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Absentéisme à l’Assemblée nationale : En finir avec les députés jongleurs

Publié le mercredi 22 novembre 2006 à 07h57min

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Le jeudi 16 novembre 2006, l’Assemblée nationale a adopté un projet de loi portant sur la prévention et la réparation des risques professionnels applicables aux agents de la Fonction publique, aux militaires et aux magistrats.

Pour l’adoption d’un texte aussi important concernant la vie de tous les Burkinabè, 50 députés sur 111 étaient présents à l’hémicycle, et c’est par l’heureux jeu des procurations que le quorum a été atteint. N’eusent été donc les procurations et les absences excusées, l’hémicycle, n’aurait pas pu enregistrer la moitié de ses députés. Et c’est ainsi, presque tout le temps.

Ainsi va notre Assemblée nationale, au gré des députés dont le sport favori est devenu l’école buissonnière. Il n’est pas rare d’observer des élus, qui, à peine le début des travaux d’une session entamé, disparaissent de l’hémicycle où ils abandonnent sac, cartable ou calepin. Tout ceci leur sera ramené après, par un collègue solidaire à qui l’ascenseur sera renvoyé un jour. Des spécialistes de la jonglerie tout court. Une astuce parmi tant d’autres qui permet aux honorables de vaquer en toute quiétude à d’autres occupations juteuses, convaincus que même pas un tsunami ne les empêchera de se présenter par la suite au service financier pour empocher leurs indemnités de session.

D’autres députés, par contre, s’ennuient dans cet hémicycle. Ils donnent l’air de ne point être intéressés par les débats qui s’y mènent. C’est à croire qu’ils auraient tout donné pour être à mille lieues de l’hémicycle. Ça ne fait vraiment pas sérieux pour une Assemblée nationale d’un pays pauvre ayant opté de s’engager dans le processus démocratique.

Que dire de ce député dont les frasques, selon un confrère, ont consisté à détourner l’argent destiné à ses militants qui devaient venir dans la capitale pour un grand rassemblement ? Un acte étonnant, puisque à ces occasions précises, les militants attendent plutôt un geste de la part du député.

Mais, que voulez-vous ? C’est aussi ça la politique au pays des hommes intègres où il urge de donner un bon coup de pied dans la fourmilière. Pourquoi, au fait, ne pas revoir les règles de fonctionnement de l’Assemblée nationale ? Ce serait souhaitable, par exemple, de trouver une formule pour limiter les procurations et autres absences excusées à un chiffre bien raisonnable. Car, des députés en usent et en abusent selon leur bonne ou mauvaise humeur. Tant que les indemnités et le salaire sont garantis pour 5 bonnes années, il n’y a pas de quoi se bousculer à la tâche !

Tout devient facile pour ces députés qui ont choisi de passer des moments de farniente, au détriment du peuple qu’ils sont pourtant censés représenter, et au profit de qui ils doivent voter des lois. L’amélioration des conditions de vie des populations ? Si ce n’est le dernier des soucis des députés jongleurs, elle est loin d’être leur première priorité.

Or, ce sont ces citoyens burkinabè qui ont bravé le soleil pour les élire. Cela peut être une explication de la désaffection de plus en plus constatée du peuple lors des consultations électorales et même pour la politique de façon générale. En fin de compte, peu de personnes croient encore en cette Assemblée nationale.

Face à ces absences chroniques des députés et leur désintérêt manifeste pour le développement de leurs électeurs, pourquoi ne pas revoir le mode de scrutin et faire comme certains pays où des élections se déroulent à mi-mandat ? L’exemple part des Etats-Unis d’Amérique, qui montrent une fois de plus qu’ils sont une terre d’alternance, et donc de démocratie. Ainsi, pour une législature qui dure 5 ans, on peut la renouveler en partie 2 à 3 ans après. Certes, c’est un problème de moyens, mais surtout un choix politique et de conception qu’on se fait de l’Assemblée nationale.

Malheureusement, sous nos cieux, les députés n’ont pas l’onction de leur peuple mais plutôt celle de leurs partis. C’est grâce au parti qu’ils sont là, alors, pour le peuple... on verra après. Heureusement que tout n’est pas que négativité à l’Assemblée nationale. Aux côtés des députés jongleurs, il y a des élus dont le seul souci est d’oeuvrer à renforcer le processus démocratique au Burkina, en participant activement à toutes les sessions.

Ceux-ci, de jour comme de nuit, analysent sous toutes les contours les lois qui pourront faire le bonheur du peuple. Les questions orales et les interpellations de l’exécutif sont leur affaire, car, ils sont conscients qu’ils sont à l’hémicycle parce que mandatés par les populations. Ces députés peuvent être certains d’une chose, ils pourront regarder avec fierté leurs électeurs dans les yeux au soir de leur mandat, avec la satisfaction du devoir accompli.

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 22 novembre 2006 à 16:07, par Tikanson Abdoulaye SOMA En réponse à : > Absentéisme à l’Assemblée nationale : En finir avec les députés jongleurs

    Effectivement un problème républicain se pose concernant l’absence de certains députés aux séances de travail de l’Assemblée Nationale, surtout pour une démocratie qui est en pleine contruction comme la notre. rappélons tout de même que la fonction de parlémentaire au burkina Faso est occupée à plein temps. Elle doit constituer de ce point de vue la fonction principale de ceux qui la remplissent. Dans cette optique, le mécanisme de la procuration devrait être en principe soumis à des restrictions conséquentes. on pourrait prescrire que la procuration n’est possible exceptionnellement et uniquement dans les cas où le mandant dispose d’un ordre de mission officiel de l’Etat le chargeant d’autres activités d’intérêt public nécessaires qui seraient temporellement inconciliables avec l’exercice de son mandat électif lors de séances parlementaires dont le nombre ne devrait pas exéder 2 consécutivement. De toute façon le problème mérite une règlementation limitant les pratiques exorbitantes de caractères à justifier deraisonnablement que le parlement statue avec moins des 3/4 de son effectif.

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