Dès leur lancée à Pô le 27 octobre au matin, les 107 coureurs qui se sont alignés sur la ligne de départ sont allés encore une fois très vite. Le maillot vert, le Belge Lionel Syne, a des pressions de pneus. Après 8 km, il change sa roue et bataille sur 15 km pour intégrer le peloton.

Le coureur français de la Bretagne, Jean-Luc Delpech, profite d’un coup de vent pour rejoindre également les fuyards. Le peloton n’était d’ailleurs pas trop loin. Ce même peloton ressort avec le maillot vert, Lionnel Syne et Delpech se dépêchent de s’accrocher au risque de prendre du retard. Abdoul Wahab Sawadogo est l’un des Burkinabè à figurer dans le lot des fuyards.

La vitesse croît et le sprint est lancé. Delpech prend la bonne roue qui le lance vers la victoire pendant que Lionel Syne est gêné dans son sprint.

Abdoul Wayab fait recours à ses dernières énergies mais le Français est imperturbable. Il règle donc le Belge et le Burkina sur la ligne et signe une victoire d’étape significative. En effet, le 27 octobre 2006, Jean-Luc Delpech fêtait son 27e anniversaire. Et au vainqueur de laisser éclater sa joie : "C’est super !" malgré cette canicule qu’il dit pesante, avant de conclure : "Avec cette chaleur, il faut faire le minimum pour espérer durer dans la course".

Sur cette 3e étape, le Burkina n’a certes pas gagné mais aura montré de bons signes de combativité et d’agressivité. Wahab Sawadogo a lutté jusqu’au sprint final pour se classer 3e. A la 4e étape à Ouahigouya, Wahab Sawadogo s’est encore accroché mais s’est retrouvé sans jus pour battre le Français Bonsergent et le Belge David au sprint. Encore des regrets. Entre Yako et Ziniaré (la plus longue étape, soit 150 km), tout laissait croire que l’heure des Etalons cyclistes allait enfin sonner. Jérémie Ouédraogo et Seydou Sanfo provoquent une échappée avec le Sénégalais Michael Barboza.

Un groupe de 9 puis de 5 échappés creusent un écart de 1’50" puis de1’30" et enfin un écart de 20 secondes à 5km de l’arrivée, sur la piste (rouge) qui a encore fait beaucoup de malheureux. A 3 km , Seydou Sanfo chute tout comme l’Ivoirien Kouamé Lokossué (qui était bien parti). Déjà à 6km de l’arrivée à Ziniaré , le Belge David Verdonck attaque avec le Français Aubert Jimmy. Ce dernier crève à 2 km et le Belge de filer droit vers la ligne d’arrivée pour rééditer l’exploit de l’édition précédente, celle de 2005.

En effet, l’année dernière, le même Belge avait remporté la même étape (la plus longue) de Ziniaré. C’est donc tout naturellement que le garçon de Hermann Beyssens lança : "C’est fantastique !". Il avoue qu’il n’est pas venu pour viser le maillot jaune mais des victoires d’étape. C’est la deuxième étape gagnée par les Belges.

Le premier Burkinabè à arriver sur la ligne à Ziniaré est le capitaine Saidou Rouamba (4e) qui n’était pas de l’échappée. Sur ce coup, les Etalons cyclistes ont visiblement tactiquement mal roulé et ils l’ont payé cash. Jérémie Ouédraogo qui était de l’échappée à 5 km ne figure pas dans les 30 premiers à l’arrivée. C’est à ne rien comprendre.

Malgré la longue distance (150km), les 95 coureurs qui ont pris le départ à Yako ont réalisé la superbe vitesse horaire de 40 km/h. A cette mi-étape du 20e Tour du Faso, le maillot jaune est toujours sur les épaules du Marocain Abdelati Saadoune. Le maillot vert échappe au Belge Lionel Syne pour échoir sur les épaules de son coéquipier David Verdonck qui s’était déjà classé 2e à la 4e étape avant de remporter la 5e étape.

Le directeur technique national, Aboubacar Tao, reste optimiste par rapport à la suite de la compétition. Ce ne sont peut-être pas les Burkinabè qui sont faibles, mais c’est la 20e édition qui accueille un groupe bien relevé. C’est une belle édition où la médiocrité n’a pas droit de cité. Les mieux organisés tactiquement et les plus forts brandiront toujours les bras pour crier leur victoire.

Y a-t-il un problème d’équipe ?

De plus en plus, on murmure dans les rangs burkinabè que les trois équipes des Etalons ont été mal constituées. C’est ce qui expliquerait les résultats peu satisfaisants du Burkina. Le directeur technique, Aboubacar Tao, interrogé s’en défend : "Ce sont les mêmes combinaisons que nous faisons. Il faut composer les équipes en tenant compte des valeurs intrinsèques de tout un chacun. Généralement, on fait deux équipes fortes et une moins forte.

A chaque équipe, il faut des rouleurs et des sprinters aguerris. C’est ce que nous avons fait pour les deux équipes. Il ne faut pas isoler tous les sprinters dans une seule équipe. Saïdou Rouamba et Jérémie Ouédraogo n’ont pas appartenu à la même équipe l’année dernière. C’est le même principe cette année".

Bon début

Depuis la première étape, il n’y a qu’un seul abandon (Roger Creen) et cinq coureurs qui sont arrivés hors délai lors de la 2e étape. La vitesse horaire moyenne, qui tourne autour de 40km/h, est la preuve que la compétition est relevée. Et Ousmane Zallé de Telecel Faso (un des partenaires du Tour) d’apprécier : "On assiste à de belles étapes, même si le Burkina tarde à se signaler." Son souhait est de voir une belle course avec de grands champions. En attendant, les nuits sont très animées par les partenaires et les artistes, où l’occasion est donnée aux populations de prendre du plaisir et de gagner beaucoup de gadgets.

Alexandre Le Grand ROUAMBA sur la route du Tour

Le Pays