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Odile Bonkoungou (Education ) : “Des investigations ont permis d’annuler le concours des instituteurs principaux"

Publié le jeudi 12 octobre 2006 à 08h06min

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Odile Bonkoungou, ministre de l’Education de base et de l’Alphabétisation

C’est aux termes du décret n°2005-464 /PRES/PM du 5 septembre 2005 portant remaniement du gouvernement du Burkina Faso que Mme Odile Marie BONKOUNGOU / BALIMA a été nommée à la tête du ministère de l’Enseignement de base et de l’Alphabétisation (MEBA).

Le MEBA, le plus gros employeur de l’Etat, occupe une place de choix dans la politique gouvernementale quand on sait que l’éducation, la scolarisation et l’alphabétisation restent des défis majeurs pour notre pays.

La position que le Burkina occupe dans le classement du PNUD ne dépend-elle pas en partie des performances de ces secteurs (Education, scolarisation, alphabétisation...) ? Un an, un mois après sa nomination, comment se porte le MEBA ? Quelles sont les actions entreprises pour améliorer la qualité de l’enseignement ? Comment se porte le PDDEB ? C’est entre autres questions que nous avons posées à Mme la ministre, qui a bien voulu nous recevoir.

Mme la ministre, cela fait un an, un mois que vous êtes à la tête du MEBA. Si on vous demandait de faire un « petit » bilan de votre action ?

Odile Marie BONKOUNGOU (OMB) : C’est vrai, cela fait déjà un an que je suis à la tête du ministère. Je peux dire que des réalisations ont été faites quand on sait qu’à mon arrivée, le plan d’action 2005 qui était pratiquement bloqué a connu un dénouement grâce aux concertations soutenues que nous avons eues avec les partenaires techniques et financiers. Ce qui nous a permis courant décembre 2005 de disposer d’un plan d’action prioritaire pour finir l’année. Nous avons également pu amorcer le processus d’élaboration de la deuxième phase du PDDEB, bien sûr, après avoir fait un bilan de la première phase. Globalement, c’est un bilan satisfaisant.

Ce qui nous permet d’ailleurs de tirer des leçons, des enseignements de cette première phase pour espérer des résultats encore meilleurs au terme de la deuxième phase du PDDEB. A côté de ces actions majeures que nous avons menées, il y a le quotidien qui absorbe également beaucoup de temps. C’est ainsi que nous nous sommes engagés dans un processus de mise en œuvre effective du décret portant organisation du MEBA à travers la prise des arrêtés organisant les différentes structures.

Dans le cadre de leur application, nous aurons l’occasion de voir les insuffisances et de voir ce qui peut-être fait pour les corriger. Je m’en voudrais également de ne pas citer la mise en œuvre des cadres de concertations qui existent au niveau du MEBA et qui sont entre autres les différentes conférences que nous avons pu organiser (conférence des encadreurs, conférence des personnels d’administration et de gestion...).

Actuellement, nous sommes sur le processus d’accélération dans la réalisation des infrastructures éducatives à travers les écoles que nous construisons dans le cadre du plan d’action prioritaire dont je parlais et également dans le cadre de certains projets que nous avons au niveau du ministère comme le projet BID.

Nous venons d’effectuer la rentrée scolaire 2006-2007 et nous pensons que de façon globale, cette rentrée s’est bien effectuée.

Comment jugez-vous les résultats de l’année scolaire écoulée ?

OMB : Les résultats de l’année scolaire écoulée sont également satisfaisants. 69% environ de taux de réussite au CEP, je pense que c’est de bons résultats. L’essentiel pour nous, ou si vous voulez le goulot d’étranglement que nous avons, c’est de faire en sorte que beaucoup d’élèves admis au CEP et à l’entrée en 6e puissent accéder au cycle secondaire.

La qualité de l’enseignement dépend aussi et surtout de la formation des enseignants. Qu’est-ce qui est fait dans ce sens ?

OMB : La qualité de l’éducation passe bien sûr par la formation des enseignants et c’est pour cela que, si vous vous rappelez bien l’histoire que nous avons connue en matière de recrutement des enseignants, nous avons eu, à un moment donné, recours à des enseignants recrutés sur la base du BEPC. Cette pratique a montré ses limites. C’était des agents avec le BEPC qui sont formés en 2, 3 mois et affectés dans les classes. A l’heure actuelle, nous avons des enseignants qui suivent une formation initiale dans les ENEP et je crois que cela est un pas qualitatif. Et les efforts seront poursuivis pour améliorer la qualité de la formation des enseignants y compris la formation continue.

Le 11 septembre dernier, vous avez rencontré les nouveaux instituteurs adjoints certifiés à qui vous avez octroyé des avances sur salaires et des trousseaux d’installation. Qu’est-ce qui explique cette décision ? Est-ce une « touche » BONKOUNGOU ?

OMB : Cette rencontre participe de la volonté du ministère d’apporter outre la motivation financière, une motivation morale aux enseignants du primaire. J’ai pu effectivement me rendre compte que ce besoin était réel au niveau des enseignants à l’issue des tournées que j’ai effectuées à travers les 13 régions du pays. Je me suis rendue compte que les enseignants représentent une catégorie d’agents de la Fonction publique animés d’une bonne volonté de faire correctement leur travail, mais confrontés à des difficultés, pour lesquelles très souvent, ils n’ont pas de solutions.

Au regard de ces difficultés, ils ont besoin de savoir que les autorités sont là pour les accompagner dans l’exercice de leur fonction, que les autorités sont là pour apprécier le travail qu’ils effectuent au quotidien. C’est pour cela que j’ai tenu à rencontrer ces jeunes enseignants pour leur témoigner tous mes encouragements et surtout leur dire ce que le ministère est en train de faire pour les accompagner.

Dans cette dynamique, nous avons pu leur faire des avances de salaires et aussi leur remettre le minimum de matériel didactique dont ils ont besoin pour commencer leur carrière professionnelle. Je crois que chacun de nous a été un agent de la Fonction publique, et ce n’est pas facile quand vous démarrez mal votre carrière. C’est pour toutes ces raisons que nous avons tenu à les rencontrer.

Le personnel enseignant du MEBA est-il suffisant ?

OMB : Oui, et non ! Oui au regard des infrastructures éducatives existantes. Au regard du nombre de classes que nous avons, en principe le nombre d’enseignants disponibles suffit largement pour couvrir toutes les écoles. En cela, je dis que le nombre d’enseignants est suffisant. Non, au regard du nombre d’enfants en âge d’aller à l’école mais qui n’ont pas encore cette chance faute d’infrastructures éducatives. Et c’est pour cela que dans le cadre de la politique sectorielle du ministère, annuellement il est procédé à des recrutements en fonction des besoins exprimés par les structures déconcentrées du ministère.

Mme la ministre, de plus en plus, on remarque que des enseignants désertent leurs postes. On entend les communiqués à la radio. Qu’est-ce que cela vous fait ?

OMB : Cela me fait un pincement au cœur. Un enseignant qui abandonne une classe, c’est une centaine d’élèves qui se trouvent abandonnés, avec toutes les conséquences qui en découlent. Pour nous, il est urgent de rechercher les causes de ces abandons. Je veux bien qu’un enseignant qui a été recruté et qui ne se sent pas en mesure d’accomplir la mission puisse demander un congé. Mais, il y a une procédure pour cela !

En revanche, lorsqu’un enseignant quitte son poste pour rejoindre le chef-lieu de sa région ou de sa province, ou Ouagadougou pour des questions de suivi de carrière, je pense que le ministère doit absolument trouver une réponse à cette question. Pour l’instant, nous sommes en train de rechercher les différentes causes de ces abandons de postes afin de réfléchir sur les solutions appropriées.

Vous avez effectué des tournées à travers le pays pour rencontrer les acteurs sur le terrain. Quel bilan pouvez-vous faire ? Est-ce que le message est passé ?

OMB : Le message est passé. Parce qu’à l’occasion de ces rencontres, j’ai pu mesurer la satisfaction au niveau des différents acteurs. Qu’il s’agisse des organisations syndicales, des associations des parents d’élèves... ces rencontres ont prouvé toute leur pertinence.
A l’heure actuelle, nous disposons du bilan de ces rencontres, avec les difficultés qui ont été soulevées, de même que les propositions de solutions, et autres recommandations.

Quels sont vos rapports avec les organisations syndicales des enseignants ?

OMB : Je pense que nos rapports sont bons jusqu’à preuve du contraire. Pour moi, ce qui fait les bonnes relations avec les organisations syndicales, c’est d’accepter les écouter. Bref, le dialogue permanent et aussi l’attention portée aux problèmes et difficultés soulevés. Pour ma part, j’ai toujours réitéré aux organisations syndicales ma disponibilité pour le dialogue et des concertations permanentes afin qu’ensemble, nous puissions rechercher les solutions.

L’organisation de certains concours a défrayé la chronique. Comment avez-vous vécu la situation ?

OMB : J’ai vécu la situation avec sérénité pour une raison bien simple : j’ai travaillé au ministère de la Fonction publique et je connais parfaitement la question des concours. Je sais que c’est une question très sensible et très délicate. Mais ce n’est pas pour autant qu’il faut paniquer ou être perturbé lorsque des problèmes se posent dans ce domaine. Il suffit tout simplement d’analyser la situation et appliquer les textes. S’il y a des fraudes, on annule ces concours. C’est ce qui nous avait été dit.

Mais des investigations ont été faites par la Fonction publique là où les dispositions légales et réglementaires n’ont pas été appliquées, les mesures qui s’imposent ont été prises. C’est pour cela que le concours de recrutement des instituteurs principaux a été annulé. Pour les autres concours, nous n’avons pas eu de preuves qu’il y a eu effectivement fraude et si malgré la publication des résultats, ces preuves étaient avérées, nous allons prendre les mesures qui s’imposent en fonction des textes.

Comment se porte le PDDEB ?

OMB : Le PDDEB, c’est quoi ? C’est le Plan décennal de développement de l’éducation de base et c’est une politique sectorielle adoptée depuis 1999 mais qui a connu réellement une application à partir de 2001. C’est vrai, en 2005, les problèmes ont commencé à se poser, notamment en ce qui concerne la réalisation des infrastructures éducatives. A l’heure où je vous parle, nous n’avons pas apporté toutes les solutions soulevées par rapport à ces infrastructures de 2003 et de 2004. Mais des dispositions sont en cours pour leur résolution (tout se fait dans le cadre du PDDEB).

Même les infrastructures du projet BID qui ont été réalisées et que nous avons pu inaugurer à l’occasion de la rentrée scolaire participent de la mise en œuvre du PDDEB. Je crois qu’il ne faut pas avoir une vision erronée et restrictive du PDDEB.

Quel regard les partenaires techniques et financiers portent sur le PDDEB. Il semble qu’ils hésitent à délier le cordon de la bourse, est-ce vrai ?

OMB : Pas du tout ! Je vous ai dit que le plan d’action 2005 a connu des difficultés d’application, mais Dieu merci, vers la fin de l’année, il y a eu un dénouement heureux grâce justement à cet accompagnement des partenaires. Quand il y a des problèmes, il faut chercher les solutions et c’est ce que nous avons fait. Aujourd’hui, les partenaires qui ont fait des annonces de décaissement ont effectivement décaissé la première tranche qui doit servir à la mise en œuvre du plan d’action 2006. La deuxième tranche de décaissement est assortie d’un certain nombre de conditions que nous sommes en train de remplir.

Nous n’avons donc aucun problème avec les partenaires techniques et financiers pour ce qui est de la mise en œuvre du PDDEB. Nous avons même de réunions hebdomadaires, périodiques avec les partenaires pour voir l’état d’avancement des actions y relatives... Les difficultés rencontrées étaient entre autres liées aux lourdeurs administratives et aux lourdeurs dans les procédures.
Et de concert avec les partenaires nous avons pu trouver un nouveau mécanisme intitulé le compte d’affectation spéciale du trésor. Ce compte nous permet de gérer les ressources extérieures conformément à nos procédures nationales.

Pour les appels d’offres par exemple, nous n’avons plus besoin d’attendre l’avis de non-objection d’un bailleur avant d’attribuer un marché. Les avis de non-objection prennent énormément de temps avec toutes les conséquences qui en découlent. A l’heure actuelle, ce n’est plus le cas. Nous travaillons maintenant sur la base de ce nouveau dispositif. Je pense que les choses doivent aller mieux.

Le projet « construction des écoles » vient de bénéficier du Japon de 4 milliards de francs CFA. Comment ce projet se traduit sur le terrain et quelles sont les provinces bénéficiaires ?

OMB : En fait, ce n’est pas une nouveauté. Dans le cadre de la coopération bilatérale, le Burkina Faso et le Japon entretiennent de très bonnes relations dans le domaine de l’éducation.
Les 4 milliards que nous venons de recevoir entrent en droite ligne de cette coopération. Avec le Japon, il n’y a pas de provinces ciblées mais les réalisations se font au regard de la carte éducative nationale. Une programmation est faite en collaboration avec le Japon pour la réalisation de ces différentes infrastructures éducatives.

Quel regard portez-vous sur l’éducation non-formelle, les écoles satellites, les écoles bilingues... ?

OMB : Pour ce qui est de l’alphabétisation et de l’éducation non-formelle en général, nous avons encore d’énormes efforts à faire. Nous avons eu l’impression qu’au cours de la première phase du PDDEB, ce volet n’a vraiment pas pu obtenir les ressources nécessaires pour une bonne réalisation des activités. Mais, avec la mise en place du FONAEF, il y a des progrès qui ont été réalisés compte tenu de la vision actuelle qui repose sur la stratégie « faire faire ».

C’est-à-dire que ce n’est pas l’Etat qui mène des activités d’alphabétisation mais l’Etat accompagne des opérateurs privés pour les activités. Nous pensons que dans le cadre de la 2e phase du PDDEB, aussi bien l’alphabétisation, l’éducation non-formelle que les écoles bilingues occupent une place de choix.
Il y a des progrès notables, mais nous pouvons encore mieux faire si nous nous organisons mieux.

L’école obligatoire et gratuite est-elle envisageable au Burkina comme le prévoit le programme quinquennal du président du Faso ?

OMB : Si la gratuité de l’école est inscrite dans le programme du chef de l’Etat, c’est parce que cela est faisable. Sinon, il n’en parlerait pas dans ce programme. Du reste, actuellement au niveau du MEBA, vous savez que les manuels sont distribués gratuitement, les fournitures scolaires le sont également et pour ce qui est des cotisations des parents d’élèves, l’Etat aussi supporte une partie (cotisations des filles). Au regard donc des actions qui sont déjà menées, la gratuité de l’école est bien possible au Burkina et des actions seront engagées dans ce sens.

Quelle place occupe le privé dans l’enseignement de base ? Etes-vous satisfaites de sa contribution ?

OMB : Le privé occupe une place prépondérante dans l’enseignement primaire. On ne peut pas penser une éducation pour tous sans impliquer le privé. On ne peut pas imaginer aujourd’hui un système éducatif sans l’enseignement privé.

Et c’est d’ailleurs pour cela qu’au niveau du ministère, nous avons toute une structure qui s’occupe de l’enseignement de base privé. Les initiatives sont très louables au niveau du privé, mais les initiateurs ont besoin d’un accompagnement de l’Etat. Il y a des cadres de concertations qui nous permettent de voir ce qui se passe.

L’éducation des filles, un challenge. Avez-vous des actions spécifiques dans ce sens ?

OMB : En matière d’éducation des filles, les défis restent encore très nombreux.
En dépit des efforts faits, nous avons encore plusieurs défis à relever à ce niveau. Et je salue d’ailleurs, l’engagement récent du gouvernement américain pour l’éducation des filles. Ce nouveau partenariat avec les Américains nous permettra d’avancer dans la scolarisation des filles. Au niveau du PDDEB, il y a aussi des actions spécifiques en faveur de l’éducation des filles.
Chaque année, il y a la campagne massive de scolarisation des filles que nous organisons pour sensibiliser les parents qui sont encore hésitants.

Autre chose maintenant Mme la ministre. La participation politique des femmes est un sujet qui intéresse. On propose même un quota de 30%. Quel est votre point de vue sur la question ?

OMB : Je suis d’avis que les femmes doivent faire la politique. Je sais aussi que ce n’est pas facile pour les femmes de s’engager dans la vie politique. Mais ce n’est pas une raison aussi pour ne pas s’engager. Instituer un quota pour les femmes peut être bien, mais je ne sais pas si les femmes elles-mêmes doivent se battre pour un quota. Je pense qu’il faut se battre et s’attaquer aux obstacles que les femmes rencontrent.

J’ai ouie dire qu’en France, il y a une loi qui fixe un quota pour les femmes mais ce n’est pas respecté par les partis politiques. Donc, pour les pays en voie de développement, je me demande ce que ça pourra donner. Je me réjouis de voir que les femmes se battent et je pense que c’est ainsi que nous allons occuper les places qui nous reviennent.

Mme la ministre, cela peut paraître comme un stéréotype. Mais on dit souvent que c’est difficile de travailler avec une femme comme patron (ministre par exemple). Votre commentaire ?

OMB : (Rires ...). Je ne peux pas répondre... Faites un micro trottoir (rires) vous avez le DCPM qui est à côté !
Je ne pense pas que c’est difficile de travailler avec une femme comme patron comme vous le dites. Moi j’ai eu à travailler avec une femme comme ministre, mais j’ai aimé ses méthodes de travail, la rigueur. Et d’une manière générale, les femmes c’est la rigueur. Maintenant, les études peuvent varier d’une femme à une autre. En ce qui me concerne, certains collaborateurs trouvent que parfois je fais peur (rires). Mais c’est peut-être des incompréhensions. Je peux les rassurer en disant que moi j’aime le travail bien fait.

Pour ce qui est de mes collaborateurs, je veux quand on confie un travail, il faut bien le faire et dans les délais. Sinon je ne sais pas ce que c’est que la rancune, on peut faire la bagarre tout de suite mais dans les minutes qui suivent, c’est fini ! Mais quand je vois quelque chose qui n’est pas bien je peux me fâcher et c’est normal, ce n’est pas parce qu’on est un supérieur hiérarchique qu’il ne faut pas se fâcher. Mais, il faut toujours œuvrer à rétablir la confiance.

De plus en plus les femmes se positionnent au-devant des affaires (en politique, dans l’économie...). Comment expliquez-vous cette montée en puissance des femmes ?

OMB : C’est le cours normal des choses, qu’est-ce que vous croyez ? (rires). Il faut accepter la donne. C’est le cours normal des choses. Il faut que les femmes gardent ce cap et redoublent d’efforts. Vous voyez aujourd’hui avec l’alphabétisation, les femmes deviennent de plus en plus indépendantes au plan économique.

Toute cette politique de micro-finance, ce sont les femmes qui s’y intéressent. Et quand nous, femmes intellectuelles, nous voyons ces changements positifs, nous ne pouvons que nous battre davantage pour encourager ces femmes en milieu rural. C’est donc le cours normal des choses et je n’ai pas d’explications particulières à donner à cette montée en puissance des femmes comme vous le dites.

Comment arrivez-vous à concilier cette haute fonction de ministre et la vie familiale ? Est-ce qu’il n’y a pas un côté qui prend un coup dur ?

OMB : Ce n’est pas facile. Mais la tension baisse au fur et à mesure que vous avancez. Quand vous avez des enfants en bas-âge, quand vous avez les parents, le mari... la gestion du foyer, j’avoue que ce n’est pas facile. Personnellement, je sais que mon foyer prend un coup. Mais au niveau de la famille, c’est toujours à travers le dialogue qu’on peut résoudre les problèmes qui se posent. Sinon, ce n’est pas facile.

Il semble que vous avez de grands champs d’arachides dans le Boulgou. Est-ce vrai ?

OMB : (Rires). Non, c’est faux. Pour le moment je n’ai pas de champs d’arachides. Mais, ça pourrait venir et pas forcément un champ d’arachides.

Votre appréciation sur l’organisation de la fête de l’arachide ?

OMB : C’est une très bonne initiative. Malheureusement, je suis de la région, mais je n’ai pas encore pu participer à cette activité. Toutefois je suis de cœur avec l’initiatrice et je soutiens son activité. Si la fête de l’arachide n’avait pas été créée, il fallait la créer, parce qu’elle permet de voir les potentialités de la région en la matière. Cela est important pour la région et le pays.

Interview réalisée par Idrissa BIRBA

L’Opinion

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Vos commentaires

  • Le 22 octobre 2006 à 14:52 En réponse à : > Odile Bonkoungou (Education ) : “Des investigations ont permis d’annuler le concours des instituteurs principaux"

    Très bonne analyse d’un Ministre qui sait de quoi elle parle ; Elle m’a, personnellement, instruit sur le fonctionnement organisationnel du MEBA. Le Burkina Faso a, incontestablement, besoin de compétences professionnelles, à l’instar de celles de Mme Odile BOUNKOUGOU en amont. En aval, les structures qui ont été sus-visées doivent pouvoir assurer le contrôle, et, surtout, la réalisation effective de ces différents programmes éducationnels. Bonne chance à cette dame que l’on peut, sans grand risque de se tromper, considérer comme une femme de dossiers concrets et maîtrisés. Il convient d’évoquer la notion de compétences, que de s’apitoyer sur la règle de quota qui ne valorisera, certainement pas, toutes les femmes. Ne dit-on pas que la femme, même sans aucune compétence particulière porte, non seulement, l’autre moitié du monde mais, également, est garante de sa survie par le truchement, notamment, de l’enfantement. Dans ces conditions, la règle du quotas est, indubitablement, une hérésie en politique. Mme BONKOUNGOU a su , d’ailleurs, le dire, avec des mots justes et intelligents, à l’occasion de cette brillante interview. Paul Kéré, France.

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