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Romain Conombo, président du Conseil national de la renaissance : « Le sankarisme est un état d’esprit »

Publié le mardi 14 novembre 2006 à 09h08min

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Romain Conombo

Le Conseil national pour la renaissance, Mouvement sankariste (CNR/MS) est un nouveau venu dans le landerneau politique burkinabè. Son président, Romain Conombo, que Sidwaya a rencontré, parle des ambitions de ce nouveau-né des partis sankaristes, de l’idéal sankariste et de bien d’autres sujets.

Sidwaya (S.) : Votre parti est le nouveau-né des partis sankaristes. Quelles sont vos ambitions ?

Romain Conombo (R.C.) : Les ambitions de notre parti sont les mêmes que celles de tout autre parti politique : la conquête du pouvoir d’Etat.

S. : Quel est alors votre programme politique ?

R.C. : Notre programme politique est essentiellement basé sur l’agriculture. Un pays ne peut se développer sans
l’autosuffisance alimentaire. C’est pourquoi nous avons axé notre programme sur le secteur agricole. Et pour atteindre cet objectif, nous pensons qu’il faut commencer par le réveil des masses. Nous estimons que rien ne peut se faire dans un pays sans la volonté des masses populaires. Les masses populaires du Burkina doivent participer à notre programme. Nous ne venons pas avec un programme pour l’imposer aux masses. Notre différence est que nous allons associer le peuple à notre programme auquel nous sommes d’ailleurs en train d’apporter des retouches. Car c’est avec lui que nous voulons vaincre. C’est tout ce que je peux vous dire pour l’instant sur notre programme politique.

S. : Dans votre manifeste, vous proposez une « voie originale de développement fondée sur les valeurs cardinales de l’identité culturelle burkinabè ». Expliquez-nous davantage ce propos.

R.C. : Cette voie originale de développement que nous proposons signifie tout simplement qu’aucun peuple ne peut se développer en dehors de sa culture. Il faut que le Burkinabè arrive à s’identifier culturellement. Il faut qu’il arrive à prendre conscience de la spécificité de sa culture. Cela ne veut pas dire qu’il faut rejeter les autres peuples. Mais nous insistons que notre développement doit se baser sur notre culture.

S. : Pourquoi avez-vous choisi de créer un parti sankariste ?

R.C. : Pourquoi un parti sankariste ? Je pense que tout Burkinabè qui a vécu la Révolution d’août 1983 a la réponse à cette question. Le sankarisme est un état d’esprit. C’est l’intégrité même. Tout Burkinabè doit être fier de Sankara. Nous ne sommes pas de ceux-là qui vont copier des idéaux en Occident pour venir les imposer au peuple du Burkina. Nous avons un courant qui a fait ses preuves et qui continue de le faire : c’est le sankarisme. Le sankarisme est une véritable voie du développement. C’est pour cela que nous avons opté pour cet idéal-là et l’ensemble du peuple burkinabè optera pour le sankarisme.

S. : Pendant que les partis sankaristes appellent à l’unité, vous, vous venez d’en créer un. Est-ce à dire que vous ne croyez pas à cette unité ?

R.C. : Rassurez-vous, nous travaillerons à l’unité des sankaristes. Nous sommes même en train de travailler à cela. Mais la diversité des partis sankaristes constitue selon nous, une force. Les gens s’identifient de plus en plus au sankarisme. C’est pour cela qu’il y a beaucoup de mouvements qui se réclament du sankarisme. Vous n’ignorez pas qu’il y a des associations à travers le monde notamment en Afrique qui s’identifient à l’idéal sankariste parce que pour elles, c’est une véritable voie de développement. Sankara a été un panafricaniste. Et celui qui aime le Burkina doit être sankariste. Car au-delà de sa personnalité, il y a son idéal.

S. : Préférez-vous donc avoir votre parti où vous serez président même si vous ne représentez rien que d’aller jouer les seconds rôles dans un autre parti sankariste ?

R.C. : La création d’un parti politique se fait autour d’un idéal politique. Nous sommes jeunes. La moyenne d’âge dans notre parti tourne autour de 33 à 34 ans. Nous sommes donc regroupés autour d’un idéal. C’est par conviction que nous avons créé le parti pour travailler avec le peuple et pour le peuple. C’est sur cette base-là que nous sommes nés, pour travailler à élever le niveau de conscience politique des masses populaires burkinabè, pour lui permettre de triompher avec le sankarisme. La démocratie que nous sommes en train de vivre aujourd’hui n’en est pas une. Notre ambition donc est de travailler à réveiller la conscience des masses afin qu’elles puissent reconquérir le pouvoir qui se trouve entre les mains de spoliateurs.

Plus de 70 % de Burkinabè ne connaissent pas pour l’instant ce que c’est qu’un programme politique. Nous allons travailler à leur faire comprendre cela afin qu’ils votent les programmes et non les individus. Et à l’heure de la victoire, les sankaristes viendront de partout, pas seulement des partis politiques, mais également de la société civile. Ce n’est pas parce que vous êtes dans un parti sankariste que vous êtes forcément un sankariste. Le sankariste se juge aux actes.

S. : L’année 2007 sera une année électorale, législatives obligent. Serez-vous prêts pour prendre part à ce scrutin ? Si oui, envisagez-vous des alliances ?

R.C. : Nous venons de naître avec pour ambition bien sûr la conquête du pouvoir d’Etat. Mais pour l’instant, nous allons faire un travail de fourmi et cela ne se fait ni à l’Assemblée ni à la Présidence. C’est dans les villes et dans les campagnes. Vous ne pouvez pas demander à des gens de voter pour votre programme alors qu’ils ne savent même pas ce que c’est. Nous allons travailler à expliquer notre programme aux masses. Nous nous en tiendrons d’abord à cela.

S. : Quel est votre avis sur le dossier Thomas Sankara ?

R.C. : Je ne crois pas du tout que le pouvoir en place a la volonté de faire la lumière sur ce dossier-là. Le dossier est vraiment épineux pour ce régime et je doute fort qu’il connaisse les avancées que nous attendons. Mais nous nous battrons pour que le dossier avance.

S. : Avez-vous des rapports avec la famille du défunt Thomas Sankara ?

R.C. : Nous n’avons aucun rapport physique avec la famille du défunt président Thomas Sankara, mais nous partageons avec elle la même douleur.

S. : Quelle est votre opinion sur la relecture du code électoral en débat au sein de la classe politique ?

R.C. : Même avec une relecture du code électoral, nous nous demandons si les partis politiques de l’opposition réaliseront l’alternance tant souhaitée. Est-ce uniquement la relecture du code électoral qui va nous permettre de nous débarrasser de ce régime ? C’est la grande question que je me pose.

S. : Sur le plan de la vie au quotidien, que dites-vous des mesures prises par le gouvernement Yonli pour lutter contre la vie chère au Burkina ?

R.C. : Est-ce que ces mesures suffisent pour lutter contre la vie chère ? Je vous pose la question.

S. : Les syndicats en tout cas trouvent que leurs revendications ont été partiellement satisfaites.
R.C. : Moi, je ne suis pas du tout satisfait. Le rythme de vie de ceux-là qui nous gouvernent ne leur permet pas de réfléchir autrement sur les préoccupations réelles de notre peuple. La vie n’est pas chère pour eux. Nous sommes dans un pays où plus de 50 % de la population est analphabète et des responsables de structures d’éducations privées procèdent à une augmentation de la scolarité et le gouvernement laisse faire. Les mesures qui ont été prises par le gouvernement sont vraiment très insignifiantes pour lutter contre la vie chère.

S. : Qui est Romain Conombo ?

R.C. Conombo Romain est un citoyen burkinabè comme vous. Je suis déclarant en douane. J’ai été pionnier de la Révolution. J’ai vécu la Révolution comme tous les enfants de l’époque et j’ai grandi comme eux. Nous avons maintenant notre mot à dire. Nous n’allons plus continuer à confier notre avenir à ces gens qui nous gouvernent. Nous allons nous battre parce que nous sommes sûrs de réussir avec le peuple.

Interview réalisée par Etienne NASSA

Sidwaya

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