Samedi 14 octobre 2006. La ville de Como s’apprête à vivre une soirée cycliste haute en couleur. Tout commence par une course cycliste le matin. Une longue épreuve de 253 km. Jérémie Ouédraogo, arrivée la veille, ne peut prendre part à cette compétition que remporte le champion du monde Paulo Betini. On quitte la route pour le pavillon central du centre de conférence Villa Erba. Une salle qui a accueilli 400 invités. Les patrons du cyclisme mondial sont en place, avec à leur tête le président Pat Mcquaid.

Il y avait aussi les grands lauréats d’Europe’Tour, d’America’Tour, d’Océanie’Tour et d’Africa’Tour. Seul le lauréat de l’Asie était absent. Jérémie Ouédraogo était donc bien en place, planqué de son soutien de tous les jours, Alassane D. Oangraoua. Loin de son vélo, le vainqueur du Tour du Faso’2005 s’apprêtait à vivre des moments particuliers. Ils étaient quatre, venant de 4 continents, à être arrosés des honneurs du cyclisme mondial.

Mieux, Jérémie Ouédraogo qui, autrefois, ne voyait les champions cyclistes du monde qu’à la télévision, était sur la même table qu’eux. L’émotion était forte. Il allait être bientôt honoré, son pays et son continent avec. Il est tout aussi star que les représentants américain, européen et de l’Océanie. Et vint le moment où le patron du cyclisme mondial, Pat Mcquaid, monte sur le podium pour honorer l’Afrique du vélo, à travers un Burkinabè, dont le talent n’a d’égal que son courage : Jérémie Ouédraogo. Premier coureur burkinabè à être honoré de la sorte. Il le mérite.

Et lorsque ce trophée a été remis au meilleur Africain, l’UCI n’oublie pas de féliciter et d’encourager les autorités sportives du Burkina, notamment le ministère en charge des Sports, pour son engagement aux côtés du cyclisme. Faut-il le rappeler, le Tour du Faso, dont la 20e édition va prendre son envol le 25 octobre prochain, est le phare du cyclisme africain grâce à ce partenariat avec le Tour de France, la plus grande épreuve cycliste au monde. Tous les amoureux de la petite reine au Faso ne peuvent que se satisfaire.

Jérémie, tout ému, a pris la parole devant l’auguste assemblée pour remercier l’UCI pour ce choix, pour son attention sur le cyclisme africain. Il n’a pas disputé des sprints à Como avec ces autres meilleurs du monde, mais, qui sait ? Peut-être le fera-t-il un jour puisque l’UCI a promis d’inscrire désormais l’Afrique dans certaines compétitions internationales. Bonne nouvelle qui réjouit les "deux nègres" présents au milieu des 400 invités. Le Burkina Faso a été vanté. Son cyclisme aussi. L’Afrique a été honorée. Son cyclisme aussi. Et tout cela par le canal d’un jeune coureur intrépide. Efforts récompensés, pourrrait-on dire.

C’est pour saluer cette distinction que Arouna Bancé et les autres Bissas de Belgamo (Italie) ont invité EODA et son poulain dans cette bourgade non loin de Milan pour un repas. Retrouvailles entre compatriotes. Un autre acte qui a fait chaud au coeur de Jérémie et de son "parrain".

Si le transport, l’hébergement et la restauration du lauréat ont été pris en charge par l’UCI, il est à noter que Alassane D. Ouangraoua a tenu à se sacrifier pour se prendre en charge afin d’accompagner Jérémie Ouédraogo. Son amour pour le vélo et son engagement de longue date aux côtés de ce coureur ne lui autorisaient visiblement pas un autre comportement.

L’Italie et Como ont été témoins des honneurs faits à un champion. Le drapeau burkinabè a flotté à Como pendant 72h. Ce n’est pas rien. Rendez-vous a été donné dans 3 ans puisque cet événement ne se voit qu’une fois tous les ans.

A peine rentré au pays que Jérémie a rejoint le groupe des Etalons cyclistes en regroupement à Manga en vue de leur préparation pour le Tour du Faso prévu pour démarrer le 25 octobre 2006. 2006 est une année de gloire pour Jérémie.

Alexandre Le Grand ROUAMBA

Le Pays