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Médias : La rétention de l’information nuit à la liberté d’informer

Publié le lundi 20 novembre 2006 à 07h42min

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Selon l’article 1 du code de l’Information du Burkina Faso, le droit à l’information fait partie des droits fondamentaux du citoyen burkinabè. L’article 12 va plus loin en stipulant que les institutions de l’Etat et les organisations privées peuvent éditer des publications se rapportant à leur objet.

Partant de ce constat, la libre circulation de l’information devrait se faire naturellement. Pourtant, sur le terrain, les faits sont tout autres. Dans bon nombre d’institutions publiques ou privées, avoir une information, aussi anodine soit- elle, relève d’un parcours du combattant. On exigera de l’étudiant, du journaliste, du chercheur.... d’attendre l’aval du directeur général, du coordonateur, du chef de projet...

Et si ce dernier est absent, alors pas d’information jusqu’à son retour. Cette attitude des directeurs adjoints, des chargés de communication, des agents...ils l’expliquent tous de la même manière. « Vous savez, c’est l’administration et il ne faut pas parler sans l’aval du patron ». Celui qui recherche l’information quelle que soit l’urgence doit alors prendre son mal en patience. D’ailleurs, ce dernier n’a pas d’autres recours.

Exprimez l’urgence de l’information rehcerchée et on vous répondra ceci : « Laissez vos coordonnés, on vous contactera dès que le patron donnera son accord ». Une façon polie de vous dire d’aller voir ailleurs. Las d’attendre, vous rappelerez pour connaître la suite réservée à votre requête. C’est alors qu’on vous dira ceci à l’autre bout du fil :»On ne vous a pas oublié ».

Si par bonheur, il vous arrivait de franchir le premier bouclier, il ne faut surtout pas se réjouir très vite car cela ne signifie pas que vous êtes sorti de l’auberge. Pour cause, celui qui est chargé de livrer l’information a du mal à délier sa langue. Malgré l’accord du patron, il a peur d’en parler. Outre, la mauvaise foi et la mauvaise volonté des uns et des autres, il y a une autre réalité à prendre en compte : l’absence de données fiables et à jour.

Les beaux ordinateurs « dernier cri » qui doivent servir à dynamiser l’administration sont le plus souvent utilisés à des fins qui ne rentrent pas dans le cadre du travail. Pour les agents qui savent l’utiliser, certains d’entre eux réduisent l’utilité d’un ordinateur aux jeux de carte, à la consultation des e-mail ou au visionnement de films achetés au coin de la rue. Quant aux bibliothèques, elles ne sont remplies que de livres de divertissement.

Les archives, s’il y en a, sont semblables à des champs de ruines tant les documents sont disposés, pêle-mêle, sans référence. Ainsi, l’étudiant, le journaliste, le chercheur...repartira, au cas où il a été reçu, avec quelques bribes d’informations. Le journaliste, lui, ira rédiger son article en utilisant des expressions du genre : « A peu près, environ, si... ». Pourtant, si l’information était libérée, circulait au lieu d’être « embastillée », tout le monde y gagnerait et l’on pourrait ainsi ouvrer au développement du pays avec des informations plus justes, plus fondées, mieux élaborées. A propos de la presse, n’oublions surtout pas qu’elle est le baromètre de la démocratie dans un pays.

Hamadou TOURE

Sidwaya

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