LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

Blaise Compaoré s’entretient avec le Président de la Commission de l’Union européenne

Publié le samedi 18 novembre 2006 à 09h23min

PARTAGER :                          

Compaoré et Barroso

Arrivé à Bruxelles dans l’après-midi du 16 novembre 2006 pour prendre part aux Journées européennes du développement, le Président Blaise Compaoré s’est entretenu avec le Président de la Commission de l’Union européenne, Monsieur José Manuel Barroso.

L’entretien a essentiellement porté sur l’organisation de ces journées par l’Union européenne.

Le Président du Faso a félicité l’Union européenne pour son engagement constant auprès des pays africains. Le 17 novembre, Monsieur Blaise Compaoré livrera l’expérience du Burkina dans le cadre d’un débat sur la bonne gouvernance.

Pour sa part, Monsieur Barroso s’est réjoui de la bonne coopération de l’Union européenne avec le Burkina. Quelques instants plus tôt, le Commissaire européen au Développement et à l’Aide humanitaire, Monsieur Louis Michel, avait exprimé la même appréciation au Président Blaise Compaoré.

www.presidence.bf


Le discours de Louis Michel, Commissaire européen au Développement et à l’Aide humanitaire, aux Journées européennes du développement.

Mesdames et messieurs,

Je voudrais vous exprimer, à toutes et à tous - intervenants, participants, exposants et organisateurs - ma reconnaissance pour le succès de ces premières Journées européennes du développement.

J’aimerais remercier toutes les personnalités éminentes, qui ont donné un profil et une qualité exceptionnelles à ces trois jours :
Je salue en particulier les chefs d’Etat africains qui nous ont fait l’honneur de leur présence à Bruxelles. Ils ont été, en quelque sorte, l’âme et la conscience de ces Journées.

Je salue également Monsieur le Premier Ministre Verhofstadt et le Président Barroso pour, ainsi que le Prix Nobel de la paix, M. Desmond Tutu, dont les discours m’ont à la fois ému et inspiré.
Je salue, mes collègues ministres des Etats membres de l’Union européenne, dont le soutien a été décisif pour la tenue et le succès de cet évènement.
Je remercie enfin la présidence finlandaise.

Ces premières Journées européennes du développement nous ont permis d’aborder l’ensemble des thèmes qui sont au cœur de la problématique du développement :
la gouvernance, bien sûr, qui a constitué le fil rouge de ces trois jours, et dont le Forum de ce matin a, je dois le dire, été d’une qualité remarquable ;
Ce thème central a été décliné sous ses différentes facettes telles que la réhabilitation de l’autorité de l’Etat, la gestion des ressources naturelles, la consolidation des droits sociaux et les populations fragiles, la cohérence et l’efficacité de l’aide, la culture de la démocratie, la lutte contre la corruption, les migrations, ainsi que le rôle des médias et de la société civile.

Toutes ces questions ont fait l’objet de tables rondes passionnantes qui ont permis des confrontations de points de vue et de faire progresser notre compréhension commune des enjeux de la gouvernance.
de plus, les évènements parallèles ont permis de présenter ou de donner un éclairage particulier à certaines initiatives ;
enfin, les nombreux évènements culturels qui ont accompagné ces Journées ont permis une véritable rencontre, plus intimiste, entre l’Europe et l’Afrique et ont témoigne de la remarquable puissance créative des africains.

Au cour de ces trois jours, nous avons montré une Afrique qui bouge. Une Afrique porteuse d’espoir et d’opportunités croissantes. Une Afrique source de vie. Une Afrique force d’inspiration. Il fallait rompre avec la désespérante habitude du pessimisme.

Ces Journées du développement sont à mon sens, une illustration de l’engagement profond, et durable, de l’Europe en faveur du développement et en particulier en faveur du continent africain. Malgré un passé parfois troublé, mais aussi dirais-je en raison même de cette histoire commune, nous avons appris à nous connaitre et à nous respecter mutuellement. Nous avons, au fil du temps, développé une relation unique, basée sur l’amitié et le respect mutuel. Cette relation est résolument inscrite dans un futur au destins croises.

C’est dans cette optique que je voudrais faire mien l’appel du Président Barroso pour la tenue du prochain Sommet Union européenne-Afrique à Lisbonne, dans la seconde moitié de l’année 2007.
Il est plus que temps de réunir à nouveau la grande famille euro-africaine. Beaucoup d’évènements se sont produits ces six dernières années.

Un évènement marquant a évidemment été l’adoption, en décembre 2005, du Consensus européen pour le développement, qui engage l’Union européenne à collectivement augmenter son aide publique au développement à hauteur de 0,7% de son PIB d’ici 2007, et qui définit pour la première fois une vision commune de l’Union européenne pour le développement.

L’autre évènement phare a bien sûr été l’adoption, également en décembre 2005, de la Stratégie de l’Union européenne pour l’Afrique. Cette stratégie à long-terme est au cœur de l’agenda politique européen. Sa mise en œuvre concrète est déjà bien avancée, grâce à un partenariat étroit avec l’Union africaine, et le lancement d’initiatives telles que l’Initiative Infrastructure.

Il convient désormais que ce partenariat euro-africain trouve son accomplissement au plus haut niveau politique.
Ces premières Journées européennes du développement portent témoignage de cette volonté qui nous anime. Je voudrais souligner solennellement que ces journées ne sont pas une fin en soi. Elles ne sauraient rester un évènement isolé, et ce de deux manières.

D’une part, je compte bien renouveler, voire amplifier, le succès de cette année lors des deuxièmes Journées européennes du développement qui se tiendront l’année prochaine. J’ambitionne de faire de ces Journées non seulement le rendez-vous annuel européen du développement, mais aussi une référence internationale en matière de développement. La preuve que l’Europe n’est pas seulement a la pointe des efforts financiers, mais aussi de la réflexion internationale du développement.

D’autre part, ces Journées ne doivent pas rester sans portée, sans conséquences. Nous avons eu droit, au cours de ces trois jours, à des débats d’un très haut niveau. Je ne veux et peux croire qu’il ne s’agisse que de paroles en l’air. Il nous faut faire le meilleur usage possible de ces travaux. Ils doivent servir à alimenter notre réflexion en matière de développement. Et quand je dis nous, je ne pense pas seulement à la Commission européenne : je pense à l’ensemble des partenaires au développement présents lors de ces Journées : pays partenaires, Etats membres, organisations internationales, organisations non-gouvernementales, etc.

Par ailleurs, si l’Afrique est bien au centre de nos préoccupations, la thématique du développement concerne bien d’autres pays à travers le monde. L’Union européenne ne saurait les négliger. Ce que nous avons appris lors de ces trois jours les concerne également. Je souhaite les voir figurer en bonne place lors de la prochaine édition des Journées européennes du développement.

En ce qui concerne la Commission européenne, elle utilisera les travaux des trois derniers jours dans ses tâches au quotidien. Ils permettront notamment d’alimenter trois processus qui revêtent une importance particulière dans le cadre de la mise en œuvre du Consensus européen et des progrès vers les Objectifs de développement du millénaire.

Le premier est la programmation pluriannuelle de l’aide communautaire au développement. C’est un processus absolument fondamental qui détermine les priorités de l’action communautaire en matière de développement pour plusieurs années, ainsi que les modalités d’intervention :
La programmation de l’aide pour les 79 pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique liés à l’UE par l’Accord de Cotonou est actuellement en cours. Elle porte sur 22.7 milliards d’euros pour une période de six ans, de 2008 à 2013.

Ma conviction est que ce processus de programmation peut encore être enrichi par les uns et les autres, sur la base de nos échanges au cours de ces trois jours.
J’en profite par ailleurs pour appeler les Etats membres de l’Union à avancer de manière rapide et concrète vers une programmation conjointe de l’aide de l’Union. Je vous rappelle qu’à terme, le but est de déboucher sur des stratégies de réponse communes. Cette coordination accrue est d’autant plus importante que les montants de l’aide bilatérale vont augmenter fortement au cours des prochaines années.

Le deuxième processus - et ce n’est pas un surprise - concerne la mise en œuvre de l’approche de l’Union en matière de gouvernance. Comme vous le savez, la nouvelle approche de l’Union est fondée sur quatre principes clés :
La conviction que le développement de l’Afrique doit être pense, conçu et mis en œuvre par les africains eux-mêmes. Les Africains ont une responsabilité fondamentale dans l’affirmation de ce droit essentiel. Mais nous avons à changer de comportement. Toute moralisation, toute démarche qui vise à imposer, à définir ou à conditionner en leur nom, relève d’un comportement passéiste qui ne peut que nourrir des malentendus graves.

l’harmonisation, que la Commission est en train de promouvoir d’abord au sein de l’Union ;
une approche large, considérant que la gouvernance va au-delà du problème de la corruption, qui n’est qu’un symptôme de la déficience d’un système ; la reconnaissance que la gouvernance me signifie pas moins d’Etat, mais un Etat refonde, garant, arbitre et régulateur de l’intérêt général.

enfin, le dialogue et les incitations comme mode d’intervention préférentiel, plutôt que les sanctions et la conditionnalité. Trois milliards d’Euros ont été mis de côté à cette fin au titre du 10ème Fonds européen de développement.

Il me semble évident que la mise en œuvre effective de cette approche originale en matière de gouvernance doive tirer profit des échanges que nous avons eu ici.
Enfin, le troisième processus concerne la mise en œuvre du nouveau Partenariat stratégique entre l’Union européenne et l’Afrique. C’est une stratégie pour l’ensemble de l’Afrique, qui vise à atteindre les Objectifs du millénaire d’ici 2015 et à promouvoir la paix et la sécurité, la bonne gouvernance et le développement durable :
Comme je l’ai déjà indiqué, en dépit des progrès déjà réalisés dans la mise en œuvre, la prochaine étape indispensable est celle d’un nouveau Sommet Union européenne-Afrique.

Tant l’excellence des travaux, que la chaleur et l’harmonie qui ont caractérisé les échanges entre l’Europe et l’Afrique lors de ces trois jours, doivent nourrir la préparation de ce Sommet.

Ces Journées s’inscrivent dans un processus politique plus vaste : celui du partenariat Europe-Afrique, et au-delà, celui de la coopération au développement de l’Union européenne avec le monde. Par son caractère informel, le côté ouvert et libre des débats, une participation ouverte à l’ensemble des parties prenantes, les liens d’amitié qui se sont créés, ces Journées ont, sans nul doute, contribué à stimuler et amplifier le processus politique.
Mesdames et messieurs, j’aimerais vous donner rendez-vous l’année prochaine à Lisbonne pour la deuxième édition des Journées européennes du développement.

Pour conclure, je voudrais juste dire ceci :
En faisant scintiller notre lumière, nous offrons aux autres la possibilité d’en faire autant.
J’espère que ces Journées européennes du développement auront quelque part fait scintiller la lumière de l’Afrique dans vos cœurs.

Je vous remercie.

Bruxelles, 17 novembre 2006

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique