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Commune de Banfora : Entre deuil et manoeuvres politiciennes

Publié le samedi 7 octobre 2006 à 09h24min

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Mamadou Koné, maire défunt de Banfora

Banfora est de nouveau sur le pied de guerre pour la désignation du successeur de Niangouan Mamadou Koné, décédé le 18 septembre dernier. En effet, tout indique que la « cité du Paysan noir » va renouer avec la tension politique née des antagonismes entre les deux principales forces en présence.

On se rappelle que le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) et le Rassemblement pour le développement du Burkina (RDB) s’étaient livré une rude bataille pour la désignation du maire de Banfora. Bien qu’appartenant tous à la majorité présidentielle, les deux partis se détestaient cordialement. Voilà que la mort de Mamadou Koné fait courir le risque sérieux d’une nouvelle tension à Banfora.

A tort ou à raison, de nombreuses voix s’élèvent dans « la cité du Paysan noir » pour attribuer ce décès du jeune maire à des forces mystérieuses. La grande mobilisation des populations lors de l’arrivée du corps à Banfora et des obsèques du regretté serait le message des citadins à ceux qui seraient mêlés de près ou de loin à cette disparition. Toutes choses qui ne font qu’aggraver la tension.

Et pour ne rien arranger, il semble que le premier adjoint, qui de fait assurait l’intérim de la mairie, est lui aussi mal en point et aurait même été évacué à Bobo-Dioulasso. Dans de telles conditions, la succession de Mamadou Koné peut être un autre prétexte pour les va-t-en-guerre d’aiguiser les contradictions.

Or le temps passe et il faut faire vite, car aux termes de l’article 282 de la loi n° 055-2004/AN portant Code général des collectivités territoriales au Burkina, « en cas de décès, de démission, de révocation ou de tout autre empêchement absolu et définitif, il est procédé à l’élection d’un nouveau maire dans un délai maximum de trente jours ». Il reste donc juste deux semaines pour doter Banfora d’un nouveau maire.

La difficulté majeure de la succession tient au fait que les jeux sont très ouverts. En effet, bien que contrôlant les instances de direction de la commune, le RDB ne dispose pas pour autant d’une majorité qui le mette à l’abri de toute surprise désagréable.

Dans un pays où le nomadisme politique est la chose la mieux partagée, il ne serait pas étonnant qu’il y ait des mouvements dans un sens comme dans l’autre. Mais par expérience, ce sont surtout les partis les moins nantis financièrement qui payent le plus lourd tribut.

On se demande à Banfora si en bon démocrate le CDP va se résigner à laisser la commune aux mains du RDB. Rien n’est moins sûr car on prête aux militants du parti majoritaire de vouloir laver l’affront qui leur a été fait en avril dernier. Avec ses 35 conseillers auxquels s’ajoute l’élu de la CDS, le parti espère convaincre des conseillers du camp d’en face de rejoindre ses rangs.

Les responsables du RDB souhaitent pour leur part que les conseillers puissent résister à l’appel du pied qui leur est fait, pour rester fidèle à la volonté populaire qui, en donnant la majorité au RDB, avait voulu un changement dans la gestion de la chose communale. Cependant, les ténors locaux du parti sont conscients que, comme le souligne l’adage populaire, une fois que le baobab tombe, les oiseaux qu’il abritait s’envolent.

Certains de leurs conseillers peuvent succomber à la tentation. Les jeux restent donc grandement ouverts à Banfora, et la tension politico-sociale avec.
Les hommes politiques n’étant pas des enfants de chur, il serait difficile d’attendre d’eux qu’ils trouvent un modus vivendi pour que l’élection du nouveau maire se déroule dans de bonnes conditions, ne serait-ce que pour rendre hommage au disparu.

En effet, au-delà des considérations politiques, on s’accorde dans la région des Cascades à reconnaître que l’ancien maire avait des qualités humaines qu’il a su mettre aux services de ses concitoyens.

Adam Igor

Journal du jeudi

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Vos commentaires

  • Le 7 octobre 2006 à 12:24 En réponse à : > Commune de Banfora : Entre deuil et manoeuvres politiciennes

    En Afrique, il y a des mnoeuvres qui ne se pardonnent jamais et c’est le cas qui se présente actuellement à Banfora, je pense que le CDP ferait mieux de laisser la mairie au RDB au lieu de forcer la main aux conseillers RDB

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