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SIAO 2006 : Le boycott des artisans bobolais

Publié le jeudi 19 octobre 2006 à 08h01min

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Bientôt, s’ouvre dans notre capitale la 10e édition du Salon international de l’artisanat de Ouagadougou (SIAO). Ce grand rendez-vous des artisans du Burkina et d’ailleurs se déroulera cette année, malheureusement, sans la participation des exposants bobolais, qui ont engagé un mot d’ordre de boycott.

Ils entendent ainsi manifester leur indignation suite aux nombreuses brimades, dont ils disent être victimes et tiennent pour responsables les organisateurs de la manifestation.

Pour les exposants bobolais, il n’y a pas de doute : le SIAO est en train de devenir une mafia organisée et qui permet à quelques individus mal intentionnés de sculpter leur devenir sur le dos des braves artisans.

Regroupés au sein de l’association pour la promotion des objets d’art (APROOA), les artisans de la ville de Sya ont en effet décidé de ne pas effectuer cette année le déplacement de Ouagadougou, et cela pour deux raisons fondamentales dont d’abord, les frais de location des stands, qui ont connu une hausse vertigineuse en l’espace de deux éditions : "De telles mesures sont de nature à détourner la manif de son objectif premier qui est la promotion de l’artisanat africain", dit l’un d’eux qui ne comprend pas pourquoi les organisateurs sont passés cette année de 150.000f à 350.000f pour la location d’un stand.

Et un autre d’ajouter que même si cette somme ne représente rien pour des exposants venus d’Afrique du Sud, du Gabon, du Nigeria ou du Maghreb, le SIAO devrait néanmoins tenir compte du niveau de vie de certains pays comme le nôtre où les activités économiques ne cessent de péricliter depuis le déclenchement de la crise ivoirienne.

"Alors, si c’est pour nous exclure de la manifestation, qu’ils nous le disent ouvertement", s’indigne un artisan qui, dans le même temps, rappelle le rôle pionnier de l’APROOA, laquelle, selon lui, a grandement contribué au succès du SIAO depuis la première édition jusqu’à nos jours. Mais ce qui semble le plus irriter les boycotteurs est l’absence de suite aux marchés qu’ils auraient toujours conclus avec les acheteurs professionnels lors de précédentes éditions.

Et comme on le sait, ils sont nombreux, ces artisans burkinabé qui ne savent pas manier la langue de Molière, encore moins celle de shakespear. Ils s’en prennent alors ouvertement aux traducteurs désignés par le SIAO et qui se révèlent être des détourneurs de clients à la solde d’autres revendeurs de la capitale.

Trouver une solution avant l’ouverture du Salon

L’un des exposants, du nom d’Issa Cissé, affirme, lui, avoir conclu un marché de quatre millions lors de l’édition 2004. La suite, dit-il, est tout simplement scandaleuse. Il raconte : « J’ai reçu une commande ferme de produits artisanaux d’un client de nationalité américaine à hauteur de quatre millions. Je lui avais laissé les photos de chaque pièce afin qu’il puisse procéder aux vérifications pendant l’enlèvement de la marchandise.

Mais jusqu’à la fin de l’exposition, je n’ai plus eu de suite. Quelques semaines plus tard, des acheteurs burkinabé, commis par des gens du SIAO, arrivent à Bobo avec sous la main les photos que j’avais remises à mon client américain et se proposent d’acheter les mêmes pièces, mais à des prix dérisoires.

J’ai compris qu’il y avait anguille sous roche et depuis, je n’ai cessé de m’en plaindre auprès des responsables de la manifestation. Ce que je puis dire aujourd’hui est que nos marchés sont chaque fois détournés par des non- artisans et par conséquent j’ai engagé une procédure judiciaire contre un membre du SIAO, qui est à la base de notre malheur ».

Comme Issa Cissé, certains artisans affirment être régulièrement victimes de toutes sortes de duperies et de brimades et s’insurgent contre le comité d’organisation qui, selon eux, est en train d’être gangrené par l’affairisme au détriment de la promotion de l’artisanat, burkinabé en particulier. Aujourd’hui, bon nombre des exposants bobolais, en effet, se disent déçus et dénoncent par la même occasion la marginalisation dont ils seraient victimes.

Et le moins que l’on puisse dire est que la colère monte véritablement à l’APROOA, dont l’absence à cette édition 2006 portera, à n’en pas douter, un coup à l’éclat de la manifestation. Dans tous les cas, nul n’ignore la qualité des œuvres artisanales burkinabé et principalement celles de la région Ouest, qui sont toujours parmi les plus convoitées à chaque édition du SIAO. Ce mot d’ordre de boycott, comme le disent les membres de l’association, ne passera pas inaperçu.

Alors, il appartient au comité d’organisation d’engager au plus vite des pourparlers afin de débloquer la situation. Cela y va de l’intérêt général.

Jonas Apollinaire Kaboré

Observateur Paalga

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