Joseph Ki-Zerbo s’en est donc allé. L’information a commencé à circuler dans la ville hier vers 10 heures sous forme de rumeur très vite confirmée et un tour à son domicile de Koulouba confirmait la nouvelle. Les voies d’accès étaient barricadées et la police nationale y montait la garde. De part et d’autre, les véhicules étaient stationnés et le monde convergeait vers la même porte.

Dans l’après-midi, la cour était prise d’assaut par des parents, amis et camarades de parti depuis le MLN de 1958 jusqu’au PDP/PS de 1996 en passant par la CNNPP/PSD de 1992 ; sans oublier ceux du Collectif de lutte contre l’impunité né aux lendemains du drame de Sapouy.

Parmi eux, l’on notait le président du "pays réel" Halidou Ouédraogo, qui depuis son retour de l’Hexagone pour des soins intensifs marche avec une béquille, Ali Lankoandé, le successeur du défunt à la tête du PDP/PS, les députés PDP/PS Hyacinthe Sandwidi et Etienne Traoré qui vient de prendre la place de l’illustre disparu à l’Assemblée nationale, le CDP Dieudonné Bonané Tall Moctar le directeur de l’ENAM, Chrysogone Zougmoré du MBDHP. Se défilé ininterrompu s’est poursuivi avec des personnalités aussi connues les unes que les autres à l’image de l’ancien président Saye Zerbo.

L’heure est à la présentation des condoléances à la famille notamment Jacqueline l’épouse du défunt et à sa fille Françoise, notaire de profession.

C’est d’ailleurs cette dernière qui se prêtera aux questions des journalistes en leur indiquant que le vieux a rendu l’âme aux environs de 6h. "Il était souffrant, dit-elle, comme le commun des mortels... Vous devez, vous les jeunes poursuivre le combat qu’il menait pour son pays et l’Afrique".

Etienne Traoré, qui n’a pas toujours été en bons termes le Pr Ki-Zerbo ces dernières années reconnaîtra que c’est un grand monument sur le plan intellectuel, l’un des premiers intellectuels de l’Afrique qui a gravi les échelons et a apporté un éclairage sur l’histoire du continent, un homme politique fidèle à lui-même...

Sentiment de tristesse pour Ali Lankoandé qui souligne toutefois qui au regard de tout ce que le défunt a fait pour le Burkina et l’Afrique, cette tristesse doit s’estomper.

"Nous devons être fiers et espérer que le germe qu’il a semé donne de beaux arbres" conclut-il. Pendant que les hommes de médias menaient leurs interviews, Halidou Ouédraogo exprime son désir de regagner son domicile.

On l’aide à se relever avec sa béquille et son chauffeur entre dans la cour pour positionner le véhicule. L’atmosphère est alourdie par le silence. Les regards se tournent vers lui et on lit sur les visages beaucoup de compassion.

Cet épisode passé, l’ambiance reprend dans la cour avec des va-et-vient incessants des membres de la famille et des ressortissants de Toma à Ouagadougou ainsi que des leaders politiques tels que Philippe Ouédraogo et Norbert Tiendrébéogo. Presque tous se dirigent d’abord vers Ali Lankoandé pour les accolades habituelles en attendant l’épouse Jacqueline qui sortait de temps à autre pour recevoir les condoléances des visiteurs.

Puis ils couchaient quelques mots sur le livre des condoléances à leur intention. Dans l’arrière-cour, des femmes bougeaient beaucoup certainement pour les préparatifs de la veillée de prière qui y est normalement tenue.

A l’heure où nous bouclions la présente édition, nous ne savions ni le jour, ni l’heure, ni le lieu de l’enterrement.

Adama Ouédraogo Damiss

L’observateur