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Sortie de crise au Togo : Le président Compaoré rencontre les acteurs

Publié le lundi 13 novembre 2006 à 07h58min

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Le président burkinabè Blaise Compaoré, désigné facilitateur dans le dialogue intertogolais doit recevoir lundi 13 novembre prochain à Ouagadougou les acteurs politiques du Togo pour une évaluation à mi-parcours des accords politiques signés en août 2006 à Lomé.

C’est la première fois, depuis la signature le 20 août 2006 à Lomé de l’accord politique global, que le président Blaise Compaoré se retrouvera sur une table de discussions avec les protagonistes de la crise politique qui secoue le Togo depuis 1993. Tous ceux qui avaient participé aux discussions tenues du 7 au 18 août 2006 seront présents à Ouagadougou.

Ainsi donc, les six partis politiques et les deux organisations féminines de la société civile ainsi que le Bureau du dialogue intertogolais seront là. Le plus attendu sera sans doute, le leader charismatique de l’opposition, Gilchrist Olympio dont le parti, l’Union des forces du changement (UFC) a indiqué qu’il prendra part aux discussions.

D’après une source proche du dossier à Ouagadougou, la rencontre devrait faire le point de la mise en œuvre à mi-chemin des accords de Lomé signés après d’âpres négociations sous l’égide du facilitateur désigné, Blaise Compaoré. Faisant un point succinct de la mise en œuvre des accords, la même source se félicite de la formation d’un gouvernement d’union nationale, la mise en place de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) chargée d’organiser les prochaines élections législatives et la commission chargée du retour des réfugiés.

« Il faut véritablement se féliciter du rapprochement entre les acteurs de la crise togolaise. Le président Compaoré leur avait dit pendant les discussions que le Togo attend beaucoup de ses fils et que c’est dans la fraternité et l’entente que le pays se construira. Je crois qu’ils ont entendu son message », s’est-t-il réjoui.

Les accords de Lomé signés le 20 août à Lomé, mais paraphés deux jours plutôt à Ouagadougou ont permis la formation d’un gouvernement dirigé par Me Yawovi Agboyibo, président du Comité d’action pour le renouveau (CAR, opposition). L’UFC de Gilchrist Olympio estimant que ce poste devrait lui être attribué, selon un accord verbal du président du Faso, a refusé d’y prendre part, tout en ne se démarquant pas du processus de paix et de réconciliation.

Le numéro deux de l’UFC, Patrice Lawson était même revenu dare-dare à Ouagadougou pour y rencontrer le facilitateur ; mais celui-ci ne pouvait plus rien faire, étant donné que le président Faure Eyadema, d’après la constitution togolaise, a la loyauté de nommer et de révoquer qui il veut à ce poste. De plus, le président Compaoré avait seulement souhaité que ce poste revienne au principal parti de l’opposition pour, selon lui, crédibiliser et booster le processus de réconciliation. Ce désir du facilitateur, on le sait, n’a finalement pas été suivi par Lomé.

M. Olympio devrait demander au président Compaoré de marquer au pas ses adversaires au pouvoir à Lomé, afin que les accords soient appliqués à la lettre.

Les discussions de lundi doivent surtout consacrer la mise en place du Comité de suivi de l’accord politique global tel que prévu dans les textes. Il doit être présidé par le facilitateur ou son représentant comme le stipule les accords et composé d’un représentant des neuf délégations ayant participé aux discussions, d’un représentant de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et d’un délégué de l’Union européenne (UE).

Des sources bien informées indiquent que le président du Faso pourrait désigner comme représentant personnel au sein de ce Comité, son actuel ministre de la Sécurité, M. Djibril Ipènè Bassolé. Homme de confiance, il a été son envoyé secret ou officiel pour régler des tensions dans la sous-région Ouest-africaine.

Le Colonel Bassolet connaît bien les acteurs politiques togolais qu’il côtoie depuis 1992. Mais certains membres de l’opposition l’accusent d’être trop proche du Rassemblement du peuple togolais (RPT), le parti du président Faure Eyadema. Certes, M. Bassolet est un homme d’Etat et à ce niveau, peut souvent paraître plus attentif aux idées des partisans du pouvoir que de l’opposition. Mais en tant que facilitateur, il devrait avoir le recul nécessaire afin de ne pas éveiller des soupçons susceptibles de faire capoter le processus.

Les législatives, clé de voûte de la réconciliation intertoglaise

Le protocole d’accord politique paraphé à Ouagadougou prévoit également la fin de l’impunité. C’est à ce niveau que le facilitateur écoutera le chef du gouvernement d’union nationale. Me Agboyibo devrait dire au président Compaoré où il en est avec ce dossier crucial, ainsi que celui de la réforme de l’armée et des forces de sécurité.

L’organisation des élections législatives, clé de voûte du processus de paix et de la réconciliation intertogolaise est le point focal sur lequel le président Compaoré devrait s’investir au cours de la rencontre avec les délégations. Les accords d’août ont sauté plusieurs verrous qui empêchaient certains leaders de l’opposition d’être candidats à un poste politique électif. Les dispositions relatives aux délais de résidence et la renonciation à toute nationalité étrangère pour les candidats ont été supprimées pour les élections législatives. Le président Faure Eyadéma, alors en tournée en Europe en septembre, a annoncé la tenue des élections avant la fin juillet.

De la tenue d’élections législatives transparentes, justes, démocratiques et acceptées par tous, dépend la survie des accords de Lomé et donc du processus de réconciliation et la paix sociale au Togo. La bataille qui a eu lieu à Ouagadougou pour obtenir une composition équilibrée de la CENI entre pouvoir et opposition en est une illustration. L’opposition ayant obtenu la mise à l’écart de l’administration devrait s’attendre logiquement à un scrutin apaisé.

Le principal point de satisfaction pour le chef de l’Etat burkinabè est sans nul doute, le constat que le processus de paix qu’il a façonné est en marche au Togo. Tous les acteurs sont disposés à la réconciliation et donc à une sortie de crise malgré quelques embûches inhérentes à toute dynamique de la paix. De même, les bonnes dispositions de la communauté internationale, notamment de l’UE qui a déjà débloqué plusieurs milliards pour les services sociaux de base, annonce une normalisation très prochaine de ses relations avec le Togo. S’il réussit à faire organiser des élections justes et transparentes, le peuple togolais verrait en lui, l’homme qui a remis leur pays sur le chemin de la démocratie et de l’espérance à un avenir prometteur.

Romaric Ollo HIEN


Les différentes délégations signataires de l’accord politique global conclu à Ouagadougou et signé le 20 août à Lomé qui devraient rencontrer le président Compaoré.
Les Six partis politiques

- Les Rassemblement du peuple togolais (RPT) de l’actuel chef de l’Etat, Faure Essoazina Eyadéma

- La Convention démocratique des peuples africains (CDPA) du Pr. Léopold Gnininvi

- Le Comité d’action pour le renouveau (CAR) de Me Yawovi Agboyibo

- La Convention patriotique panafricaine (CPP) de l’ancien Premier ministre Edem Kodjo

- Le Parti pour la démocratie et le renouveau (PDR) de Zaréfou Ayéva

- L’Union des forces du changement (UFC) de Gilchrist Olympio

Deux associations féminines membre de la société civile

- Le Groupe de réflexion et d’action femme, démocratie et développement (GF2D)

- Le Réseau des femmes africaines, ministres et parlementaires/Section du Togo (REFAMP/T)

Et, le Bureau du dialogue intertogolais, présidé par l’actuel Premier ministre Me Yawovi Agboyibo

ROH

Sidwaya

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