ? Les retombées financières sont-elles conséquentes pour l’économie nationale ? Ce sont autant de questions que suscite le phénomène à divers niveaux.

Par semaine, ce ne sont pas moins de 20 camions remorques qui transitent par le Burkina pour rejoindre les cales de navires ancrés aux ports de Téma au Ghana et de Lomé au Togo. Une remorque, c’est au moins 20 tonnes de bois, soit l’équivalent de 300 à 400 billes. Pour ceux qui le pratiquent, ce commerce est très juteux, bien qu’illicite sur les bords.

La bille est achetée presqu’à vil prix à des paysans pas très au fait du filon qu’exploitent leurs acheteurs. Ces derniers ne déboursent, en effet, que 1 000 F à 1 500 F CFA pour la bille qu’ils revendent très cher. En 2001, la valeur d’un m3 de teck était de 21 000 F CFA. De 2001 à 2006, à l’instar des autres denrées, le coût du teck a connu une hausse importante.

Mais, si le teck fait le bonheur de ces commerçants, son exploitation, si elle n’est pas suivie de mesures d’accompagnement tel le regarnissage, conduit à une catastrophe environnementale. Du reste, c’est pour éviter que le peu de surface de teck que notre sol abrite parte contre espèces sonnantes et trébuchantes que l’Etat burkinabè avait pris, en 2000-2001, un arrêté suspendant le commerce des bois de service et d’oeuvre, notamment le teck. Cette mesure de protection des maigres plantations de teck burkinabè est-elle seulement respectée par ces commerçants et exploitants qui pullulent surtout dans l’Ouest du Burkina ? Rien n’est moins sûr.

Certes, selon des transitaires, les tonnes de bois de teck qui traversent le Burkina dans des camions remorques, viendraient de la Côte d’Ivoire en quantité industrielle. Il entre par Niangologo au pays des Hommes intègres, peut-être illégalement, peut-être en toute légalité. Seuls les douaniers pourraient le dire. Une chose est certaine, la bête noire des camions transportant le bois de teck demeure les agents des Eaux et Forêts qui les traquent sans ménagement. Parfois sans gain de cause, car des interventions et pas des moindres, de même que les astuces des camionneurs font que la moisson est bien menue par rapport à la détermination des Soldats de la nature. Les Bérets verts ont encore du pain, pour ne pas dire du teck sur la planche.

Les témoignages recueillis font croire, malheureusement, que malgré la décision du gouvernement, l’exploitation du bois de teck est toujours d’actualité au Burkina. Sous le couvert des cargaisons qui arrivent de la Côte d’Ivoire, du teck serait embarqué dans la région de l’Ouest burkinabè. L’hypothèse est d’autant plus plausible vu qu’au niveau de la Douane, on remarque que certains poids déclarés à Niangologo sont bien inférieurs à ce qui est constaté par la suite. C’est dire que le teck de la région de Bobo Dioulasso est loin d’être épargné des prédateurs qui écument maintenant l’Afrique de l’Ouest, après leur passage dévastateur en Afrique centrale et ailleurs.

Il y a un effort à faire pour faire respecter la réglementation en la matière car la désertification n’a pas de frontières, tout comme ses effets ont une portée universelle.

Par Morin YAMONGBE

Le Pays

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