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Maï Lingani, musicienne : “La fusion pour la mondialisation musicale”

Publié le lundi 29 janvier 2007 à 07h33min

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Maï Lingani

C’est un jour de l’an 1998, que Maï LINGANI a été révélée au public burkinabé grâce à son premier opus de la chanson moderne remporté à Fada N’Gourma. On découvrait sa silhouette svelte, son timbre d’acier qui martèle le moré et le dioula dans la chanson de telle sorte qu’on peut croire que c’est du créole.

Avec son prix en poche, Maï LINGANI a continué à forger son talent qui a finalement attiré un producteur décidé à faire ? elle une grande vedette de la chanson non dans l’air du temps actuel qui est au « coupé-décalé » mais dans la musique Folk-Roch que Maï appelle affectueusement « la musique de fusion ». Une fusion qui emprunte à l’Europe, l’Amérique et l’Afrique. Ce qui a donné à l’artiste son premier opus « Burkina Electric ». Découvrons Maï LINGANI qui promet d’électriser les Burkinabé.

Comment es-tu venue à la musique ?

Maï LINGANI (M.L) : Mes débuts dans la musique remontent à mon enfance. A l’école j’étais toujours intéressée par les activités culturelles. C’est en 1994 que j’ai pris la décision de m’engager entièrement dans la musique, d’en faire ma profession.

Qui sont les chanteurs que vous aviez comme idoles ?

M.L : Tout de suite, je dis Angélique Kidjo, mais au tout début j’avais comme idoles Nana Mouskoury, Mireille Mathieu, Francis Cabrel. J’aimais bien chanter le morceau « Adieu Angélina ».

Quelle a été votre première chanson devant un public ?

M.L : « On ne vit pas sans se dire adieu », c’était à l’occasion d’un bal de fin d’année de notre école. Mes camarades m’ont demandé de faire un cappella pour ouvrir le bal.

Comment le public a-t-il réagi ?

M.L : Mes camarades étaient émerveillés et ils ont beaucoup applaudi en m’encourageant de continuer dans la musique.

Peut-on dire que votre point de départ est le prix obtenu en 1998 en vedette de la chanson moderne du ministère des Arts et de la Culture ?

M.L : Il faut dire que j’ai d’abord évolué en Côte d’Ivoire où j’étais dans un groupe qui avait son mot à dire ; on a fait l’émission podium à l’époque le prix obtenu en 1998 marque mon point de départ au Burkina. Et depuis lors je me bats pour avoir une place au soleil. Dieu merci, j’ai eu la chance de me faire remarquer par des artistes américains et depuis 2001 je pars souvent aux Etats-Unis pour consolider ma formation musicale. A travers cette collaboration, j’ai connu beaucoup d’artistes américains.

Michaël Jackson fait partie du lot ?

M.L : ( rires) Que Dieu t’entende. Je n’ai pas eu la chance de rencontrer Michaël Jackson mais j’ai rencontré Lauren Hill une grande artiste américaine, j’ai pu rencontrer Angélique Kidjo et beaucoup d’autres artistes qui ne sont pas connus ici au Faso. Dans mes relations, il y a le pianiste du fameux groupe Steel Pulse nous avons un projet à réaliser.

Est-ce la collaboration avec les artistes américains qui a donné « Burkina électric » ?

M.L : Oui, c’est une grande collaboration entre artistes de divers horizons, il y a l’Europe, les Etats-Unis et l’Afrique, qui forment « Burkina électric ».

Est-ce que tu entends travailler aussi avec la Sonabel pour nous rendre l’électricité moins chère ?

M.L : (rires) C’est une coïncidence et je souhaite que le coût de l’électricité baisse. Pour parler du titre de l’album, il faut dire que c’est le fruit d’un travail en commun. Je suis du Burkina, il y a deux danseurs et un guitariste qui viennent aussi du Burkina, les autres sont Européens et Américains.

Dans la musique aujourd’hui, la technologie intervient beaucoup et c’est la fusion de l’électronique avec le traditionnel du Faso que le mot « Electric » est sorti. Les Burkinabé ont donné le nom du pays « Burkina » les autres ont donné « Electric ». Ça fait donc « Burkina électric ».

En suivant vos explications ça fait plus « électronique » qu’électrique ?

M.L : (rires) Electronique, électrique, technologique tout cela va ensemble. On ne peut exclure l’un quand on parle de l’autre. Les machines ont une grande part dans la conception de la musique en Occident, en Afrique on a toujours les instruments traditionnels et lorsqu’on mélange les deux ça donne « Burkina électric » pour montrer que c’est une musique chaude.

Maï Lingani parle comme elle chante, es-tu d’accord ?

M.L : Ah ! tu l’as constaté aussi ? ( rires) Merci

Est-ce un effort que tu fais pour réussir cela ?

M.L : C’est tout simplement naturel. Je ne fais aucun effort, quand je parle, on reconnaît que c’est moi qui chante, même dans l’obscurité quand je parle, on sait que Maï est là. Je ne sais pas pourquoi mais c’est comme cela.

On a l’impression que tu coinces la langue contre le palais en serrant les dents, qu’en dis-tu ?

M.L : Non, c’est ma façon de parler. J’ai toujours parlé de la sorte, voilà, elle vous plait pas ma façon de parler ?

Pas de problème. Avant « Burkina électric » tu menais une lutte contre le mariage forcé, l’as-tu abandonnée ?

M.L : Non je continue la lutte tant que le mal existera, tant qu’on forcera les filles à épouser quelqu’un qu’elles n’aiment pas. Le mariage est une question de cœur, d’amour. On ne doit donc pas forcer quelqu’un à le faire.

Une de tes chansons dénonçait les fausses promesses, est-ce une histoire vécue par toi-même ?

M.L : Les « fausseurs de promesses » (rires) les artistes sont des acteurs, on essaie de se mettre dans la peau d’une personne ordinaire pour raconter haut et fort sa vie. Ce n’est pas forcément ce que l’artiste vit qu’il chante, il est le témoin de son temps. L’artiste dénonce ce qui ne va pas mais aussi encourage ce qui est bon.

Chaque fois dans les avions, absorbée par la musique, quel temps te reste pour la vie d’une femme normale ?

M.L : Je suis une femme normale, je fais la cuisine. Je suis une fille-mère, femme africaine à la cuisine, au ménage. Je fais très bien les plats africains comme le tô que j’aime beaucoup. Je pile le foutou, je fais le « dêguè ». Pour le ventre on a toujours le temps.

Comment fait l’autre puisque tu n’es jamais là ?

M.L : Quel autre ?

Je veux dire « Monsieur »

M.L : C’est vrai, j’ai quelqu’un dans ma vie et je n’en dis pas plus.

Il est Blanc ou Noir ?

M.L : Ça reste discret. La cuisine n’est pas un problème clé dans notre vie.

Que veux-tu que les Burkinabé gardent de ton album « Burkina électric » ?

M.L : En bas de tout cela, je vois une ouverture d’esprit, un monde qui se développe, la musique sans frontière. Je vois aussi les Burkinabé qui connaissent la musique et aiment pousser les artistes à toujours aller de l’avant.

Penses-tu avoir suffisamment de force pour bousculer les choses dans cette mouvance « coupé décalé » ?

M.L : Seul le travail paie. Je travaille dur pour toujours améliorer mon genre musical.

Pourquoi n’as-tu pas pris le train du « coupé-décalé » comme beaucoup d’autres ?

M.L : J’ai choisi de faire la musique de fusion et je respecte ceux qui font le coupé-décalé. La beauté de la vie musicale est liée au fait qu’il y a différents styles.

« Burkina électric » aborde t-il un thème politique ?

M .L : Je ne suis pas politique. Je chante l’amour, la réconciliation, la paix, je rends hommage aux braves paysans, je chante contre la maladie. En un mot, les réalités quotidiennes. Je dénonce, je dévoile et je défends.

Il n’y a pas un programme politique qui dépasse cela ?

M.L : Si vous voulez je suis musicalement politisée. Mais la politique politicienne ne m’intéresse pas. Pour moi l’important est qu’il y ait la paix et beaucoup d’amour entre les hommes.

L’Opinion

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