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Coton transgénique : Les producteurs africains à la découverte des champs expérimentaux de Boni

Publié le vendredi 24 novembre 2006 à 07h01min

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Réunis à Bobo-Dioulasso dans le cadre du 9e atelier sous-régional sur le partenariat recherche-vulgarisation- organisations paysannes, plus d’une centaine de participants constitués de chercheurs, producteurs et vulgarisateurs agricoles africains ont été conviés le mardi 14 novembre 2006 par l’INERA sur le site expérimental du coton transgénique de Boni.

Il s’est agi de leur faire découvrir les réalités de la culture transgénique du coton et ses enjeux pour le Burkina Faso.

Le coton OGM au Burkina Faso ? Jamais sujet agricole n’a suscité autant de polémique et d’intérêt. Le débat fait rage entre partisans et opposants de la biotechnologie agricole. La recherche, elle, se poursuit lentement et le groupe de chercheurs à charge de conduire les essais n’a pas encore lâché son dernier mot. En effet sous la tutelle du ministère de l’Agriculture, de l’Hydraulique et des Ressources halieutiques, une équipe de chercheurs de l’INERA conduit les travaux d’expérimentation de coton transgénique.Depuis 2003, des essais se déroulent sur quatre sites (Farakoba, Saria, Fada et Boni). C’est le dernier site qui a accueilli des acteurs africains de la filière cotonnière à l’occasion d’une journée portes ouvertes en vue de s’éclairer sur cette question cruciale.

Après avoir passé préalablement au crible les notions de biotechnologie, de biodiversité, d’organisme génétiquement modifié, de biosécurité au cours de leur 9e atelier, ces acteurs agricoles sont allés mûrir davantage leur esprit, en constatant de visu les essais, les avantages et les inconvénients éventuels liés à l’introduction du coton OGM en Afrique.

Pour camper le décor de cette visite commentée, le chef de programme coton de l’INERA à la tête de son équipe de chercheurs, M. Oula Traoré a soumis aux visiteurs, un test pratique sur deux parcelles de coton juxtaposées : l’une emblavée en coton conventionnel STAM 59 et l’autre en stam 59 avec le gène Bollgard II (OGM). Ces deux surfaces sont soumises aux mêmes conditions de production. Un exercice qui a permis aux novices de déceler eux-mêmes les atouts visibles du coton transgénique. Au regard de la bonne présentation des plants du coton Bt l’exercice a été aisé.

Enjeux et défis du coton OGM

Sur ces surfaces emblavées on remarque que les plants de coton Bt sont de petites tailles avec plus de capsules. La capsulaison se poursuit pour le Bt alors qu’elle est en phase de terminaison au niveau du coton conventionnel. Un autre acquis majeur est la blancheur du coton OGM qui se trouve plus nette. « Y a-t-il une variation du poids capsulaire entre les deux variétés ? « s’est interrogé un vulgarisateur agricole.

Les capsules du coton Bt à vue d’oil sont plus chargées de fibres donc plus lourdes. Le coton Bt, à en croire le chef de programme Oula Traoré, se présente comme une alternative à la délicate et onéreuse question des insecticides. Non seulement il permet de faire une économie de quatre traitements (deux au lieu de six pour le Bt), il a également pour atout de préserver l’environnement ou la réduction du nombre de traitements, de l’utilisation donc des pesticides dangereux pour l’homme et pour l’environnement.

Il y a aussi parmi les acquis du Bt, la réduction de la pénibilité du travail. En temps ordinaire, le producteur parcourt pour six traitements à l’ha de coton, 75 km. Mais avec cette nouvelle variété il n’aura plus que 15 km à faire pour deux traitements. Ce qui représente une économie substantielle en terme de temps et de force du travail qui pourraient être consacrés à d’autres activités.

Dans un contexte d’incertitude etd’interrogation sur l’avenir de la filière coton en Afrique, le coton OGM, bien maîtrisé pourrait se présenter comme une alternative de relance de la filière coton. En tout cas l’expérience de Boni a édifié plus d’un qui vivait jusque-là dans la peur de l’inconnu. En attendant que le débat sur les OGM soit tranché, les visiteurs du site de Boni gardent une bonne impression de ce qu’ils ont vu. En la matière il faut relever que le Burkina Faso fait école. Mamadou Bengaly Camara du Mali a lui, salué l’esprit d’anticipation et le courage politique des décideurs burkinabè.

L’exemple du Burkina Faso, de l’avis d’un Sud Africain, montre que les producteurs peuvent compter sur leurs recherches nationales. A ce propos, l’Inera doit poursuivre ses recherches, conformément à la législation en matière de bio-sécurité au Burkina, et ne se prononcera définitivement sur les résultats des essais, qu’après les récoltes de cette campagne.

Frédéric OUEDRAOGO

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 24 novembre 2006 à 11:18, par waramusso En réponse à : > Coton transgénique : Les producteurs africains à la découverte des champs expérimentaux de Boni

    juste une annecdote :
    que penser des agriculteurs bio en France, labellisés, qui ont du détruire leurs récoltes de légumes ; pour la simple raison que les susdits légumes aprés analyses ont révélés des traces d’OGM... OGM transmis par les cultures en plein air des champs voisins... Les collectifs alter-mondialistes mènent ici en France des actions spectaculaires en détruisant les champs et les récoltes de maïs transgénique, au jour d’aujourd’hui rien n’a été prouvé quant à l’innocuité des OGM sur l’homme et sur les éco-systèmes.
    Le choix pour une agriculture raisonnée et naturelle sera-t-il encore possible bientôt ?

    • Le 27 novembre 2006 à 08:47 En réponse à : > Coton transgénique : Les producteurs africains à la découverte des champs expérimentaux de Boni

      Le danger des OGM pour la santé humaine est prouvée, de multiples études le montrent. Mais "on" évite de les rendre trop publiques. En Europe on se méfie bien de ces savants fous et des milliardaires à leur commande !

      Encore une fois l’Afrique et la "crédulité" (ou l’avidité financière) de ses gouvernements est la cible privilégiée des grosses firmes américaines qui veulent une seule chose, amasser encore plus d’argent et pas se soucier des paysans de ce continent.

    • Le 27 novembre 2006 à 22:51, par Boulongne En réponse à : > Coton transgénique : Les producteurs africains à la découverte des champs expérimentaux de Boni

      Des études sientifiques très récentes montrent que les plants de coton transgénique sont plus fragiles que les variétés conventionnelles, et qu’elles sont surtout moins productives. Récolte après récolte, les cultures GM appauvrissent le sol et nécessitent, in fine, une utilisation régulière de pesticides... Ce qui n’est pas prévu par les promoteurs des OGM. Le Burkina faso doit pouvoir trouver des solutions agronomiques fiables et non nocives pour valoriser sa production de coton, c’est un gage d’indépendance économique et d’innovation agricole.

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