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Difficile accès à Internet : Les gérants de cyber-cafés en colère

Publié le vendredi 2 avril 2004 à 07h33min

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Il est très difficile, souvent impossible, de se connecter à
Internet dans les cyber-cafés depuis la semaine dernière. De
nombreux centres de connexion ont même arrêté leurs activités
depuis le 31 mars pour éviter de supporter des "charges
inutiles". Le porte-parole des gérants de cyber-cafés de
Ouagadougou, Daogo Zoungrana, dévoile "la galère des
gérants" et lance un appel pressant : ou l’ONATEL s’active à
résoudre le problème, ou l’Etat libéralise le marché.

" Le Pays" : L’accès à Internet dans les cyber-cafés de
Ouagadougou est aujourd’hui très difficile. Quels en sont les
raisons ?

Daogo Zoungrana : Nous ne savons pas exactement où se
situe le problème pour le moment. Les gérants de cyber-cafés
mettent en place un système de connexion pour leurs clients.
Nous avons donc des ordinateurs connectés sur un réseau,
communément appelé " réseau local". Nous bénéficions aussi
de l’appui de l’Office national des télécommunications
(ONATEL), notre fournisseur d’accès à Internet, via le canal RTC
ou la liaison spécialisée.

Depuis le début de l’année 2004, c’est
seulement en janvier que nous avons constaté une bonne
amélioration de cette prestation. Mais après, la situation s’est
dégradée. Nous avons pris contact avec l’ONATEL mais il ne
nous a jamais dit concrètement ce qui ne va pas. Souvent, on
nous fait savoir que le problème pourrait se situer au niveau de
notre " réseau local".

Après des tests, nous nous rendons
compte que le problème ne se situe pas à ce niveau. Lorsque
nous recontactons l’ONATEL, celui-ci nous répète toujours le
même argumentaire. Parfois, nous sommes obligés d’attendre
pendant 15 ou 20 minutes au téléphone pour qu’un agent de
l’ONATEL se décide à recenser nos doléances. Nous
rencontrons chaque fois le même problème mais jamais de
suite favorable.
Tous les cyber-cafés sont confrontés à cette situation.
L’ONATEL en est par conséquent responsable.

Vous affirmez mordicus que l’ONATEL ne vous a jamais donné
les raisons fondamentales de ce blocage ?

Jusqu’aujourd’hui, nous n’avons pas reçu d’explications claires
et concrètes sur cette situation.

De nombreux cyber-cafés sont fermés depuis le 31 mars. Est-ce
un acte de protestation ?

Cette fermeture est due à l’impossibilité de se connecter à
Internet. Nous avons ainsi voulu éviter des charges inutiles. Si
l’ONATEL ne réagit pas favorablement, nous allons mener des
actions pour que les autorités du pays sachent que nous
prenons une part active au développement du Burkina. Les
Nouvelles technologies de l’information et de la communication
(NTIC) sont des outils importants pour le développement. Grâce
aux cyber-cafés, nous créons aussi des emplois. Il importe
donc de prendre des dispositions pour éviter que le problème
actuel ne soit préjudiciable à la dynamique nationale de
développement.

Quelles propositions pourriez-vous faire pour améliorer la
situation ?

Nos propositions tiennent en deux axes : il faut que l’ONATEL,
qui a le monopole d’Etat par rapport à la sortie Internet du
Burkina, prenne des dispositions pour un service de qualité et
respecte ses engagements par rapport aux cyber-cafés. Dans le
cas contraire, il faut que les autorités de notre pays libéralisent
le secteur.

Nous avons en effet beaucoup de possibilités pour
satisfaire les internautes du Burkina. Il y a des multinationales
qui nous proposent des connexions à des coûts réduits avec
des qualités meilleures.

L’ONATEL doit se rendre à l’évidence que nous sommes des
partenaires. Il doit donc éviter de brimer la clientèle en
contraignant les fournisseurs d’accès à Internet que nous
sommes, à fermer les centres de connexion. Il faut que
l’ONATEL intervienne le plus vite possible.

Quel regard portez-vous sur les Nouvelles technologies de
l’information et de la communication au Burkina ?

Le Burkina Faso est actuellement le dernier dans la sous
région ouest-africaine en matière de NTIC. Si vous prenez par
exemple le volet Internet, nous avons les coûts les plus élevés,
les charges sont très énormes pour les promoteurs des NTIC,
etc. La facturation de l’ONATEL ne permet pas à ce secteur de
survivre. Il importe de baisser les taxes liées à l’importation du
matériel informatique pour permettre aux cyber-centres et aux
centres de formation d’être plus opérationnels et plus utiles aux
usagers d’Internet. Aujourd’hui, il n’existe pas un seul secteur de
l’économie nationale qui n’a pas besoin d’Internet pour travailler.
L’ONATEL doit donc s’activer à résoudre le problème.

Propos recueillis par Hervé D’AFRICK

Le pays N°3097 du 02/04/2004

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