LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

Campagne agricole 2006-2007 : Les paysans redoutent un excédent dans le Mouhoun

Publié le mercredi 25 octobre 2006 à 07h55min

PARTAGER :                          

Mieux vaut gérer une surabondance céréalière que de faire face à un déficit céréalier. C’est la situation que les agriculteurs de la Boucle du Mouhoun s’apprêtent à vivre.

Le Burkina Faso gagnerait à désenclaver son grenier. Alors que les paysans sont en pleine campagne de récolte du maïs, de l’arachide, du fonio, etc., la Boucle du Mouhoun craint que l’important excédent céréalier attendu, ne trouve pas de preneur, faute de route.

Région enclavée, les zones de production sont difficiles, d’accès hypothéquant le transport des vivres vers d’autres régions moins nanties. « Les céréales n’ont pas de preneurs », dès qu’un paysan a 1 million, c’est l’argent du coton », souligne un agriculteur, Kani Bicaba. En dehors du coton dont le prix est fixé à 160 F CFA, le sorgho et le maïs n’ont pas de prix fixe.

Les sacs de 100 kilos de maïs et de mil sont vendus respectivement à 6000 et 6500 F CFA. « J’ignore si mon revenu va atteindre celui de l’année dernière, vu que les cours du coton ont chuté. De plus, on ne connaît pas encore le prix du sésame », s’inquiète Kani Bicaba. En dépit des aléas du marché céréalier, il reconnaît toutefois que l’agriculture est rentable. Pour peu, poursuit-il, qu’on applique à la lettre les conseils des techniciens de l’agriculture.

Comme en 2003, en appréciant qualitativement la campagne agricole, la Boucle du Mouhoun espère obtenir les mêmes quantités de productions céréalières avoisinant 700 000 tonnes, a expliqué le directeur général de l’Agriculture. Une telle récolte va doubler le taux de couverture des besoins céréaliers de la région. En outre, pour M. Maurice Traoré, une hausse sensible des productions de riz pluvial, de maïs est attendue. Une situation qui s’explique par le fait que les paysans uttilisent de plus en pus les semences améliorées et la fumure organique de façon généralisée.

Dans l’ensemble, trois faits saillants ont marqué la campagne agricole 2006-2007, à savoir une installation difficile de la saison. Ensuite, il y a eu une reprise régulière dans l’espace et dans le temps du cycle pluvieux. Ce qui a permis les semailles des principales cultures (coton, mil, maïs, etc.). Cela a été soutenu par une situation alimentaire satisfaisante. Au plan pluviométrique, les quantités d’eau enregistrées dépassent la moyenne, a souligné Maurice Traoré.

Les postes de Solenzo et de Bagassi ont un cumul respectif de 1035 et 1100 mm. Ces quantités d’eau ont permis aux différentes cultures de boucler leur cycle tout en favorisant un bon niveau de remplissage des cours d’eau. Ce qui va faciliter les activités de maraîchage et de la petite irrigation villageoise. En outre, la Boucle du Mouhoun n’a pas connu une grande attaque phytosanitaire. Au regard de ces données, M. Traoré pense que l’autosuffisance alimentaire sera doublement dépassée. « Notre préoccupation aujourd’hui est la gestion des excédents », a-t-il dit.

Comment allez-vous gérer ce surplus attendu ? En réponse, Maurice Traoré a dit que c’est là l’équation à résoudre. Il avoue que les gens sont plus disposés à gérer les crises que les situations d’excédents céréaliers. « Nous ne sommes pas préparés à cette situation, pis les prix ne sont pas intéressants pour les producteurs », a-t-il reconnu. Tout en soutenant que les prix vont encore chuter, il a dit que les bas prix ne profitent pas aux paysans qui sont obligés de brader leurs productions face de telles situations.

Et d’ajouter que c’est une problématique d’ensemble à laquelle chacun doit refléchir pour une gestion rationnelle des stocks. Pour sa part, la direction régionale de l’Agriculture essaie de sensibiliser les paysans à ne pas gaspiller leurs vivres lors des funérailles et à mieux gérer leurs stocks.

Nadoun S. COULIBALY (coulinad@hotmail.com)

Sidwaya

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Burkina : Une économie en hausse en février 2024 (Rapport)