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Mise en place des conseils municipaux : Le PAI dénonce des cas « illégaux »

Publié le lundi 16 octobre 2006 à 07h55min

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Dans une lettre ouverte adressée au président du Faso, président du Conseil supérieur de la Magistrature, le Parti africain de l’indépendance (PAI) s’insurge contre l’installation « illégale » de certains organes de conseils municipaux et demande au premier magistrat burkinabè de donner la preuve de son « attachement à la transparence et à l’équité dans notre processus démocratique ».

M. Soumane Touré secrétaire général du bureau exécutif central du Parti africain pour l’indépendance.

A

Son Excellence
Monsieur le Président du Faso,
Président du Conseil Supérieur
de la Magistrature

Mise en place des organes des conseils municipaux

Par une lettre ouverte datée du 16 juin 2006, nous avons porté à votre connaissance des erreurs commises par le Conseil constitutionnel que le président par intérim de cette institution refusait de corriger au motif que les données étaient déjà gravées sur CD. Ce refus injustifié, outre le préjudice qu’il causait à notre parti, conduisait à des situations que nous qualifions de surréalistes notamment dans la commune de Kourouma.

Nous vous sommes reconnaissants de l’attention et de l’intérêt que vous avez portés à notre démarche et des dispositions que vous avez prises avec le Conseil Constitutionnel.

En effet, contrairement à ce que le président par intérim de cette institution avait soutenu à savoir que « la version des résultats (CD) ayant été communiqués au MATD, à la CENI et aux partis politiques, le Conseil Constitutionnel, ne saurait y apporter une quelconque modification » , le Conseil constitutionnel a accepté de reprendre ses travaux pour corriger toutes les erreurs des résultats définitifs du scrutin du 23 avril 2006 et a rendu publique sa décision n°2006-007 CC/EM du 20 juin 2006 portant rectification d’erreurs matérielles et proclamation de résultats définitifs additifs à sa décision n°2006-006 CC/EM du 25 mai 2006 portant réclamation des résultats définitifs des élections municipales du 23 avril 2006.

Il est écrit que cette décision sera complétée par un tableau récapitulant toutes les corrections des erreurs matérielles constatées et que ce tableau est partie intégrante de la décision.
Différentes échéances ont été données par le Conseil constitutionnel pour la publication de ce tableau, mais à ce jour, les partis et formations politiques sont toujours dans l’attente, et par respect pour l’indépendance de cette institution, il n’y a eu aucun signe d’impatience de leur part.

Excellence, Monsieur le Président,

Le Conseil constitutionnel par sa décision du 20 juin 2006 a certainement voulu se donner le temps de travailler à rassurer tous ceux qui, dans la classe politique, avaient introduit des réclamations en vue de corriger les nombreuses erreurs dont ils ont été victimes.

Dans la mesure où les décisions du Conseil constitutionnel s’imposent à tous et ne sont susceptibles d’aucun recours, même si le temps mis à rendre public ce fameux tableau peut paraître long, le MATD, les Hauts-commissaires et les préfets devraient régler l’exécution de leurs tâches dans la mise en place des organes des conseils municipaux sur l’article 3 du décret 2006/PRFS/PM/MATD du 15 mai 2006 portant règlement intérieur-type des conseils de collectivités territoriales qui stipule : « la réunion de nouveaux conseils municipaux est convoquée par le haut-commissaire pour les communes à statut particulier et par le préfet du département pour les communes urbaines et les communes rurales dans la semaine suivant la proclamation des résultats par le conseil constitutionnel ».

Le conseil constitutionnel n’ ayant pas encore publié son tableau des résultats rectifiés comme promis, le PAl ne comprend pas où les préfets de Kourouma et de Batié, de même que les hauts- commissaires du Kénédougou et du Noumbiel ont trouvé les résultats qui leur ont permis de convoquer et de mettre en place les organes des conseils municipaux de ces deux communes.

Ces autorités administratives ont de ce fait délibérément posé des actes illégaux au regard de la décision du 20 juin 2006 du Conseil constitutionnel et aux stipulations de l’article 3 du décret sus-cité. Légalement, c’est dans la semaine devant suivre la publication officielle du tableau des résultats rectifiés par le Conseil constitutionnel qu’elles seront autorisées à mettre en place les organes des conseils municipaux.

En effet, tout le monde se souvient qu’en ce qui concerne ces deux (2) communes Kourouma et Batié, lors de la première publication officielle des résultats définitifs par le conseil constitutionnel, il y était prévu des élections partielles. Suite à la lettre ouverte que nous vous avons adressée le 16 juin 2006 et certainement suite aux instructions que vous avez données, le MATD et le président de la CENI ont reconnu devant les partis politiques et la presse dans la salle de réunion du MATD le 20 juin 2006 que « les recherches ont permis....de rétablir la vérité et dans certaines cas précis les reprises ne semblent pas nécessaires ». (cf. L’Observateur Paalga du 22 juin 2006 page 6).

Les communes de Batié et de Kourouma se trouvent dans ce cas de figure. Pourtant, en son temps, le PAI, au vu des manipulations frauduleuses visant à lui faire perdre la majorité des conseillers durement acquise dans ces communes, avait en vain attiré l’attention de la CENI et du conseil constitutionnel sur cette situation sous forme de recours en bonne et due forme.

En ce qui concerne la commune de Batié, nous avions même joint le jugement du tribunal administratif de Gaoua devant lequel nous avions porté nos réclamations après la publication provisoire des résultats par la CECI de Batié.
Pour ce qui est de la commune de Kourouma, nous avions transmis tous les PV de dépouillement de la CEOI, de même que nous avions relevé l’erreur qui a consisté à envoyer les convocations aux deux (2) candidats malheureux du COP en lieu et place des deux (2) conseillers régulièrement élus du PAl.

Au cours de la rencontre du 20 juin 2006, à la question du représentant du PAl de savoir comment ces erreurs allaient être rattrapées, le MATD a répondu que dans la mesure où la loi lui confie la responsabilité de l’ élection des maires et de la mise en place des organes des conseils municipaux, il rattrapera toutes les erreurs après l’organisation des élections partielles prévues dans les autres communes.

Le MATD a-t-il perdu de vue cet engagement public à corriger ces erreurs, ou a-t-il voulu par cette réponse nous endormir ? Toujours est-il qu’après l’organisation des partielles et dans la foulée de la mise en place des organes des conseils municipaux dans les communes où il y a eu ces élections, il a autorisé l’opération dans les communes de Kourouma et de Batié sans attendre les corrections des erreurs par le Conseil constitutionnel.
Par lettre datée du 26 juillet 2006, le PAl a saisi le MATD en ces termes :
« Comme le Conseil Constitutionnel l’a finalement décidé, il n’y a plus eu d’élections partielles dans les communes rurales de Batié et de Kourouma ».

Le lundi 24 juillet 2006, nous sommes rendus au siège du Conseil Constitutionnel pour savoir si les résultats rectifiés des élections municipales du 23 avril 2006 sont disponibles. Nous avons été invités à passer le jeudi 27 juillet 2006 pour prendre connaissance desdits résultats comme tout le monde.

Monsieur le Ministre,

A notre grand étonnement, des rumeurs persistantes circulaient depuis la semaine dernière sur l’installation du maire irrégulièrement élu de Kourouma le 28 juillet 2006. Plus précisément, le préfet de Batié a convoqué à 9H tous les représentants des partis politiques pour les informer de l’élection du maire et des organes de la commune rurale de Batié le lundi 31 juillet 2006. A la question du représentant du PAl de savoir sur quelle base cela va se faire, le préfet lui a répondu que ce sera sur la base des résultats déjà proclamés par le Conseil Constitutionnel.

Monsieur le Ministre,

Vous comprendrez notre perplexité et nos inquiétudes devant cette précipitation à ne pas attendre la dernière base légale en ce qui concerne ces communes, dans la mesure où le Conseil Constitutionnel s’est engagé à mettre à la disposition de tout le monde les résultats rectifiés le jeudi 27 juillet 2006 à 16H.

Quelles ont été les réactions du MATD à la lecture de notre lettre ? Nous ne saurions trop le dire puisqu’il ne se donne pas la peine de répondre aux courriers qui lui sont adressés. Ce qui est sûr, c’est qu’il ne tient pas compte des rappels à la loi qui y sont contenus et qu’il agit à sa guise.

Ainsi, nous avons assisté impuissants à l’installation folklorique du maire de Kourouma. En ce qui concerne la commune de Batié, c’est le haut- commissaire de cette province qui a convoqué les conseillers élus selon une liste contenue dans un fax dont il a tu le nom de l’expéditeur. Il a proclamé d’abord que les résultats rectifiés donnaient 59 conseillers au PAI, 58 au CDP et 1 à l’UNDD. Il a fixé la date de l’élection du maire et la mise en place des organes du conseil municipal en accord avec le commissaire politique régional du CDP du Sud-Ouest.

Ce dernier est descendu à Batié le jour fixé avec un bon magot et a débauché un (1) conseiller du PAl et celui de l’UNDD. De sorte qu’ils ont pu faire élire leur maire à 60 voix contre 58 au candidat du PAl. De qui le haut- commissaire tient-il ses résultats rectifiés ? Certainement pas du Conseil Constitutionnel qui n’a pas encore rendu public le tableau des résultats rectifiés devant compléter la décision n° 2006-007/CC/EM du 20 juin 2006.

A moins que le haut-commissaire de Batié veuille nous faire comprendre qu’il bénéficie de solides complicités au Conseil Constitutionnel qui lui permettent d’avoir les résultats rectifiés alors que le Conseil Constitutionnel fait croire à toute la classe politique qu’il n’a pas encore fini son travail. Ce n’est tout de même pas un jeu de cache-cache à ce que l’on sache ! Nous osons croire que des membres du Conseil Constitutionnel ou l’institution elle-même ne se sont pas rendus complices d’une telle duplicité vis-à-vis de toute la classe politique qui a su garder patience par respect pour son indépendance !

Cette fuite en avant du MATD comme vous pouvez le constater, crée un imbroglio qui nous amène à nous poser la question de l’artiste : « On est où là » ? Dans un Etat de droit démocratique où le respect des lois et des institutions s’impose à tout le monde, ou bien sommes-nous toujours sous la férule des CDR dont on sait que le MATD Clément Sawadogo était un élément des plus zélés ?

Manifestement, le MATD s’est mis en tête d’arracher la majorité que le PAl a obtenu dans les communes de Kourouma et Batié pour les attribuer à son parti, le CDP. Pour ce faire, il renie ses engagements publics, se parjure et incite ses sous-fifres à bafouer la loi et le conseil constitutionnel. Il adopte la politique du fait accompli pour prétexter ensuite l’urgence qu’il y avait à mettre en place les organes des conseils municipaux dans les délais qui lui étaient impartis. Se peut-il qu’il soit plus pressé que la loi et le Conseil Constitutionnel ?

Excellence, Monsieur le Président du Faso

Nous sommes convaincus de la partialité du MATD, de son acharnement à faire gagner coûte que coûte la direction des communes à son parti le CDP au détriment du PAI, puisque dans la même période où il ordonnait à ses subordonnés de mettre en place les organes des communes de Batié et Kourouma sans attendre les corrections officielles du Conseil Constitutionnel, il a introduit la première fois, le 26 juillet, en conseil des ministres, un rapport sur une prétendue crise au conseil municipal de Pô où un conseiller du PAl a été élu maire aux dépens du candidat du CDP. Il faut croire que le MATD n’avait pas pu convaincre le conseil des ministres puisque celui-ci n’a pas pris de décision.

Le MATD a donc laissé passer un peu de temps pour corser son rapport le jeudi 07 septembre 2006 en soutenant que « malgré les efforts de rapprochement des différents protagonistes et des missions d’appui conseil, le sursis accordé au conseil municipal n’aura servi qu’à aggraver le blocage du fonctionnement du conseil municipal de Pô ».

En revisitant les faits, on peut dire que le MATD a caché la vérité afin de manipuler le conseil des ministres dans le but d’obtenir la décision de dissolution du conseil municipal de Pô.

Le scrutin du 23 avril 2006 a donné la majorité des conseillers, soit au CDP 35, contre 13 au PAl et 15 pour les autres partis ayant pris part au scrutin. Tout le monde pensait que le CDP s’adjugerait la mairie. Mais « contre toute attente, c’est au premier responsable du PAl dans cette zone, en l’occurrence Henri Koublzara, qu’échoit la présidence du conseil municipal. Et ce sont 35 conseillers qui le portent à la tête de la municipalité de Pô. Tout irrité, les perdants n’ont pas désarmé ; aiguillonnés par certaines leaders du CDP dans cette région, ils n’ont pas tari d’imagination pour mettre en œuvre une véritable stratégie de sape et de blocage des activités du conseil municipal ». Cf. l’Observateur Paalga no6721 du 11/9/2006 page 3.

Pour les leaders CDP de la région, la stratégie de sape a consisté à organiser l’absence des conseillers CDP aux réunions du conseil municipal qui étaient convoquées. C’est M. Zibaré, conseiller régional du CDP qui effectuait le déplacement de Ouagadougou sur Pô pour réunir en des prétendues séances de formation les conseillers CDP pour être sûr qu’ils ne se rendront pas aux sessions convoquées.

Malgré ces agissements, et avec le concours de notables et des sages de la ville de Pô, « à force de négociations et de pourparlers, Henri Koubizara avait réussi à faire entendre raison à une bonne partie des frondeurs, puisque le mercredi 06 septembre 2006 (veille de la dissolution), s’était tenue la première session du conseil municipal qui devait poursuivre ses travaux ce jeudi, lorsque le couperet est tombé » et l’Observateur Paalga cité de poursuivre. « ... le pouvoir était-il au parfum de tout cela et a pris malgré tout la décision de dissolution ? Ce n’est pas sûr ».

Excellence, Monsieur le Président,

Comme vous pouvez le constater, nous ne sommes pas les seuls au PAl à penser que le MATD a manipulé le conseil des ministres. Il a réussi la tromperie en faisant croire qu’il y avait une situation de crise à Pô. Pouvait-il y avoir un différent au sein d’un conseil municipal qui n’arrivait pas à se réunir faute de quorum ? Il y avait tout simplement de l’indiscipline organisée, une absence concertée des conseillers du CDP. Or, cet acte d’indiscipline est puni par les dispositions du décret 2006-20S/PRES/PM/MATO portant règlement-type du conseil des collectivités territoriales.

En effet, à l’article 48, il est stipulé : « Tout membre du conseil et tout membre de commissions est tenu d’assister aux réunions auxquelles il est convié » ; à l’article 49 « les absences non motivées aux sessions donnent lieu à des sanctions qui sont échelonnées comme suit :
- l’ avertissement,
- le blâme ».
à l’article 51 « l’avertissement est donné au conseiller après deux absences non justifiées aux sessions du conseil ».

Les responsables CDP de la région du Centre-sud, notamment M. Zibaré, par subjectivisme, ont organisé une faute collective des conseillers CDP de la commune de Pô. Ils savaient quelles sanctions ils encouraient lorsque la direction nationale du CDP a dépêché une mission conduite par M. Simon Compaoré pour le leur rappeler. Une mission du MATD s’est rendue sur le terrain pour à nouveau attirer leur attention.

C’est la raison pour laquelle d’honnêtes conseillers ont répondu aux convocations de la session des 6 et 7 septembre 2006, session légale et régulière selon l’article 32 qui stipule : « Le conseil ne peut valablement siéger que si les deux tiers des membres sont présents à l’ouverture de la session. Si le quorum n’est pas atteint, la séance est reportée à une date ultérieure qui ne peut excéder sept (07) jours. A cette seconde séance, la majorité absolue suffit. Si la majorité absolue n’est pas constatée, le président du conseil est tenu, dans un délai de sept jours, d’adresser un rapport à l’autorité de tutelle. L’autorité de tutelle dispose d’un délai de trente (30) jours pour réagir ».

Le Maire a scrupuleusement observé ces dispositions et en a fait rapport au MATD avant de convoquer la session des 6 et 7 septembre 2006 au cours de laquelle la majorité absolue des conseillers était présente.
Le MATD est donc mal fondé à déclarer illégale cette session, puisqu’il a reçu deux (2) rapports du maire auxquels il n’a pas encore réagi, et il doit savoir que le coup de téléphone même d’un Gouverneur ou d’un haut-commissaire ne saurait constituer une décision administrative.

Nous avons écouté ses déclarations pseudo-juridiques sur « Radio Goulou » à Pô. Nous en détenons l’enregistrement en français et mooré et le mettons au défi de les soutenir publiquement devant une juridiction administrative.
En effet, alors qu’il n’avait pas osé la moindre explication de la décision de dissolution du conseil municipal au cours du point de presse gouvernemental le 08 septembre 2006, le MATD s’est répandu en des propos erronés, tendancieux et même provocateurs. Il prétendra que c’était dans le but de donner l’information saine et vraie aux populations de Pô.

Pourquoi ne l’a-t-il pas fait le 08 septembre 2006 pour toute l’opinion, lui qui, en lieu et place, a préféré envoyer dans la ville de Pô un fort détachement du CRS. Il savait bien qu’il avait menti au conseil des ministres sur la situation, et que la décision de dissolution du conseil municipal était injuste et révoltante pour les populations de Pô. C’est pourquoi effrayé, il n’a pas hasardé la moindre explication le 08/09/2006, se contentant de marteler que la décision de dissolution était légale et que c’est l’article 252 qui a été appliqué.

A quelle faute le MATD a-t-il fait appliquer la sanction de dissolution prévue à l’article 252 ? Aux résultats de la première élection au suffrage direct, à savoir celle des conseillers dans les secteurs et villages ? Non, puisque cela n’est pas de son ressort mais relève du tribunal administratif de Manga auprès duquel il n’y a eu aucun recours dans ce sens. Est-ce donc aux résultats de la deuxième élection au suffrage indirect, c’est-à-dire celle du maire et de ses deux (02) adjoints présidée par le préfet qui en a fait rapport au MATD ? Certainement pas. Est-ce l’indiscipline caractérisée des élus CDP ? Non, puisqu’il n’en parle pas, ou du moins il en parle pour dire que le quorum des 2/3 n’ est pas atteint comme si cela était normal, accepté et légal.

L’application de l’article 252 est une sanction à tout le conseil municipal et pour quelle faute ? Dans quel But ? le MATD parle comme s’il n’y avait pas eu de majorité franche et confortable dans les deux (2) élections et qu’il faut renvoyer tout le monde devant les électeurs pour qu’ils tranchent. Les pauvres populations de PÔ sont victimes et pénalisées pour avoir donné la majorité à une bande d’irresponsables du CDP. Pour sortir de l’impasse, il devient clair qu’elles doivent donner une majorité de plus de 2/3 au PAl.

Il ne reste plus au MATD dans la situation qu’il a créée, de prier, soit pour que les populations comprennent ce message clair et votent massivement pour le PAI, soit que le PAl n’obtienne pas plus d’I/3 des élus car, au cas où le PAl obtiendrait 1/3 des conseillers + 1, le MATD peut être sûr que le quorum des 2/3 ne sera pas atteint au bénéfice du CDP et qu’il sera obligé d’introduire à nouveau un rapport pour dissoudre le conseil municipal.

C’est la voie qu’indique le MATD à tous ceux qui ne sont pas contents d’un maire élu ; c’est le procédé mis au point par les responsables locaux du CDP à Pô et qui a été jugé légal et bon pour le fonctionnement de nos communes. C’est facile, puisqu’il suffit d’organiser l’absence d’ 1/3 + 1 des conseillers, l’absentéisme n’étant plus puni. En tout état de cause, le décret de dissolution du conseil municipal de Pô fera jurisprudence. Le MATD et le conseil des ministres ont ouvert la brèche à l’instabilité dans le fonctionnement des conseils communaux en refusant d’accepter la règle de la majorité à Pô.

Le scénario de la remise en cause des organes élus des conseils municipaux par ce procédé inventé à Pô, et la reprise des élections chaque fois que cela se produira durant les cinq (5) années à venir est impensable n’est-ce pas ? C’est pourtant la première conséquence du décret de dissolution du conseil municipal de Pô. Cela crée désordre ; c’est donc mauvais.

En feignant d’oublier que c’est le MATD qui vous a fait signer par tromperie un décret qui fait désordre, il y aura des gens dans vos rangs pour accuser le PAl de subversion et d’incitation à créer l’instabilité dans le fonctionnement de nos nouvelles communes. Ils préconiseront la fermeté en encourageant le pouvoir à ne pas reculer. Qu’ils se rappellent que les supporters du 3ème président de ce pays lui avaient fait adopter comme slogan : « reculer c’est trahir, nous ne reculerons pas « . Tout le monde attend de lire ses mémoires pour savoir ce qu’il pense de ce conseil.

Le PAl a pensé donner sa contribution pour sortir de la situation inique et inconfortable en introduisant un recours pour abus de pouvoir contre le décret de dissolution du conseil municipal de PÔ. Il est même assuré du soutien des autres partis concernés.

Cependant, il craint de tomber sur des « juges acquis » hermétiquement fermés à toute démarche républicaine du genre. Ils sont nombreux dans les tribunaux administratifs, ces magistrats qui sont convaincus que c’est bien servir le régime que de rejeter bêtement les recours qui leur sont soumis. Il y en a même qui refusent de juger les affaires, parce qu’il est évident que le jugement ne sera pas favorable au CDP ; le juge Somé Ildebert du tribunal administratif de Bobo-Dioulasso en est une belle illustration, lui qui s’est évanoui dans la nature pour ne pas avoir à se prononcer sur l’affaire de Kourouma où, au sortir des élections du 23 avril 2006 le PAl a obtenu 17 conseillers contre 14 au CDP, la CENI et le Conseil Constitutionnel ayant décidé d’inverser l’ordre des PV encore en dépôt à la préfecture de Kourouma.

Personne ne s’émeut de ce comportement au niveau du Conseil supérieur de la magistrature, et le PAl se demande s’il ne faut pas changer de tactique républicaine : laisser donc ce mauvais décret publié tel quel et s’engouffrer dans la brèche qu’il crée pour bloquer le fonctionnement d’au moins une dizaine de communes ; D’autres partis politiques pourraient en faire de même et il n’est même pas exclu que là où le CDP a tous les conseillers, il y ait des frondeurs comme à Pô susceptibles de créer la même situation. En poussant jusqu’à l’absurde de la logique enclenchée à PÔ, tout le monde pourra aisément se rendre compte que le décret est mauvais et qu’il doit être rapporté.

excellence, Monsieur le Président,

Le MATD a détourné au profit de son parti les prérogatives de l’article 3 du décret 2006/PRES/PM/MATD ; il a violé la loi et incité ses subordonnés à en faire autant ; Il a bafoué le conseil constitutionnel en ne respectant pas ses décisions. En se conduisant de la sorte, il a porté préjudice au PAl en lui volant la majorité acquise dans les communes de Kourouma et de Batié. En vous cachant la vérité, il vous a induit en erreur pour obtenir par décret la dissolution du conseil municipal de Pô où le PAl avait démocratiquement obtenu le poste de maire.

Le PAl attend à nouveau de vous que vous usiez de vos prérogatives constitutionnelles afin :
- d’obtenir du Conseil Constitutionnel qu’il livre enfin les résultats définitifs rectifiés du scrutin du 23 avril 2006 en publiant le fameux tableau tant attendu ;
- de reprendre l’élection du maire et la mise en place des organes des conseils municipaux de Kourouma et de Batié sur la dernière base légale des résultats du scrutin du 23 avril 2006 ; de rapporter le décret de dissolution du conseil municipal de Pô.

Les responsables que vous avez commis à la décentralisation et à la communalisation intégrale que sont l’actuel MATD et son prédécesseur, de même que le président de la CENI, ne se sont pas comportés en serviteurs de la république et de la démocratie. Ils se sont révélés en dessous de leur charge par leur carence et leur suffisance ; ils se pavanent avec l’arrogance et l’insolence de gens repus de l’abus de biens sociaux, assurés qu’ils sont que vous couvrez toutes leurs forfaitures.

Votre responsabilité est gravement engagée par les nombreux décrets que vous avez signés. Il est souhaitable et il est grand temps que vous donniez la preuve de votre attachement à la transparence et à l’équité dans notre processus démocratique.

Monsieur le Président, veuillez agréer, l’expression de notre très haute considération.

Pour le Bureau Exécutif Central

Le Secrétaire général,
Soumane Touré

Sidwaya

P.-S.

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Municipales 2006

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Vos commentaires

  • Le 16 octobre 2006 à 22:24 En réponse à : > Mise en place des conseils municipaux : Le PAI dénonce des cas « illégaux »

    Pouvez-vous nous éclairer sur ce débauchage des deux conseillers (PAI et UNDD) ? Avez-vous vraiment une certitude sur cette pratique ? Le cas échéant, ce serait une grave atteinte à la démocratie. Avez-vous la preuve du "magot" et que revêt cette notion générique ? Drissa.

    • Le 17 octobre 2006 à 07:22 En réponse à : > Mise en place des conseils municipaux : Le PAI dénonce des cas « illégaux »

      Cher monsieur, vous ne posez absolument pas les bonnes questions a l’auteur de cet ecrit et en plus vos questions ne sont pas addressees a la bonne personne ! A mon humble avis, la bonne question serait de savoir pourquoi de tels agissements de la part des elus d’un parti qui ne sont d’ailleurs pas a leur premier agissement du genre (le cas de bobo-dioulasso n’a donc pas ete un non evenement !). ;

      Un sympathisant du CDP, mais qui aime gagner de la maniere la plus honnete qui soit !

      Amicalement

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