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Madou Koné, 1er artiste du peuple de la SNC

Publié le vendredi 2 avril 2004 à 07h41min

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Sacré premier artiste du peuple à la SNC Koudougou-Réo en 1988, Madou Koné n’occupe plus aujourd’hui le devant de la scène médiatique. Sidwaya a rencontré ce musicien expérimenté qui évoque avec amertume ce titre qui ne lui aurait rien rapporté. Il jette aussi un regard critique sur la Semaine nationale de la culture.

Sidwaya (S.) : Qu’est devenu Madou Koné après son sacre de 1988 ?

Madou Koné (M.K.) : Effectivement, c’est en 1988 et cela faisait trois fois consécutivement qu’avec l’ensemble Koko nous avons remporté le 1er prix en musique traditionnelle. Nous avons été sacré artiste du peuple. C’était à Koudougou-Réo 88. Depuis ce temps, je peux dire que j’ai fait un très grand chemin cela, grâce au sérieux du travail de ma troupe.

J’ai participé à plusieurs manifestations internationales. En 1989 par exemple, j’ai passé neuf mois en Europe où j’ai travaillé à une création avec une troupe française. Je suis retourné au pays en 1990 et j’ai fait l’ouverture à la SNC au Théâtre de l’amitié en hors compétition. En 1992, j’ai travaillé à monter avec Irène Tassembédo, un spectacle à Paris qui a d’ailleurs fait le tour du monde.

De 1992 à 1996, j’ai travaillé exclusivement avec Irène Tassembédo et en 1997, j’ai pris part à un très grand festival de théâtre et musique en France. Mon dernier grand spectacle avec l’ensemble Koko c’était en fin 1997 lors de la visite du président burundais Pierre Buyoya au Burkina. Pendant 12 à 13 ans, j’ai fait des créations par-ci, par-là avec des gens, je compose aussi la musique moderne et de temps en temps, je participe aussi aux animations du Fespaco et au SIAO.

S. : Ce sacre vous a donc donné des opportunités de promotion ?

M.K. : Sur le plan promotion, le sacre ne m’ a rien apporté. Nous avons été les pionniers de la SNC mais quand la manifestation a commencé à porter ses fruits, c’est d’autres qui en ont bénéficié. Ce n’est pas grave parce que je dis qu’il faut la relève. Mais je tiens à préciser que nous nous n’avons bénéficié ni de la promotion, ni de la production de cassette ni de clip comme cela avait été dit.

Depuis que j’ai été sacré artiste du peuple, je n’ai pas représenté le Burkina Faso de façon officielle à une manifestation à l’extérieur. Tout ce que j’ai fait, c’est à titre privé. La politique était d’éditer ceux qui étaient primés aux éditions. Des groupes en ont bénéficié, ont eu de la promotion, ont réalisé des clips mais pas nous.

S. : Aujourd’hui quel regard portez-vous sur la Semaine nationale de la culture ?

M.K. : En tant qu’artiste, je porte un regard positif sur la Semaine nationale de la culture. C’est un tremplin pour la nouvelle génération de se promouvoir. Je pense qu’il faut repenser la SNC. Je l’ai déjà dis à plusieurs occasions. A mon humble avis, la SNC doit passer de 2 à 4 ans. Cela pour permettre aux artistes de bien se préparer surtout qu’il y a une éclosion de festivals à travers la territoire national.

Je me dis que la SNC qui est le plus gros cadre d’expression culturelle doit bénéficier de plus de préparation. Si vous remarquez aux éditions de 1988, 1990 ou 1992 à partir de 20 h, il n’ y avait plus une seule place de libre au théâtre de l’Amitié, signe de l’engouement que les gens avaient pour la manifestation. Mais aujourd’hui ce n’est plus le même. Lors de la précédente édition, les gradins étaient chaque soir clairsemés. La périodicité de la SNC est très rapprochées et les artistes n’ont plus le temps de créer.

Propos recueillis par Frédéric OUEDRAOGO
Sidwaya

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