LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Nous sommes lents à croire ce qui fait mаl à сrοirе. ” Ovide

Opération billetage à Ouaga : Des fonctionnaires racontent leurs misères

Publié le jeudi 30 novembre 2006 à 06h51min

PARTAGER :                          

L’opération billetage lancée le 24 novembre dernier par le ministère des Finances et du Budget et qui concerne les agents des ministères de la Santé, de l’Enseignement de Base, et des Enseignements secondaire, supérieur et de la Recherche scientifique, se poursuit sur le terrain. A Ouagadougou, nous sommes allés à la rencontre des intéressés qui de façon générale disent apprécier l’initiative, mais se plaignent des conditions de sa mise en oeuvre.

King Gervais E. Dabiré, agent de santé - Hôpital Yalgado : "Bienvenue mais mal organisée"

L’opération billetage est une bonne chose parce qu’elle permet de détecter les faussaires et de régler les problèmes des fonctionnaires qui se trouvent dans les situations irrégulières. Pour ce qui me concerne, j’espère que mon problème sera résolu. Je ne perçois pas normalement mon salaire. Mais cette opération billetage est mal organisée. Hier, j’ai fait un rang de 7h à 17h avec des fiches remplies pour m’entendre ensuite dire que les fiches sont mal remplies et que je devais par conséquent recommencer.

C’est la première fois de ma carrière que je souffre pour avoir mon salaire. Ce billetage est le bienvenu mais il est mal organisé. Si je dois tant souffrir pour avoir mon salaire, c’est vraiment triste. Imaginez que le personnel d’un service comme l’hôpital se retrouve au billetage le même jour. Il sera fermé. Et que deviendront les malades ?

Pascaline Dankoandé, agent infirmerie de BUMIGEB : "Trop de protocole"

Personnellement je n’ai pas trop eu de problème par rapport à cette opération billetage, mais ça n’a pas été du tout facile pour ceux qui m’ont précédé, du moins à les entendre. J’ai appris par exemple que les gens ont commencé hier à 11h dans notre centre, au lieu de 8h comme cela était prévu. Il paraît même qu’il y a eu rupture de sous à un moment donné et ils étaient obligés de repartir au Trésor pour rechercher de la liquidité. Mais ce matin, moi je n’ai pas eu trop de problème. Je suis venue à 6h m’inscrire et je viens d’avoir mon salaire (NDLR : il était 9h30). L’initiative est bonne, mais il y a trop de protocole. D’habitude, on va en banque, on s’aligne au bout d’une heure, on a son salaire et on repart à la maison.

Jean Gustave Kima, CSPS - Wemtenga : "Ça va dans l’ensemble"

Je pense que l’opération billetage est une bonne initiative, puisqu’ils veulent contrôler les dépenses de l’Etat en matière de salaires. Il y a des désagréments, certes, mais ça va dans l’ensemble.

Lassané Kaboré, Enseignant d’EPS : "Mal organisé"

L’opération billetage a été mal organisée. Moi je suis au Sud-ouest, mon bulletin de paie à Ouaga. Je viens ici pour toucher, on me dit d’aller à Pô, alors que je n’ai jamais demandé d’expédier mon bulletin dans cette ville. Il me faut repartir à Gaoua pour les papiers et revenir pour continuer à Pô. Vous voyez bien que c’est mal organisé.

Nicolas Yago, Intendant universitaire : "C’est une bonne chose mais..."

L’opération billetage est une bonne chose, en ce sens qu’elle permet, d’une part, de vérifier effectivement les éléments de rémunération des agents et, d’autre part, de contrôler et maîtriser la masse salariale. Mais le mauvais côté, c’est le déplacement que les agents sont obligés d’effectuer. Moi je suis de l’ENEP de Ouahigouya et je viens jusqu’à Léo pour toucher. Tout mon salaire va rester sur la route. Cela sans compter les dangers que les gens courent en effectuant de tels déplacements. Lorsqu’ils affectent les gens, ils devraient à mon sens songer à amener les bulletins des agents sur place.

Abdoulaye Traoré, attaché d’administration universitaire : "L’organisation a failli"

L’opération est une bonne initiative car elle permet de déceler les irrégularités sur les bulletins des uns et des autres. Mais il faut reconnaître que ça a été très mal organisé. Il faut avoir le courage de le dire, parce qu’il y a des gens qui quittent l’Est pour l’Ouest, mais qui en fin de compte ne sont pas satisfaits. Cela pose des problèmes énormes aux agents. L’organisation a failli, sinon c’est une très bonne chose.

Moussa Dermé, infirmier breveté à Yako : "C’est lent"

L’opération billetage est conçue pour déceler les irrégularités par rapport aux indemnités et autres. Le problème, c’est qu’il y a un seul billeteur qui est là et c’est lent. Nous sommes là depuis 6 heures, et on attend toujours de toucher notre salaire.

Richard Kiéma, infirmier diplômé d’Etat, ENSP : "Beaucoup de désagréments"

L’opération est la bienvenue parce qu’elle permet d’assainir les finances publiques. Mais il y a beaucoup de désagréments : il faut s’aligner pendant toute la journée.

Dr Issouf Kienthéga, pharmacien hémobiologiste : "Il fallait commencer plus tôt"

Si c’est pour assainir les finances du pays, c’est tant mieux. Mais on aurait mieux fait de commencer plus tôt pour que tout le monde ait son salaire à la fin. Apparemment, certains ne l’auront que vers le 8 décembre et cela va pénaliser beaucoup de gens. Je suis là depuis 7h 30 et j’espère avoir gain de cause au bout de deux heures.

Mme Safi Sawadogo, en service au CSPS du secteur 25 : "Pas de problème"

C’est une bonne opération qui aide à retrouver les agents de l’Etat dans les services. A mon niveau, il n’y a pas de problème. Mais, beaucoup de gens se plaignent de la lenteur.

Tenga Sawadogo, Enseignant à Barsalogho : "Bonne initiative de l’Etat"

Je trouve que c’est une bonne initiative. Il y a des gens qui perçoivent de l’argent indûment, ce qui est préjudiciable à l’Etat. Cela lui permettra ensuite de pouvoir régler les problèmes d’avancement d’autres fonctionnaires.

Angeline Da/Naaba, Enseignante à Banfora : "Très mal organisée"
Je suis à Banfora et je suis venue à Ouaga pour toucher mon salaire. Tout mon argent est resté dans le transport (6 000 F CFA pour l’aller simple) En tout, je ne suis pas contente du tout parce que c’est très mal organisé.

Propos recueillis pas Grégoire B.BAZIE et D.Parfait SILGA

Le Pays

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Burkina : Une économie en hausse en février 2024 (Rapport)