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Rémi F. Dandjinou (Canal3) : " Nous allons réaliser un journal télévisé d’ici l’année 2007 "

Publié le mercredi 11 octobre 2006 à 07h51min

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Rémi Dandjinou

La trentaine bien sonnée et passionné de communication, Rémi F. Dandjinou, l’air toujours jovial et serein, est le directeur des Programmes de la chaîne de télévision privée Canal 3, émettant sur Ouagadougou et Bobo-Dioulasso. En ce début du mois d’octobre, "La télévision qui nous ressemble", le slogan de cette station, pour laquelle il est visiblement fier de servir, entame sa rentrée télévisuelle.

Plus que jamais une tradition. Pour en savoir plus sur cet événement, la vie de cette structure de production audiovisuelle depuis sa création... nous nous sommes entretenus avec cet homme de média le jeudi 5 octobre dernier à "Simonville".

28 décembre 2002 - 28 décembre 2006. Cela fera bientôt quatre ans jour pour jour que Canal 3 a été lancée. Comment se porte "la télévision qui nous ressemble" après sa venue dans le paysage médiatique burkinabè ?

• Canal 3 se porte relativement bien. De nos jours, c’est une chaîne qui est diffusée en simultanée sur Ouaga et Bobo. Dans le même temps, c’est une télé qui compte à son actif une quarantaine d’employés et un programme de diffusion en continue 7 jours sur 7, de 7h à 1h du matin. Canal 3, c’est également une présence dans l’espace audiovisuel burkinabè qui lui donne environ 39% de l’audimat cumulé sur les villes de Ouaga et de Bobo. Existant depuis bientôt 4 ans, Canal 3 est une télévision qui a quand même fait du chemin et qui est sur le point de devenir d’après ce que certaines enquêtes disent, la deuxième télévision la plus suivie tous canaux de diffusion confondus au pays des hommes intègres.

Vous entamez en ce début du mois d’octobre 2006, une rentrée télévisuelle. Est-ce pour faire comme la Télévision nationale du Burkina (TNB) ?

• (Rires !) Sans trop m’aventurer, je dirai tout simplement que la TNB a fait comme Canal 3. Si vous vous referez aux archives de certains journaux de la place datant des mois d’octobre 2004 et 2005, vous verrez que chaque année, depuis sa création, Canal 3 fait une rentrée télévisuelle.

Il est vrai que la TNB a ses moyens en ce sens que c’est un tapage médiatique, mais il est dans notre coutume depuis qu’on a lancé "la télévision qui nous ressemble", d’avoir deux grilles de programmes : une concernant la rentrée qui va d’octobre à mai et une autre pour les vacances qui couvre la période de juin à septembre.

La première grille citée est la principale et c’est au travers de celle-ci qu’on essaie nos innovations. Mieux, elle correspond à notre rentrée télévisuelle chaque année. Pour tout dire, ce n’est pas pour faire comme la TNB, mais plutôt pour respecter la tradition depuis la création de Canal 3.

Et sous quel signe cette rentrée télévisuelle est-elle placée ?

• Cette rentrée télévisuelle est on ne peut plus importante pour nous qu’on a opéré un changement majeur. Au début et en terme de logo, Canal 3 c’était la représentation du Burkina stylisée avec les trois couleurs que sont le rouge, le jaune et le vert. C’est vrai que c’est un logo qui était facile à reconnaître mais en terme de traitement numérique, il était relativement chargé.

Ce qui explique qu’on a évolué vers une forme beaucoup plus simple qui répond à la tendance universelle qui veut que les logos du monde télévisuel soient des choses simples. On a maintenant Canal 3 écrit en lettres simples en bleu et blanc avec le chiffre 3 dans un cube. Pourquoi ces couleurs ? Je dirai que ce sont des couleurs symboliques. Tout le monde sait que le bleu, c’est la couleur par essence de la communication et le blanc, celle de l’espace d’unité et de prise de parole.

Et s’agissant des notions d’espace d’unité et de prise de parole, Canal 3, depuis sa création, a fait ses preuves en la matière de par son traitement de l’information de proximité et la parole donnée aux téléspectateurs. Avec le soutien du groupe Fadoul, nous travaillons en plus de cela à faire de Canal 3, une télévision privée rentable. On n’est pas rentable pour le moment, mais si nous continuons sur cette lancée, dans les années à venir, on parviendra à couvrir entièrement nos frais.

Concrètement, pour la présente rentrée télévisuelle, quelles sont les innovations que votre chaîne va observer ?

• Il n’y a pas mal d’innovations. Au niveau du traitement des informations, il faut dire que d’ici à 2007, on va lancer un journal télévisé. Ce qui veut dire que notre équipe s’est renforcée et que le traitement de l’actualité reste notre axe principal. Il y aura aussi des grands reportages. Etant donné que maintenant nous avons une équipe renforcée, on a demandé aux journalistes de s’investir dans certains sujets tels la délinquance, la profession, qui peuvent intéresser les téléspectateurs.

En ce qui concerne les magazines, on a reconduit certains qui, au regard des thèmes qui y sont développés, peuvent intéresser les téléspectateurs même si ce sont des émissions qu’on trouve lourdes. On peut citer un magazine féminin "Femina" ; de santé, "Notre priorité, votre santé" et culturel,"Focus". Côté fictions et séries, il y aura une nouvelle télénovela latino-américaine intitulée "Barbarita, les couleurs de l’amour".

Il y aura également deux séries qui ont été tournées au Burkina avec des acteurs nationaux : "La mayonnaise africaine" et "Allo police". En plus de tout cela, nous proposerons de nouveau aux téléspectateurs cinq films par semaine comme aux débuts de Canal 3. Concernant les émissions de variétés, on a réactualisé des émissions en direct. Il s’agit entre autres de "A l’affiche", qui se veut un cadre de promotion des activités de la cité ; "Vous avez la parole", conçue sur la base d’une interactivité des téléspectateurs autour de sujets de société. Pour me résumer, c’est plus d’interactivité avec les SMS, de contact avec les populations...

On sait que la télévision nécessite des investissements lourds et beaucoup d’argent. Vous avez certainement des soucis...

• Oui ! Il faut dire que n’eût été le soutien du groupe Fadoul grâce auquel l’acquisition de nos programmes se fait, Canal 3 n’aurait pas pu continuer d’émettre. Par ailleurs, force est de souligner qu’un certain nombre de partenaires ont compris qu’ils ne peuvent pas faire de la publicité en négligeant l’espace Canal 3. Même si on n’est pas forcément un canal privilégié de communication, il y a tout de même de nos jours des annonceurs qui nous font confiance parce qu’ils ont compris qu’on a un public.

A propos, nous n’avons pas à rougir de notre positionnement ; on a plutôt intérêt à ce que les annonceurs sachent où ils veulent communiquer. Au-delà de tout cela, et même si on a des soucis financiers comme toute entreprise, je dirai qu’avec le soutien du groupe Fadoul et de certains annonceurs qui nous font confiance, Canal 3 commence à se stabiliser réellement.

Quels genres de difficultés rencontre la chaîne Canal 3 depuis qu’elle a commencé à émettre ?

• Je pense que la principale difficulté que nous vivons, c’est l’organisation de l’espace publicitaire burkinabè. On a beaucoup d’agences qui ont déposé des produits et qui ne sont pas en règle vis-à-vis des frais de prestations. Ce qui fait qu’on ne sait plus comment et avec quelle agence travailler. Il est à noter aussi qu’en terme de législation, on a besoin de nous protéger d’un minimum de garde-fous pour pouvoir avancer.

On ne nous a pas donné cet espace environnemental qui nous aurait permis de nous développer. Cependant, je pense qu’avec des instances de régulation tels le CSC, l’ARTEL, on arrive à surmonter certaines difficultés en matière de législation. J’insiste sur le fait que c’est l’organisation de l’espace publicitaire qui nous pose sérieusement problème. Il faut que les télévisions privées respectent les normes.

C’est un préjudice pour nous que de payer des films tandis que certaines télévisions diffusent des films sans payer. C’est également un préjudice pour nous que d’avoir une licence pour émettre sur Bobo tandis que dans le même temps, certains émettent sans licence. Si on arrivait à faire respecter les règles du jeu, je pense que tout irait pour le mieux. Et quand je parle de règles du jeu, c’est la qualité des émetteurs. Il y a deux ans de cela, nous avons eu une déconvenue avec la TNB parce que certains de nos fréquences empiétaient sur les leurs.

Aujourd’hui, j’estime que des fréquences radio empiètent sur les nôtres et brouillent la réception de notre chaîne. Dans certaines zones de Ouagadougou telles la Patte d’oie, il est souvent impossible de suivre Canal 3. En toute confraternité, on ne fait pas de dénonciations, mais je pense qu’il faut que les organes de régulations soient rigoureux avec tout le monde comme ils le sont avec nous.

Il y a tout de même des motifs de satisfaction. Pouvez-vous nous en parlez ?

• Oui ! Il y a beaucoup de motifs de satisfaction. C’est une expérience passionnante, un challenge. La majorité de ceux qui travaillent à Canal 3, le font depuis le début. Si ces derniers tiennent toujours, même souvent dans des conditions difficiles, c’est qu’il y a à bien des égards des résultats probants. Aujourd’hui, Canal 3 est en terme d’audience selon certaines enquêtes, la 2e télévision la plus suivie à Ouaga et à Bobo.

On jouit d’une certaine crédibilité vis-à-vis d’un certain nombre de partenaires. Nous sommes en train de réussir le challenge qu’on s’est donné pour que dans les années à venir, "la télévision qui nous ressemble" soit autonome. En un mot, je peux dire que nous sommes satisfaits surtout que le groupe Fadoul continue de nous soutenir.

Certains téléspectateurs regrettent le fait que vous faites le trop plein de musique sur votre station. Que leur répondez-vous ?

• Nous reconnaissons cet état de fait, mais c’est une tendance universelle. Cette critique est intéressante en ce sens qu’elle témoigne du fait que les téléspectateurs nous suivent. Lorsque l’on veut créer une télévision comme Canal 3, on a trois possibilités : soit acquérir des programmes qui coûtent extrêmement chers ; soit faire de la piraterie, soit établir un programme assez conséquent à certains moments.

Et nous, nous avons opté pour la dernière possibilité citée à savoir essayer d’enrichir la grille de nos programmes à certaines périodes qu’on s’est fixées. Dans notre nouvelle grille des programmes, cela est remarquable. Ce faisant, nous avons pris en compte les choses qui plaisent aux téléspectateurs. Parmi ces choses, la musique figure en bonne place. D’autant plus que les clips sont agréables à regarder et les tranches en la matière nous permettent de diffuser de la pub. Il y a même des annonceurs qui préfèrent ces tranches musicales pour faire leur publicité.

Le moins que l’on puisse dire est que vous êtes proches du petit peuple. Canal 3, est-ce la télévision des sans-voix ?

• Non ! Canal 3, c’est la télévision de tout le monde. C’est bien dit à travers le slogan "La télévision qui nous ressemble". On se dit que celui qui lit ce slogan s’identifie, se reconnaît en Canal 3. Même si c’est vrai qu’effectivement à travers nos micro-trottoirs et émissions, les populations de Ouaga et Bobo ont pris la parole sur notre chaîne. Il est évident qu’un certain public peut nous snober parce que Canal 3, c’est une télévision avec de petits moyens. Mais il faut retenir que nous avons créé une chaîne qui reflète avant tout les réalités du Burkina, à la limite de nos moyens. Et pour ce faire, on essaie de donner la parole à tout le monde. Sans privilégier le petit peuple, on essaie de toucher les couches sociales.

Pour finir, quelles sont les grandes ambitions de Canal 3 ?

• Il faut dire que c’est d’abord arriver en ce qui concerne la saison 2006-2007 à faire un journal télévisé. C’est également le fait de travailler à fidéliser notre audimat. Ce sont des ambitions modestes qui correspondent à nos réalités. Si au bout de cinq ans, on arrive à faire un journal télévisé, c’est qu’on aurait réussi un grand challenge.

Kader Patrick Karantao

L’Observateur

P.-S.

Voir le site de Canal3 :http://www.tvcanal3.com/

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