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Election présidentielle en France : Vers une nouvelle forme de coopération France-Afrique

Publié le mercredi 29 novembre 2006 à 07h43min

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Royal et Sarkozy

L’élection présidentielle en France annonce un face à face Ségolène Royal pour la gauche et Nicolas Sarkozy pour la droite. Cette campagne s’annonce rude. Au vu de la jeunesse et des projets des deux candidats, côté anciennes colonies françaises, il faudra s’attendre d’ores et déjà à une nouvelle forme de relations France-Afrique.

Si 1789 reste une des dates les plus importantes de l’histoire de la France, 2007 risque fort bien de porter le même symbole. A en croire les sondages, la socialiste Ségolène Royal sera la première femme présidente de la France avec 51% contre 49% pour le républicain Nicolas Sarkozy. En tous les cas, les choses semblent bien parties pour Ségolène. Elle a été investie lundi 27 novembre 2006 comme candidate du Parti socialiste à la course de la présidentielle suite à une brillante victoire 60,65% face à Dominique Strauss Kahn et Laurent Fabius qui n’ont eu a eux deux que 39,35% des voix.

Les socialistes comptent désormais sur Ségolène Royal pour revenir au pouvoir après (douze) 12 ans de présidence de Jacques Chirac. Mme Royal a déclaré que la France a besoin d’idées neuves. C’est pourquoi elle invite les Français à faire connaître leurs préoccupations. Elle a par ailleurs demandé aux cadres socialistes de lancer partout le débat sur quatre thèmes : l’accès au premier emploi, la lutte contre toutes les formes de violence, la vie chère et l’excellence environnementale.

Ainsi Ségolène veut une démocratie participative de la nation et le refus d’aligner la France sur les pays où « les marchés règnent sans entraves ».

Pour remporter l’élection, Ségolène compte d’abord sur son charisme et le mouvement d’adhésion qu’elle provoque, un « phénomène qu’elle sait à la fois puissant et fragile ». Cela s’explique. Puissant parce que Strauss Kahn et Fabius en ont empathie.

Fragile puisque, Nicolas Sarkozy, probable candidat de la droite n’entend pas se laisser battre avec la même « arme » qu’il utilise pour séduire les Français.

C’est pourquoi, il s’est empressé au lendemain du choix de Ségolène par les socialistes de déplorer l’absence de propositions concrètes aux français de la part de la plébiscitée de la gauche.

Rassuré qu’il sera le candidat choisi par l’UMP, Sarkozy sait qu’il a perdu du terrain au plan national. Sa gestion du ministère de l’Intérieur lui a fait perdre la côte. Il a traité certains jeunes de la banlieue de « racaille » tandis que Ségolène promet de tout mettre en œuvre pour les couches défavorisées. Mais elle n’est pas revenue sur sa proposition de formation militaire pour les jeunes recidivistes des banlieux.

Par ailleurs, Nicolas Sarkozy bien que fils d’immigré a parfois fait la course aux immigrants soulignant que la France ne peut accueillir tout le monde. Sa vision utopiste de l’immigration choisie mal perçue, lui a valu des critiques.

Alors, il a tenté de se refaire une autre « santé » avec l’immigration concertée. Pendant ce temps, Ségolène a fait lors de son investiture l’éloge d’une « France qui se reconnaisse dans la diversité de ses talents et de ses origines ».

La native de Dakar, elle, refute l’immigration choisie parce qu’elle ne veut pas un pillage des cerveaux après un pillage des matières premières en Afrique. Sarkozy a aussi attiré le courroux des magistrats lorsqu’il a parfois contesté leur verdict et les a traités de laxistes. Comme pour répondre à Sarkozy, Ségolène a parlé le 27 novembre dernier « d’autorité juste, de progrès pour tous et le respect pour chacun ». Décidément Ségolène adopte la même stratégie que Sarkozy à l’UMP. Ce dernier a pris une longueur d’avance sur les autres prétendants de la droite en exploitant leurs failles, et en les obligeant à parler de lui, à critiquer ses choix, ses méthodes. Cette fois c’est lui qui court après Ségolène qu’il a du mal à cerner.

Cette dame à plus d’un tour dans son sac. Elle se contente d’annoncer des grands axes de son projet. La candidate a par exemple promis de remettre le progrès social « au cœur » de toutes les décisions politiques. Elle a aussi assuré de placer l’éducation « au cœur » de tout.

Pour avoir l’adhésion des françaises, elle a annoncé qu’une fois présidente, sa première loi serait consacrée à la lutte contre les violences faites aux femmes. Toutefois Ségolène ne rentre pas dans les détails en démontrant la stratégie de mise en œuvre de son programme et son efficacité en terme de résultat escompté comme le font de nombreux politiciens.

Rude course à l’Elysée

C’est ce qui dérange beaucoup et en particulier les Sarkozystes qui voient la montée en puissance de Ségolène et sa probable victoire.

Mais rien n’est encore joué car Sarkozy sait rebondir. N’est-ce pas que son soutien à Edward Balladur lui a valu des coups ? En effet suite à la victoire de M. Jacques Chirac sur Balladur, l’échec « Balladurien » a valu a Sarkozy, la perte de la confiance de l’entourage du nouveau président. Alain Juppé stigmatisera la gestion budgétaire du ministre du Budget sous Balladur qui n’est personne d’autre que Sarkozy. Au cours d’un bref passage à une réunion nationale du RPR le 15 octobre 1995, Sarkozy est sifflé. Mais l’homme a su rebondir et se positionner.

C’est dire que la course à l’Elysée entre Ségolène et Sarkozy ne sera pas de tout repos ni pour l’un ni pour l’autre. Mais que ce soit Sarkozy (51 ans) ou Ségolène (53 ans), il y a lieu de souligner que les français font confiance aux jeunes candidats. Et cette donne pourrait bien changer la politique française envers les anciennes colonies. Ségolène a dit lors de son investiture que « le monde a changé, la France a changé. La politique aussi doit changer ». Même si Lionel Jospin, l’ancien Premier ministre socialiste n’était pas à l’investiture de la candidate, cette dernière imite ses pas. Ce dernier avait promis une autre façon de voir, de faire en politique s’il advenait à Elysée.

C’est ce que entrevoit aussi Ségolène. Elle promet de court-circuter les Etats corrompus et envoyer l’aide au développement vers les microentreprises. Du côté des républicains, les faits et gestes de Sarkozy démontrent clairement le courant d’air France-Afrique en cas de sa victoire. Pour preuve, son dernier voyage à Dakar, à Bamako ou encore à Alger. Sarkozy ne va pas du dos de la cuillère.

Il dit clairement ce qu’il pense, quitte à ce que cela plaise ou pas. Du coup, les chefs d’Etats de l’ancienne « Afrique coloniale » dont bon nombre habitués aux amitiés protectrices, aux cercles de cajolés et parfois d’échanges France-Afrique paternaliste doivent déjà s’apprêter à accueillir « la nouvelle France ». Celle qui après mai 2007 voudra revoir sa copie en terme de politique nationale et internationale.

A bon entendeur...

Hamadou TOURE

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 29 novembre 2006 à 13:17 En réponse à : > Election présidentielle en France : Vers une nouvelle forme de coopération France-Afrique

    Il est curieux que le rédacteur de ce texte utilise le prénom de la candidate pour citer Mme ROYAL alors qu’il ne le fait pas pour l’autre candidat M. SARKOSY.
    Cela discrédite à mes yeux l’objectivité de l’article et met en évidence le favoritisme de l’auteur.

    • Le 29 novembre 2006 à 17:00 En réponse à : > Election présidentielle en France : Vers une nouvelle forme de coopération France-Afrique

      je ne suis pas de votre avis. N’importe quelle personne qui suit bien l’actualité politique en france se rendra compte que les journalistes français eux-mêmes ont pris l’habitude d’appeler Mme Royale par son prénom "Ségolène" alors qu’il appelle toujours M. Sarkosy par son nom. Demandez-vous plutôt pourquoi la presse française a pris cette habitude. Sanwé !

      • Le 5 décembre 2006 à 21:57, par lecteur attentif. En réponse à : > Election présidentielle en France : Vers une nouvelle forme de coopération France-Afrique

        Bien répondu, effectivement c’est ce que rapporte les médias et particulièrement la presse écrite.
        Question d’habitude voire de distinction l’un est ministre actuellement c’est normal que les médias l’appellent par son nom, l’autre n’a pas de poste au gouvernement actuel puisqu’elle est de gauche certes elle est présidente de région mais les militants d’un parti utilisent tous à quelques excéptions près leur prénom ce qui a été repris par les médias. Il n’y a aucune anomalie à celà et ce n’est pas l’essentiel. Ce qui préoccupe les électeurs c’est la capacité intrinséque de chacun à gouverner et tenir les promesses électorales issues du programme de chacun.

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