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Taipeh ou Pékin ? : Les chinoiseries de la diplomatie burkinabè

Publié le samedi 14 octobre 2006 à 07h15min

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James Chih-Fang Huang et Blaise Compaoré

Quelle est la réalité des relations entre le Burkina et la Chine de Taiwan ? Cette question, personne ne se la serait posée il y a seulement quelques années, tant tout allait bien entre les deux pays. Aujourd’hui, par contre, cette interrogation vaut son pesant d’or, surtout après la création du Forum d’amitié sino-burkinabè.

Cette structure est une initiative de quelques Burkinabè qui souhaitent la réorientation de notre diplomatie en faveur de Pékin. Sans être une émanation de l’Administration publique, ce Forum n’a pas moins bénéficié de sa complicité.

En effet, à observer les mouvements de couloirs ces derniers temps, on peut se demander si le pays des Hommes intègres n’est pas à un nouveau virage dans la conduite de sa diplomatie en direction des deux Chine. Il y a juste quelques jours, des Chinois de Pékin ont foulé le sol burkinabè pour « consolider les relations d’amitié entre le peuple du Burkina et celui de la République populaire de Chine ». Ouagadougou ne leur a certes pas déroulé le tapis rouge, mais les membres de la délégation ont eu droit à des honneurs qui traduisent bien l’intérêt que le Burkina accorde à leur visite.

Dans un monde où l’économie tient souvent le politique, avoir des entretiens avec les « nopérateurs économiques » du Burkina est bien la preuve qu’en haut lieu on accorde une certaine importance, sinon une importance certaine, au séjour de ces Chinois au Burkina. Cela peut-il être le signe avant-coureur d’un retour en force de la Chine Pop’ au Faso ?

Certains y croient dur comme fer, estimant que la diplomatie burkinabè ne peut pas continuer à bouder l’une des premières puissances politiques et économiques du monde, surtout que ce géant d’Asie sera encore plus puissant demain.

C’est l’une des raisons pour lesquelles même les grandes nations occidentales font tout pour ne pas entrer en conflit ouvert avec ce géant asiatique de plus d’un milliard d’habitants. Le Burkina commence-t-il aussi à comprendre cette réalité ? Oui, pourrait-on répondre, lui qui tente lentement mais sûrement de reconquérir le cur des communistes de Pékin. Que nenni ! semble répliquer la diplomatie burkinabè.

Le ministère des Affaires étrangères et de la Coopération régionale s’est même fendu d’un communiqué pour démentir toute remise en cause des relations entre notre pays et Taiwan. Les services de Youssouf Ouédraogo, le chef de la diplomatie burkinabè, précisent que nos relations sont au beau fixe ; et que les autorités du Faso continuent même d’utiliser toutes les tribunes internationales pour plaider la cause de Taipeh. Ce fut le cas lors de la dernière Assemblée générale des Nations unies à New York.

Le communiqué indique par ailleurs que les instruments de coopération comme les grandes commissions mixtes entre les deux États tiennent régulièrement leurs sessions. Pour tout dire, il n’y a rien au village. C’est un bel exercice qui vaut ce qu’il vaut car la diplomatie est par excellence le lieu de la langue de bois.

Personne ne s’attend à ce que le ministère en charge des Affaires étrangères confirme les intentions que l’on prête à nos autorités de lâcher Taipeh pour Pékin. Youssouf Ouédraogo a beau apporter un tel démenti, les supputations continuent. On a encore en mémoire les conditions dans lesquelles le Burkina a fait le virage diplomatique à 180 degrés en 1994 pour reconnaître la Chine Taipeh. La veille de cette importante décision, Ouagadougou et Pékin n’étaient-elles pas en phase ? En tout cas, ils dénonçaient ensemble « l’impérialisme occidental et le néocolonialisme ». Cela n’a pas empêché le revirement en question.

Du reste, à lire entre les lignes dudit communiqué, rien n’est à exclure. Visiblement, la diplomatie burkinabè est en train de se chercher dans ses chinoiseries.

Adam Igor

Journal du jeudi

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Vos commentaires

  • Le 14 octobre 2006 à 12:31 En réponse à : > Taipeh ou Pékin ? : Les chinoiseries de la diplomatie burkinabè

    Quelle est la réalité des relations entre le Burkina et la Chine de Taiwan ? Franchement cette question devient troublante de jour en jour. On ne sait vraiment pas ou le gouvernement Burkinabe veut nous mener. Malgre les differentes explications du ministere des affaires etrangeres, les choses ne sont pas tres claires ; surtout que M. Jean de Dieu Somda soutien :"...nous n’avons jamais rompu avec Pékin, c’est Pékin qui a suspendu ses relations..." ajoute : "quand on tend une main, il faut une autre afin que vous puissiez vous saluer."
    c’est comme s’il y’avait anguille sous roche.
    Dans tous les cas, il serait mieux que le gouvernement joue clair au jeu, et soit franc dans cette histoire pour mettre le peuple au courant de ses intentions avant d’engager toute initiative.

  • Le 14 octobre 2006 à 22:23, par KALMOGO En réponse à : > Taipeh ou Pékin ? : Les chinoiseries de la diplomatie burkinabè

    Taipeh ou Pékin ?Réponse : Taipeh ET Pékin. Telle est ma réponse à votre intérrogation car, je pense que Notre pays a le droit absolu d’entretenir de bonnes rélations entre les deux. Il n’y a aucun inconvenient et je pense que ni Taipeh ni Pékin ne verra d’inconvenient à cela !N’est ce pas Pékin ? N’est ce pas Taipeh ?
    C’est en tout cas la vision que j’ai : Entretenir un partenariat sein et dynamique entre Taipeh et Pékin.

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