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Cyberescroquerie : forte odeur de “feuilles” faciles à Ouaga

Publié le mercredi 11 octobre 2006 à 07h48min

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Dans la course contre l’argent dans laquelle la société de consommation nous a engagés, la Toile mondiale est devenue un lieu de prédilection pour des escrocs de tout acabit. Lorsque Internet rime avec une zone de “sans loi” où toutes sortes de falsifications et de camouflages sont permis, rien ne semble désormais arrêter les marchands d’illusions.

A Ouagadougou, ils sont désormais légion, des cyberescrocs qui écument les cybercafés, envoient des milliers de messages à toutes les adresses qu’ils arrivent à choper, dans l’espoir d’appâter des pigeons à plumer.

“Paul Comepare” - remarquez la méprise sur son nom -, c’est l’identité de camouflage d’un des cyberescrocs qui fait le tour des cybercafés de Ouagadougou pour recueillir les adresses électroniques. Sa stratégie consiste à copier systématiquement les e-mails des clients du cyber en recourant à l’historique des ordinateurs. En effet, lorsque quelqu’un se déconnecte d’Internet, son mail ne disparaît pas tout de suite de la machine. Il suffit au pirate d’en prendre pour avoir accès à toutes les personnes qui se sont connectés à la machine avant lui.

Il y en a même qui entrent dans la boîte électronique des imprudents qui saisissent leur code de sécurité (mot de passe) sur les ordinateurs des cybercafés. L’intégration de cette sphère strictement privée de la boîte électronique donne à l’escroc la possibilité d’avoir accès aux e-mails de tous les correspondants de cette dernière. Le reste ne devient pour lui qu’un jeu d’enfant. Il envoie, à qui mieux mieux, une “Lettre confidentielle” à toutes les adresses qui lui tombent sous la main.

Dans son manège, le cyberescroc, paulcomepare@hotmail.com, se fait passer pour “Le responsable du Département comptabilité de la BANK OF AFRCA BURKINA-FASO”. Pour pêcher ses proies, il écrit : “Au cours d’opérations de contrôle et d’audits, mon département a découvert une somme importante d’argent par hasard .Cette somme a appartenu à un étranger décédé en novembre 2003 dans un accident d’avion. Les fonds dorment dans son compte chez nous sans réclamation de sa famille ou de ses parents avant notre découverte. Personnellement, j’ai maintenu cette information secrète à mon niveau et à celui de mes associés pour permettre de mettre en place un plan qui puisse m’être profitable et trouver des idées pour mettre ce plan en exécution. Cette somme est de $2.500.000 (deux millions cinq cent mille dollars)”.

Le sulfureux Paul Comepare pousse le bouchon de la témérité jusqu’à laisser son numéro de téléphone portable (76 52 90 04) à qui voudrait s’assurer qu’il réside bien à Ouagadougou. Mais il a suffi de l’appeler pour se rendre compte qu’il s’agit d’un Nigérian. Son accent ne trompe d’ailleurs pas. Lorsqu’on tente d’engager une discussion avec lui en français, il se dérobe en répliquant : “je préfère qu’on communique par E-mail”. Un autre escroc s’exprimant uniquement en anglais se dissimule sous l’identité de “Salif Diallo”, répond au mail : “s4d09@hotmail.com” et se dit être du département “Audit et Comptabilité de BANK OF AFRICA (BOA). OUAGADOUGOU BURKINA-FASO.(WEST AFRICA)”.

Plus à l’aise à opérer dans l’ombre, les cyberescrocs ne supportent guère qu’on les découvre.

Ce qui est plus inquiétant c’est que les cyberescrocs, en majorité Nigérians, ne sont pas inquiétés par qui que ce soit, puisqu’ils opèrent à partir de Ouaga, avec une flagrante usurpation d’identité et de fonction qui ne semble guère émouvoir ni la police, encore moins les responsables des institutions bancaires concernées. En attendant une prompte réaction, les cyberescrocs sèment à tout vent des promesses de “feuilles” faciles. Tant pis pour ceux qui se laisseront prendre au piège.

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