La coopération entre le Burkina Faso et la République de Chine est selon des diplomates, l’une des plus riches et des plus fructueuses. Les deux pays ont rétabli leurs relations diplomatiques en février 1994 et repris leur coopération au mois de juin de la même année. Cette coopération est définie et révisée tous les deux ans par la commission mixte dont la sixième session s’est tenue en avril 2006 à Taïpei.

Cette session s’est focalisée sur des axes majeurs que sont : l’agriculture (irrigation/aménagements, production, transformation et commercialisation), la santé publique, les Engagements nationaux, la formation professionnelle, la réduction de la fracture numérique et la pisciculture. Plusieurs interventions sont réalisées dans le cadre de cette coopération depuis la reprise des relations entre les deux pays.

De nouvelles initiatives sont à mettre en œuvre dans la période juillet 2006 - décembre 2008. Les interventions sont de deux grandes catégories. D’abord, les projets des Engagements
nationaux.

Assistance technique et volontariat

En effet, la coopération taïwanaise est le principal partenaire des Engagements nationaux et vice-versa. Ensuite, les autres projets qui comprennent ceux à l’initiative de l’ambassade et financés en réponse à une sollicitation venant soit d’une institution publique, soit d’une organisation de la société civile.

Concernant les Engagements nationaux, plusieurs projets sont mis en œuvre selon les axes définis par le président du Faso. Certains sont clôturés mais la majorité d’entre eux sont toujours en cours d’exécution. Ainsi, au niveau de la sauvegarde de l’environnement et de la lutte contre la désertification, la coopération taïwanaise finance les projets « Front de terre » et « Une école, un bosquet ».

Dans le volet accroissement de la production agropastorale, elle finance entre autres les projets « Unité nationale de mécanisation agricole », « Riz pluvial », « Micro-barrages et soutien à la culture maraîchère », « Barrage de Yacouta » et « 1000 forages ». On note de nouvelles rubriques dont le projet « Construction du marché à bétail de Youba » et le renforcement du projet « Boulis et irrigation villageoise », l’appui au secteur informel et à l’artisanat à travers le financement du « Fonds d’appui au secteur informel ».

Dans le grand volet Engagements nationaux, on peut également relever le soutien aux projets « Fonds d’appui aux activités rémunératrices des femmes », « Projet national karité », « Palais des sports de Ouaga 2000 », « Un village, une équipe sportive », 350 terrains de football », « Projet centres de santé et de promotion sociale » et « Projet-pilote pour la promotion de la médecine traditionnelle ».

En plus des Engagements nationaux, la République de Chine finance d’autres projets. On peut citer le financement du projet « Création d’un Centre écotouristique de repos et de remise en forme (CRRFO) à Bagré », le financement de la construction de 2 amphithéâtres à l’Université de Bobo-Dioulasso. Elle finance aussi des micro-projets soumis par des associations, des autorités locales aussi bien dans les domaines de la réalisation d’infrastructures (écoles, dispensaires), de l’équipement (équipements informatiques, matériels audiovisuels...) que celui des manifestations culturelles et sportives.

La coopération s’illustre aussi par des dons, dont des ambulances, des équipements médicaux remis à l’hôpital de l’Amitié de Koudougou et la clinique militaire de Ouagadougou, du matériel à la CENI et au Conseil constitutionnel. Au niveau de l’appui budgétaire, Taïwan appuie le ministère de la Santé à travers le Fonds d’appui au ministère de la Santé et le Fonds d’appui au programme national de lutte contre le Sida.
Le domaine de l’assistance technique et du volontariat est aussi un maillon de la coopération.

Construction de lycées professionnels et centres de formation

Dans le secteur de l’éducation et de la formation, Taïwan soutient le Burkina Faso. En ce qui concerne la valorisation du capital humain, on note l’octroi de bourses pour des études universitaires à Taïwan et un programme de coopération avec l’Université de Ouagadougou. Un programme d’enseignement de la langue chinoise est mis en place en collaboration avec l’Institut diplomatique et des relations internationales (IDRI). Annuellement, une vingtaine de Burkinabè sont invités et pris en charge aux différents séminaires ou ateliers de perfectionnement professionnel organisés à Taïwan.

L’initiative majeure de ce volet de la coopération entre le Burkina Faso et la République de Chine est le Programme de renforcement de la formation professionnelle (PRFP) au Burkina. Ce programme prévoit au cours des 7 prochaines années, la construction de 4 lycées professionnels et de 13 centres de formation professionnelle, la formation des formateurs pour renforcer les capacités de prise en charge des structures de formation professionnelle.

Il prévoit aussi la mise en œuvre de nombreux projets de formation professionnelle destinée aux acteurs du secteur informel. Dans le même volet et concomitamment, Taïwan participe au financement du processus de formulation de la politique nationale d’enseignement et de formation techniques et professionnels.

Dans le domaine des technologies de l’information et de la communication, deux grandes interventions dont une majeure de par son impact attendu sur le fonctionnement de l’administration sont prévues. Il s’agit du projet « Réseau convergent, voix et données de l’administration à l’échelle nationale » et le projet d’appui à l’informatisation de l’Assemblée nationale. En outre, dans le but de soutenir le processus de décentralisation par l’implication des bénéficiaires, Taïwan appuie financièrement le projet de renforcement des capacités des communes urbaines.

Dans la sphère diplomatique, le Burkina œuvre à l’intégration de Taïwan dans les organismes comme l’ONU et l’OMS. En somme, entre Taipei et Ouagadougou, ce sont des relations d’amitié et de coopération qui se tissent et se renforcent au fil des années.

Bachirou NANA (nbachir1@yahoo.fr)

Taïwan, une puissance émergente

Créée en 1912, la République de Chine se réfugie à Taïwan en 1949 à l’arrivée des communistes de Mao Tsé Toung sur le continent. Pays exangu à l’époque et dans l’ombre du géant communiste, Taïwan va réussir grâce à une réforme agraire parfaitement organisée et à la reconversion de l’économie à devenir compétitif au plan mondial. Les résultats de tous ces progrès sont impressionnants avec notamment une croissance annuelle moyenne de 8% sur les cinquante dernières années.

Classé 15e puissance commerciale mondiale, le pays a atteint un chiffre record de 371 milliards de dollars américains en matière de commerce extérieur en 2005. Quant au revenu moyen par habitant, il s’est envolé pour attendre 15 659 dollars, ce qui place Taïwan au 25e rang mondial. En pleine phase de transition à cause du processus de libéralisation des échanges, le pays s’est orienté vers des secteurs à forte valeur ajoutée en utilisant les technologies de pointe.

Cela a permis à Taïwan d’atteindre un niveau de croissance élevé dans des secteurs comme les semi-conducteurs, les écrans à cristaux liquides, les biotechnologies et le contenu numérique. Cette progression spectaculaire du pays a été facilitée, il est vrai par le rapprochement avec les USA pour de nombreuses raisons, notamment stratégiques, politiques et idéologiques.

Pierre Claver MILLOGO (millogolo@yahoo.fr),
(Stagiaire)

Sidwaya