LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

Yonli : La fin des illusions...

Publié le samedi 2 décembre 2006 à 08h56min

PARTAGER :                          

P. Ernest Yonli

Avons-nous eu tort d’avoir trop tôt annoncé ce qui semblait être une donnée acquise du congrès ? Certainement, puisque nous avons vraisemblablement fait flop ! Yonli n’est pas devenu le deuxième vice-président, que nous annoncions. Et pourtant il était promis à le devenir ! Qu’est-ce qui n’a pas marché à la dernière minute ?

Jusqu’à la veille du Congrès, il était convenu de créer trois vice-présidences. L’occupation de ces postes était, presque réglée. Yao Marc, anciennement secrétaire général devait occuper la troisième vice-présidence. Il restait la deuxième qui devait revenir à Yonli. Voilà ce que nous explique une source introduite et qui n’a pas l’habitude de faire dans la spéculation. Quand L’Evénement paraît le 10 novembre, un jour après l’ouverture du congrès, il crée "l’événement" et des pontes, nous interpellent immédiatement pour nous dire : " c’est vrai il veut ça.

Mais il n’aura rien..." Et de fait le processus de " containement" de Yonli a été mis en marche par deux redoutables pontes du CDP : Simon Compaoré et Salif Diallo. Tous les deux avaient de bonnes raisons de ne pas le voir émerger. Pour Salif Diallo, nous avons déjà évoqué dans ces colonnes, les raisons du divorce et de l’animosité qui président désormais aux relations entre les deux hommes. Mais qu’en est-il de Simon Compaoré ?

Pour comprendre ce qui peut motiver Simon Compaoré, il faut remonter aux péripéties qui ont entouré les municipales dernières. L’homme " court " de la mairie a ce vilain défaut qu’il est trop rancunier. Il faut se souvenir que les ABC de François Compaoré avaient voulu bouter hors de la capitale, Simon et toute sa clique de maires d’arrondissement. Les derniers meetings dans le vieux quartier de Bilbalgho avaient tourné en une sorte de lynchage politique de Simon et de ses hommes, en présence de François Compaoré. La politique de contournement du CDP par les ABC devait consister à faire main basse sur Ouagadougou.

Le porte-flambeau de ce courant est un certain Christophe Ilboudo, pressenti pour remplacer Simon à la mairie de Ouagadougou. L’ayant appris, le vieux lion " where there is a will, there is a way", s’est complètement déchaîné et a fini par écraser ses contempteurs, les obligeant à une sorte d’armistice où en bon prince, il a fait de son putatif remplaçant, son adjoint, pour mieux l’avoir à l’œil, et a reconduit tous ses lieutenants, même les plus décriés, à la tête des arrondissements.

Il faut savoir qu’il avait dans l’aventure un soutien de taille : un Salif Diallo qui faisait face, dans son fief aux mêmes défiances. C’est connu : "péril commun, pousse à la coalition" et les deux hommes, depuis semblent constituer un front commun contre le péril ABC. Il avait suffit d’une phrase de Salif Diallo disant "que le CDP n’avait pas encore secrété un camarade susceptible de remplacer Simon Compaoré à Ouagadougou, pour que toutes les velléités sur la mairie de Ouagadougou se taisent à jamais ".

Dans le cas de Yonli, devenu depuis un certain temps, l’homme de François Compaoré, où en tout cas perçu comme tel, Salif et Simon ne pouvaient que se coaliser. Et c’est ce qu’ils ont fait. Ce front commun contre les " ABC " n’a pas fait de cadeau à un Yonli perçu à tort ou à raison comme le cheval de Troyes d’un François Compaoré ou à tout le moins un Yonli suspecté pour ses "ambitions démesurées." De fait pour ceux qui ont bien observé, Yonli a été bien cerné durant le congrès.

On lui a même refusé la parole quand des questions étaient visiblement adressées au gouvernement. L’exemple le plus souvent évoqué, est cette question d’un militant de Solenzo qui voulait comprendre pourquoi la SONABEL est venue déposer des poteaux dans sa ville depuis longtemps et n’est plus revenue leur donner le courant tant attendu. Le Premier ministre aurait demandé en vain la parole. Le directoire des débats l’a ignoré royalement.

Dès lors, le sort de Yonli à la tête du gouvernement se trouve posé. Certes, cette décision est du ressort exclusif de Blaise Compaoré, mais comment ne pas se rappeler que c’est dans pareille situation que s’était retrouvé un certain Issouf Ouédraogo à la veille de son "décagnotage" du premier ministère. Le parti ne nomme pas, mais il n’est pas possible de gouverner durablement contre son gré. C’est pourquoi du reste, à l’occasion, nous avions posé la question à Paramanga de savoir s’il était facile d’être chef du gouvernement alors qu’on n’a pas le contrôle du parti.

Voici ce qu’il nous avait répondu : " sans être chef de parti, je suis l’incarnation de la volonté populaire de façon indirecte parce que la majorité au parlement résulte du choix du peuple (...) Actuellement, dans mon parti, je suis membre de l’organe suprême qui est le secrétariat exécutif central. En toute honnêteté, je n’ai pas rencontré un handicap pour conduire mon action du fait que je ne suis pas chef de parti ".

Jusque là donc, Yonli n’avait pas rencontré d’hostilité pour conduire son action. On ne peut pas dire que c’est encore le cas, au regard de l’atmosphère qui a prévalu au congrès. Le congrès est à peine terminé que Salif Diallo a accompagné le chef de l’Etat dans une longue visite d’Etat en Chine Taiwan. Depuis lors, les travaux du gouvernement sont aussi quelque peu en hibernation. On attend la reprise pour mieux se fixer sur la suite à donner à la nouvelle donne née du congrès

Newton Ahmed Barry


Congrès CDP : On a beaucoup "paglé" mais la démocratie attend toujours

Pas moins de trois mille militants conviés à un débat géant, dans une maison du peuple transformée en une agora dantesque l’espace d’un week-end. Des militants qui se sont parfois abandonnés à des rêves candides et bruyants, où par moments l’atmosphère était sulfureuse sans toutefois connaître de débordements. Il est vrai que les débats étaient étroitement encadrés par les bonzes du parti.

Si le IIIè congrès du CDP n’est pas le congrès de la rupture, il apparaît toutefois comme celui du recentrage idéologique.

Simon Compaoré l’édile de la capitale, fraîchement porté à la tête du secrétariat général du CDP l’a bien dit à la conférence de clôture : "les militants ont parlé et croyez-moi avait-il déclaré, ils ne nous ont pas fait de cadeaux".

De fait, les jeunes militants cédépistes ont revendiqué haut et fort leur place dans le parti. Et ils l’ont fait de façon particulièrement polémique contre les bonzes du parti omniprésents au sommet de la hiérarchie. A bien voir, le parti reste encadré par les militants historiques. Ce sont eux qui occupent les devants de la scène politique depuis deux décennies. Ils entretiennent parfois un clientélisme qui peut certes leur profiter sur un plan personnel, mais vu sous l’angle de l’intérêt partisan, il est totalement contre-productif.

La grogne des jeunes sur ce plan a eu le mérite de poser un problème réel même si au passage cela a pu écorcher l’égo de quelques uns. Du reste, cette question est allée de pair avec celle portant sur la promotion des militants du parti. Depuis la déconnexion des structures politiques de celles de l’Etat, le militantisme politique est devenu théoriquement bénévole. Le CDP aux affaires n’oublie certes pas ses militants, mais il ne doit pas aussi ignorer le caractère républicain de l’Etat devant lequel tous les citoyens sont censés être égaux.

Apparemment, les choses ne se passent pas dans le sens souhaité par certains militants du CDP qui souhaiteraient que le parti pousse un peu plus ses pions au niveau de l’administration publique. En clair, il faut plus de postes de responsabilité aux militants CDP. Mais doit-on aller dans le sens de certains qui estiment que les postes au niveau des plus hautes responsabilités de l’Etat doivent revenir aux militants CDP ? Les militants CDP qui ont lancé le débat dans la presse à la veille du congrès ont trouvé leur contradicteur en la personne de Juliette Bonkoungou.

A ceux qui préconisent désormais la nomination de "politiques" aux postes de ministres et qui veulent voir à tous les postes importants des militants CDP, la dame Bonkoungou répond que ce n’est pas une bonne idée. C’est en effet une revendication qui a l’inconvénient de gêner le chef de l’Etat à qui la constitution reconnaît le pouvoir de nomination aux hautes fonctions de l’Etat et qui fait de lui le président non pas du CDP mais de tous les Burkinabè. Ce débat a permis de revenir à une position plus équilibrée où la promotion des militants CDP n’exclut pas celle des autres Burkinabè.

Le débat sur la promotion interne au parti s’est focalisé sur la question des " parachutages ". Il s’agit de ces militants qui gagnent du galon non pas en faisant leur preuve sur le terrain, mais essentiellement grâce à leurs relations avec des responsables au sommet. On les appelle les " parachutés ". Le souhait généralement exprimé, c’est de tenir compte du mérite et cela pense t-on se juge à l’activité militante de chacun sur le terrain. Reste à savoir qui juge et sur quels critères ? Et c’est là que peuvent naître les incompréhensions. Il est vrai que la question de la promotion en général intéresse tous les partis, que ce soit au sein ou en dehors du parti, mais la question qui se pose est celle de savoir tenir le juste équilibre qui intègre les principes républicains.

Retrouver la discipline perdue

Tous les partis connaissent d’importantes convulsions dans les périodes électorales. La gestion des ambitions est un problème très délicat et on le voit aujourd’hui dans des formations que l’on imaginait à l’abri de cette maladie. Au CDP, les choses prennent des proportions exceptionnelles et épiques en raison à la fois de son gigantisme et du fait qu’il s’agit d’un parti au pouvoir.

On a assisté ici et là à des rebellions à propos des listes de candidatures, ce qui a amené la direction du parti à sortir une directive incitant à des sanctions conservatoires allant s’il le faut jusqu’à des radiations. Mais au CDP, les choses ne sont jamais simples. La directive qui devait clarifier des situations a plutôt semé la confusion ici et là, donnant l’impression qu’il y a des militants intouchables. Cependant, là où les choses ont semblé compliquées, le travail de la commission de contrôle interne a permis de mieux

cibler les sanctions avec pour souci de préserver l’unité du parti. L’objectif cependant était de ne laisser nulle part aucun cas d’impunité. Aussi, les structures qui sont en retard sur la directive ont été instruites pour poursuivre le processus de prise de sanction. Mais le problème au CDP c’est que chacun cultive ses ambitions et ne veut en aucun cas faire de concession là-dessus. Alors, pour les prochaines législatives, on semble avoir trouvé la formule magique.

Chaque prétendant à la candidature pourra faire acte en payant une fiche dite de candidature à 50 000F. Comme c’est une somme qu’on doit payer sans être sûr d’être retenu, nul doute que certains réfléchiront avant de s’engager dans l’aventure. Les responsables de la structure d’origine du candidat pourront faire des annotations sur la fiche, mais ils n’ont pas d’autre choix que de l’acheminer au BEN, seul habilité à arrêter la liste définitive.

On imagine que les critères de sélection répondront à des intérêts à la fois locaux et nationaux, toutes choses susceptibles de conférer une vraie crédibilité au choix du candidat. En choisissant ce procédé, la direction du CDP ouvre véritablement la compétition. Elle n’est plus enfermée dans la logique des structures locales du parti aux pratiques démocratiques souvent douteuses ni dans le piège des agitateurs mécontents, grands champions de la désinformation. Il reste que Roch et ses proches collaborateurs doivent faire la preuve qu’ils sont au-dessus de tout soupçon.

Le CDP triomphant rejette désormais les alliances

Ce n’est pas encore la ligne officielle du parti, mais le discours de Salif Diallo à l’ouverture du congrès en a donné le ton : "Vous avez tous été témoins de cette race nouvelle de politiciens qui, pressentant l’inéluctabilité de la victoire, portée par un candidat au dessus de la mêlée, ont perdu toute âme et statut, pour clamer au peuple majeur du Burkina "qu’ils sont les fantassins aux ordres du général, mais qu’ils ne reconnaissent pas son armée face à laquelle ils ont connu la déroute.

D’autres se croyant plus malins, ont conservé tee-shirts et autres pagnes de la campagne présidentielle dans le but avoué de déstabiliser notre parti au cours des municipales. Mais ce qu’ils ont ignoré, c’est que le CDP c’est d’abord un programme et ensuite une organisation dont les structures de haut en bas fonctionnent sur des principes et des stratégies dynamiques". Tout est dit. L’alliance avec les mouvanciers n’a rien donné. Entre les 80% des présidentielles et les presque 73% aux municipales, les analystes du CDP concèdent dans l’hypothèse la plus optimiste moins de 8% au soutien des mouvanciers.

Alors, les militants CDP leur en voulaient particulièrement, eux qui se sont comportés ici et là non pas en alliés mais en adversaires forcenés. Ils ont exprimé leur hargne avec une telle virulence qu’il faut croire qu’à leurs yeux la mouvance s’est muée en véritable opposition au CDP. Mais à la vérité, une chose est de critiquer l’attitude inamicale des partis de la mouvance, autre chose est de donner l’impression que le CDP se suffit à lui-même. Un parti qui a de la vision ne peut récuser par principe les alliances entre partis. Surtout pas le CDP, un parti au pouvoir dont la gestion de l’Etat est particulièrement calamiteuse en matière de droits humains. Il suffit d’un rien pour que les choses se compliquent !

Au total, le IIIè congrès a été une occasion où les militants se sont exprimés sur leurs préoccupations : l’alternance dans le parti, la question plus générale de la promotion des cadres, le bilan des élections et la question des alliances. Mais les discussions se sont déroulées dans une ambiance de division au sommet. Entre le tandem Salif-Simon et le Premier ministre Paramanga, les militants ont pu voir en direct certains signes qui ne trompent pas. Le Premier ministre a été systématiquement bâillonné, même quand le bon sens commandait qu’on lui donne la parole afin qu’il s’explique sur certains aspects de la politique de son gouvernement mis en cause par des militants.

Une attitude qui lève le voile sur la persistance de certaines méthodes antidémocratiques, voire terroristes au sein du CDP. Visiblement, le CDP est encore en retard d’une révolution démocratique. On peut le voir à travers son mode opaque de désignation de ses plus hauts responsables. On s’interroge sur la nature de l’instance de cooptation des membres du BEN, une instance assurément non statutaire !

Quand certains anciens membres du BEN comme Maurice Mélégué Traoré et Christophe Dabiré sont appelés par d’autres dont on se demande par qui ils ont été légitimés, pour leur signifier qu’ils ne feront pas partie du nouveau bureau, et cela à quelques minutes de l’ouverture de la dernière plénière où le nouveau BEN est censé être élu par les congressistes, il y a des questions à se poser sur le fonctionnement démocratique du CDP. La pratique, il est vrai n’est pas un monopole du CDP, mais c’est un vrai problème démocratique qui se pose à nos partis !

Le IIIè congrès aura connu sous l’impulsion du tandem Salif-Simon, un recentrage idéologique à coloration populiste. Reste à savoir s’il s’agit d’une option stratégique qui s’inscrit dans la durée où d’une simple manœuvre politicienne pour contrôler l’appareil du parti. Si manœuvre il y a eu, Paramanga Ernest Yonli et Mélégué Maurice Traoré paraissent pour le moment les toutes premières victimes. L’avenir nous dira jusqu’où cela peut conduire !

Par Germain B. Nama


Retour aux valeurs du parti ?

Sans rien y toucher, le congrès dernier du CDP laisse entrevoir une évolution dans la vie du parti. Ce n’est pas encore une place nette aux structures, mais c’est tout de même une nette impression de laisser faire...

Où est passé Blaise Compaoré, à l’occasion de ce congrès ? Il était évidemment présent à travers des aménagements structurels qui ont abouti, par exemple à l’instauration, pour la première fois, de nouvelles instances dans l’organigramme du parti. Notamment, ceux qui sont introduits croient voir sa main dans l’institution du Secrétariat à la Défense et à la sécurité et la nomination de son directeur de cabinet Assimi Kouanda.

Une innovation institutionnelle et une nomination qui ne sont pas loin de ressembler à un marquage de territoire. Une façon de dire " je vous laisse tout. Mais ne touchez pas à la Défense et à la Sécurité ". De fait, il n’y a pas un autre acte significatif, dans le déroulement de ce congrès, qui porterait sa marque.

Pour le reste, il semble plutôt que c’est le duo " Simon/Salif " qui a mené les choses à la baguette. On raconte cette anecdote, d’un militant de Solenzo qui a posé une question qui interpelle directement le gouvernement et à laquelle le Premier ministre Yonli a voulu répondre. Seulement le directoire des débats, l’aurait ignoré courtoisement, mais fermement. On peut sans risque de se tromper dire que les choses ont été faites de sorte à tenir Yonli en laisse.

Fondamentalement, comme le laissait entrevoir, le pamphlet publié la veille du congrès, dans les quotidiens de la place, c’était " honneur aux militants " sous la houlette des plus intrépides d’entre eux. Quand on parle de valoriser le militantisme dans un parti comme le CDP, un parti fait de briques et de broques, la stigmatisation n’est jamais loin.

Ce qui rend du même coup l’exercice très difficile et certains ne sont pas loin de croire que ce sont eux qui sont mis à l’index. Juliette Bonkongou, l’égérie du CDP, mais qui n’est pas issue de la branche originelle ODP/MT, n’a pas manqué de s’insurger contre " le tout militant " qui devrait régir désormais la vie du parti. Devant cette fronde déterminée, le présidium a dû repréciser son idée qui ne signifierait pas " l’autarcie totale ".

Une pirouette complaisante, qui n’a pas empêché de poser des actes qui scellent ouvertement la nouvelle orientation du parti. Le fait de récompenser publiquement les militants les plus méritants et de sanctionner " publiquement " les moins méritants ne veut rien dire d’autre, qu’une prime au militantisme. A moins qu’il ne s’agisse là d’une distinction à la Méka, le héro " Du vieux nègre et la médaille ", de l’excellent romancier camerounais Ferdinand Oyono.

De toute façon, les réclamations qui se drapent du militantisme souhaitent être récompensées autrement, en postes "juteux" dans l’administration, qu’en parchemins " foireux ". Comme disent nos cousins ivoiriens "papier remplit pas ventre ".

Blaise en retrait...

Le scénario qui s’est imposé au chef de l’Etat au lendemain de la présidentielle de novembre 2005, semble se poursuivre. Devant les courants qui se crêpent, il ne semble pas décidé ou pressé de prendre partie. Est-ce une situation feinte ? Ou une option d’une personne qui sait qu’il est temps de laisser se préparer sa succession. Car de la succession de Blaise Compaoré tout le monde y pense mais personne n’ose en parler. Personne ? Pas exactement.

Puisque Paramanga Yonli a fait l’exception, en déclarant son intention d’être un jour Calife. Une profession qui ne semble pas lui avoir porté bonheur. Parce que tout apparatchick, qu’il croit être, il a oublié qu’il y a des règles non écrites dans le régime, qu’il vaut mieux ne pas transgresser. Au congrès on le lui a rappelé sans ménagement, en veillant à ce qu’il ne franchisse pas le seuil des vices présidents. Une promotion dans le parti, qui l’aurait mis en situation d’être le moment venu un putatif prétendant à la candidature.

C’est ce qu’il avait dit par anticipation dans cette déclaration désormais célèbre : " Président, c’est la fonction qui permet un maximum de changement. Je suis membre du plus important organe de direction du CDP, depuis sa création (...) Qu’un jour mon parti me propose d’être candidat à la candidature n’étonnerait personne, je crois ". Cette prémonition aurait connu un début de réalisation, si la promotion annoncée s’était réalisée à ce congrès. Or sans porter de gangs, les " éléphants " du CDP lui ont barré la route. Il peut se consoler de demeurer dans le bureau politique, mais très loin dernière les convoitées places de vice président.

A moins d’avoir la baraka d’une Ségolène Royal, Yonli a désormais peu de chance d’être un jour celui que " son parti va proposer d’être candidat à la candidature ".
Il ne semble pas non plus que le président Blaise Compaoré ait fait quelque chose, pour lui épargner d’être ainsi " bouffé ". Dans une situation aussi inconfortable, on peut se demander comment il pourra continuer à diriger le gouvernement.

S’il devait rester, il trouvera certainement les cinq mois qui nous séparent des législatives extrêmement long...Sauf si Blaise Compaoré décide autrement.
Le sentiment clair qui se dégage au sortir de ce congrès, c’est tout de même que pour la première fois, l’après Blaise Compaoré est envisagé.

Le présent bureau du CDP devrait être celui-là même qui sera en place au moment du renouvellement du présent quinquennat du chef de l’Etat. Mais d’ici là, il y aura l’épreuve des députations dans quelques mois et la bataille pour occuper le strapontin de président de l’Assemblée nationale. Cette institution est désormais considérée comme très stratégique, dans la vie politique du pays. Son occupant est légalement un dauphin du président.

Jusque là en raison de cette disposition constitutionnelle, c’est le président Blaise Compaoré lui-même qui choisissait celui qui doit occuper le poste de président de l’Assemblée nationale. Depuis 2002, il a perdu la maîtrise partielle de cette prérogative. Va-t-il en 2007 s’en défaire totalement ? On le verra bien

Par Newton Ahmed Barry

L’Evénement

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique