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Affaire Norbert ZONGO : La CEI a trahi le peuple burkinabè !

Publié le mercredi 1er novembre 2006 à 07h10min

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« ... Le rapport avec lequel le juge d’instruction a travaillé, ce rapport que vous connaissez et qui a été remis au Premier ministre le 7 mai 1999, n’est pas le bon rapport de la CEI... ». Dixit Robert MENARD, SG de RSF, le 20 octobre 2006, Centre de Presse Norbert ZONGO.

Plus qu’un désaveu, ces propos de ce membre pour le moins influent de ladite commission confirment ce que plus d’un observateur averti pensait déjà. La CEI n’a pas fait son travail. Pire, elle a trahi tout un peuple qui attendait d’elle l’éclairage sinon le salut d’autant que l’occurrence était périlleuse.

« Un crime aussi abominable comme celui de Norbert ZONGO se commet. L’Etat se saigne pour mettre une somme importante de l’ordre de 120 millions à une commission d’enquête indépendante et internationale. Au bout des quatre mois de travail, cette CEI estime que, parce qu’on n’a pas un consensus dans la signature, il faut faire un rapport arrangé pour remettre au Premier ministre. Je dis que c’est grave ». Ces propos du procureur général Abdoulaye BARRY traduit toute la gravité de la situation. Mais comment en est-on arrivé à cette forfaiture de la CEI ? Pour qui veut comprendre cette mascarade, il faut repartir aux heures chaudes de la crise consécutive à l’assassinat de notre confrère.
Dès l’annonce de la mort de Norbert ZONGO, tout le pays plonge dans l’émoi.

Très vite les étudiants crient leur colère à travers les rues de la ville non sans vandalisme. Des voix s’élèvent pour réclamer la vérité sur la mort du journaliste. La création d’une commission d’enquête indépendante et internationale est demandée et obtenue. Un décret présidentiel crée cette commission avec une mission claire. Fait important. Le président Blaise COMPAORE venait d’être réélu et se préparait à son investiture quand le forfait a été commis.

A l’annonce de la création de la CEI pour investiguer sur les circonstances de la mort de Norbert ZONGO et de ses compagnons, plus d’une personne a dû certainement poussé un ouf de soulagement précédé d’un étonnement tant cette décision venait en réponse à une demande sociale très perceptible parce que très pressante et surprenait parce que, majoritairement, l’opinion publique avait désigné le coupable : le Pouvoir. Une décision qui à l’époque était importante. Dès lors, la CEI ouvrait la voie à la manifestation de la vérité, elle participait au rétablissement de la paix sociale fortement ébranlée en son temps.

Mieux, la CEI apparaissait comme la preuve de la disposition du pouvoir à faire toute la lumière sur le sujet, ce qui induisait qu’il n’avait réellement « rien à cacher ». Seulement, personne n’imaginait que c’est cette CEI qui serait la cause même du blocage du dossier à cause de son mauvais travail.

En fait, tout cela était trop beau pour être vrai et même pour durer, car qui connaît les us et coutumes du paysage politique national parierait que cela allait coincer quelque part. Ce qui n’a d’ailleurs pas tardé avec la réponse du Collectif. Déjà, l’impression se dégageait que certains membres du Collectif voulaient orienter l’enquête sur de fausses pistes à travers des revendications et des exigences quelques peu tendancieuses.

L’indépendance de la CEI qu’on réclamait devait être surtout par rapport aux politiques pour que l’enquête soit exclusivement judiciaire, ce qui allait augmenter ses chances d’aboutir à des résultats. Mais a-t-on obtenu réellement cette indépendance de la CEI ? Les révélations de Robert MENARD prouvent aujourd’hui que le ver était dans le fruit.

Et pour cause, dès les premières heures de l’enquête, avant même de débroussailler toutes les pistes, RSF aboutissait déjà à la conclusion aux allures de sentence que la piste privilégiée est : « la thèse du meurtre lié au journaliste d’investigation pratiquée par Norbert ZONGO et plus particulièrement à ses enquêtes sur la mort du chauffeur de François COMPAORE et les passe-droits dont bénéficiait le frère du chef de l’Etat dans cette affaire ». En plus d’avoir pris leur parti, les 9 membres de la CEI ont passé une entente plus ou moins machiavélique pour étouffer la vérité afin de, disent-ils, obtenir un consensus dans la signature du rapport final.

En clair, le Collectif en son temps a exigé et obtenu une recomposition de la CEI dont la première version était jugée trop gouvernementale eu égard à la présence des représentants du gouvernement qui étaient au nombre de 4. On a donc « épuré » la CEI des représentants du gouvernement pour ne laisser que des représentants de la société civile, et du monde des médias jugés crédibles, intègres, propres.

Au résultat, ce sont ces hommes, « choisis » par Halidou OUEDRAOGO, qui se dit président du « pays réel » qui ont passé « l’entente trahison » pour « épurer, édulcorer » le rapport sensé apporter la lumière sur l’affaire Norbert ZONGO. A quelle fin ?

Seuls, le magistrat Kassoum KAMBOU, Eric Sibiri KAM, Robert MENARD etc. peuvent apporter la réponse.
Les Burkinabè ont été trahis, floués pendant 8 ans sur un rapport « édulcoré », « épuré ». Les Burkinabè restent seuls juges sur l’attitude de la CEI.

Par Frédéric ILBOUDO

L’Opinion

P.-S.

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