Il a réintégré à leurs postes respectifs le DG du port d’Abidjan, celui des douanes et le gouverneur du district d’Abidjan pourtant suspendus par une décision du Conseil des ministres suite à leur implication dans le scandale des déchets toxiques déversés à travers la capitale ivoirienne. Si ce n’est pas de la provocation, cela y ressemble beaucoup.

Car non content de faire la nique à son Premier ministre de consensus dans cette affaire du "¨Probo Koala", Gbagbo vient de débarquer le patron du quotidien gouvernemental. Le directeur général de "Fraternité Matin" vient en effet d’être évincé de son poste par un communiqué de la présidence de la république pour avoir publié une information qui n’était pas du goût du président Gbagbo. Faute professionnelle intolérable, selon la présidence.

La réaction de Banny ne s’est pas fait attendre, pour une fois, il a critiqué ouvertement une décision du président tout en annonçant sa réaction officielle pour plus tard. Le ciel politique se couvre à nouveau de nuages, ce qui n’augure rien de bon.

Le Premier ministre a demandé à Gbagbo de surseoir à son décret, aussi présidentiel fût-il. Il le sait mieux que quiconque, Gbagbo ne reviendra pas sur sa décision. Car manifestement, Gbagbo a décidé de marcher sur les cadavres des victimes des déchets toxiques pour protéger son régime.

Il a replacé ses hommes qui sont stratégiques dans le contrôle des recettes budgétaires et du financement du régime, et surtout de la milice du pouvoir. Gbagbo touche même à la liberté de la presse en procédant du relèvement d’un directeur de Fret-Mat. C’est dire toute la volonté de Gbagbo de museler la presse pour de bon et de lui dicter ses desiderata.

La question est de savoir ce que peut Banny dans ces conditions où son autorité est bafouée et lui-même touché dans son orgueil. Les partisans du Premier ministre s’attendent en tout cas à une contre-offensive à la hauteur du forfait. Gbagbo a ouvert les hostilités, à l’artillerie lourde cette fois. La riposte à venir donnera certainement une idée de la suite des événements.

Le scandale du Probo Koala pourrait s’avérer le déclic salvateur dans la gestion de la crise ivoirienne. La façon dont va se dénouer ce duel entre ces deux hommes donnera certainement des indications sur la suite du processus de pacification. La résolution 1721 des Nations unies sera pour la première fois mise à l’épreuve. On verra à quoi ressemble les pouvoirs renforcés du Premier ministre Banny face à un président qui ne veut rien lâcher de ses prérogatives.

L’échéance d’octobre 2006 n’a pu être tenue à cause des multiples volte-face de l’homme de Mama profitant d’un bicéphalisme inopérant pour perdurer dans son fauteuil. Ici, s’inquiète une fois de plus du blocage du processus de réconciliation. Le bout du tunnel semble encore lointain. Et même la victoire des éléphanteaux sur le Ghana dans le cadre des éliminatoires de la CAN des cadets n’a pas pu ramener un vrai sourire sur le visage des Ivoiriens. Le temps est mauvais ici.

Ton neveu

Le Pays