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Exportation de services : un véritable moteur du décollage économique du Burkina

Publié le samedi 25 novembre 2006 à 08h06min

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Justin Bayili, DG de l’ONAC

L’Office national du commerce extérieur (ONAC), a organisé, au début du mois d’octobre dernier, un atelier au profit des entreprises, fonctionnaires et agences régulatrices du secteur des services sur le thème : " réussir dans l’exportation des services ".

Ce volet de l’économie burkinabè est en plein essor bien que peu connu. Selon les spécialistes, le secteur des services, est celui par lequel le Burkina Faso peut réellement opérer son décollage économique.

Le secteur des services est d’une telle importance qu’un des trois volets des accords de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) lui est consacré, en l’occurrence l’Accord général sur le commerce des services( AGCS). Selon cet accord, il existe quatre moyens officiels par lesquels sont commercialisés les services.

Le premier est celui par lequel le service se déplace à travers la frontière (comme dans le cas d’une marchandise) : c’est le mouvement transfrontalier.

C’est le cas d’un transporteur burkinabé qui transporte des marchandises à Bamako pour un client malien. Le mode 2 ou consommation à l’étranger est celui où l’étranger vient consommer au Burkina. C’est le cas des étudiants et des touristes. Il existe des situations où une entreprise burkinabè, adjudicataire d’un marché ou ayant flairé de bonnes affaires à faire, décide d’installer un bureau, une représentation ou une filiale dans le pays d’exécution du contrat ou du marché porteur.

Tous les services effectués par cette structure burkinabè à l’étranger sont considérés comme une exportation selon le mode 3. Enfin le mode 4 ou mouvement de personnes physiques, est le cas où un prestatire de services burkinabè se rend à l’étranger de façon temporaire pour y faire ses prestations à des clients étrangers.

L’éducation et les infrastructures comme tête de proue

Au Burkina Faso, selon les statistiques du ministère du Commerce, de la promotion de l’Entreprise et de l’Artisanat, le secteur des services participe pour 45% à la constitution du Produit intérieur brut (PIB). Les services des infrastructures (transport et télécommunications), l’industrie hotêlière et touristique, le secteur bancaire et financier, les bâtiments et travaux publics ainsi que l’éducation et la formation sont les domaines pourvoyeurs de ce fort taux.

Le secteur des infrastructures et celui de l’éducation et de la formation sont ceux à même de " booster " l’économie nationale et partant, être le moteur du décollage économique du pays. Le secteur de l’éducation et de la formation connaît un véritable regain d’intérêt des autorités politiques. Ainsi, de grandes écoles comme les Ecoles nationales des enseignants du primaire (ENEP) et de la santé publique (ENSP) n’arrivent plus à couvrir la demande en matière de formation à titre personnel plus connu sous l’appelation " recrutement parallèle ".

Ainsi, l’ENEP de Loumbila (Oubritenga) a reçu environ 1700 demandes pour 300 places disponibles pour l’année scolaire 2006-2007. De même, l’ENEP de Gaoua n’a pu retenir que 200 candidats sur les 600 qui ont pris part au test de recrutement organisé cette année. L’inauguration le samedi 14 octobre dernier du Centre de recherche biomoléculaire sur le Sida et les maladies infectieuses sexuellement transmissibles et l’ouverture dès l’année prochaine de l’Institut panafricain d’études et de recherches sur les médias, l’information et la communication (IPERMIC) participent de ce dynamisme.

L’Institut international d’ingéniérie de l’eau et de l’environnement (IIEE), née de la fusion de l’EIER-ETSHER, accueillera à l’orée 2009-2010 près de 1000 étudiants à la périphérie de Ouagadougou. Le secteur de l’éducation et de la formation est décidément en plein essor et le Burkina Faso gagnerait à en faire une priorité.

Que dire du Centre d’enseignement à distance de Ouagadougou (CEDO), opérationnel depuis quelques mois, qui permet de livrer des formations de pointe par le système de la visioconférence et de l’Ecole militaire technique de Ouagadougou (EMTO), qui aura bientôt une vocation régionale. L’Ecole des douanes accueillera désormais des étudiants venant de l’Afrique de l’Ouest et du Centre pour compter de cette année scolaire. Le secteur des infrastructures est aussi un domaine très porteur pour notre économie. La situation géographique du Burkina est, en ce sens, un atout.

La crise socio-politique que traverse la Côte d’Ivoire depuis quatre années a entraîné une réorientation du trafic des pays de l’hinterland (Burkina, Mali, Niger), vers des ports tels que ceux du Togo et du Ghana et dans une moindre mesure vers celui du Benin. Il serait salutaire de construire des autoroutes et de rendre effectifs les ports secs de Ouagadougou, Bobo-Dioulasso et pourquoi pas de Fada. Ces infrastructures permettront d’écourter les délais et les distances des hommes d’affaires et faciliteront la fluidité du trafic.

De même que le conteneur est venu contrebalancer le train en matière de transport de marchandises, de même les ports secs serviront de relais de dispatching au profit du Mali et du Niger. Par exemple, Singapour qui a une population d’environ trois millions d’habitants, reçoit, chaque année, près de trois millions de touristes mais les décideurs de ce pays ont opté pour les activités portuaires, comme moteur de l’économie nationale.

Le port de Singapour est ainsi devenu le plus important du monde en terme d’efficacité dans la gestion et le transport de conteneurs. Tout est question de volonté politique, donc de priorisation du ou des secteurs jugés les plus porteurs en terme économique.

Comme on peut le constater, à travers ces quelques exemples, le secteur des services peut bel et bien devenir le moteur du décollage économique du Burkina, pour peu que la volonté politique qui s’est déjà affirmée aille en se renforçant.

Alassane NEYA

Sidwaya

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