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Nation : Pour des mesures énergiques contre l’alcoolisme

Publié le mercredi 4 octobre 2006 à 06h40min

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Combien dénombre-t-on d’accidents graves de la circulation dans nos villes et campagnes pour la seule raison que le volant était tenu par un saoulard ? Affirmer que trop de Burkinabè, notamment les jeunes, sont portés sur l’alcool, et que beaucoup préfèrent y noyer leurs soucis, c’est assurément enfoncer une porte déjà ouverte.

Mais à qui la faute, dans la mesure où l’alcool est vendu à tout coin de rue ? Du reste, il est fréquent de rencontrer des débits de boissons même dans les proches alentours de certains établissements scolaires. Plus grave encore, le phénomène n’épargne pas les campagnes où la gnole passe plus pour être un produit dopant et présentant de multiples avantages, donc bonne pour les durs travaux champêtres, qu’il ne détruit à petit feu.

Il est vrai que pour contrer le fléau, l’Etat, en concertation avec les gérants des débits de boissons, vient d’interdire l’accès des mineurs à ces établissements. Une mesure que les tenanciers avaient manifestement bien accueillie, ce qui a permis à des adolescents d’être refoulés.

Il n’en demeure pas moins que pour porter un sérieux coup au minotaure de l’alcoolisme, l’Etat devrait prendre des mesures énergiques. Autrement, l’on court le risque d’avoir affaire, à moyen ou long terme, à un peuple littéralement enchaîné à Bacchus, comme les Russes le sont presqu’à la légendaire Vodka. Pour briser les chaînes, plus d’actions de sensibilisation s’imposent. On peut peut-être se refuser à croire que l’alcool abrutit quand il est consommé de façon exagérée. Ou se refuser à se regarder dans ses propres errances et ses erreurs tout simplement parce qu’on ne veut pas mettre le holà dans cette sorte de décrépitude morale. Toujours est-il que l’éthylisme peut être un moteur de destruction de l’équilibre familial. On voudrait se montrer un père exemplaire qu’on le pourrait difficilement, quand on est l’otage des maux, des effets et des mauvaises habitudes qu’engendre une consommation immodérée d’alcool.

A côté de la sensibilisation, on pourrait épingler les fonctionnaires qui désertent les services pour se retrouver dans ces lieux où la bière et les liqueurs coulent à flots. A l’époque du Comité militaire de redressement pour le progrès national (CMRPN), conduit par l’ancien président, le colonel Saye Zerbo, les débits de boissons étaient fermés pendant les heures ouvrables. A défaut de pouvoir le faire, il est au moins possible de mettre un frein à la consommation d’alcool dans les services de l’Administration. D’autant qu’elle peut jouer négativement à la fois sur la productivité et la rentabilité journalière.

Aussi, le retrait du permis de conduire, une fois l’état d’ébriété du chauffeur établi, devrait être systématique. Aucun moyen, tant matériel qu’humain, ne saurait être de trop, si l’on veut se donner réellement les moyens de réussite d’une politique de sécurité routière efficace. En cela, l’utilisation de radars, ne serait-ce qu’humains et d’alcootest, peut être une voie intéressante à explorer. Comparaison n’est pas raison. Mais la ferme détermination de la France à lutter contre l’alcoolisme ainsi que la consommation de tabac dans les lieux publics, tout en y mettant les moyens, est tangible.

Pourquoi n’imposerait-on pas par ailleurs une taxe sur l’alcool ? L’idée n’est pas saugrenue. Car, moins il est accessible, plus sa consommation est modérée. Toutes ces mesures qui pourraient être des antidotes à l’un des venins qui empoisonnent notre jeunesse sont d’autant plus nécessaires que c’est l’Etat qui, parfois, en paye les frais, une fois l’irréparable commis. Des frais dont il aurait pourtant pu se passer si des actions préventives avaient été menées en amont.

Même si la consommation abusive d’alcool entraîne les dégâts que l’on sait et que le phénomène semble persister, c’est que beaucoup sont certainement agrippés à leurs gros intérêts. C’est connu, le secteur touche profondément à l’économie en ce qu’il brasse beaucoup d’argent. Reste à savoir si l’on veut d’une économie qui tète à la mamelle des grosses entreprises et qui met en péril la santé des populations.

Et puis, que dire de l’alcool frelaté contre lequel le maire de la ville de Ouagadougou, Simon Compaoré, avait décidé d’aller en guerre et qui a vu son élan se briser sur le peu de réactivité de l’Etat ? En tout cas, tout ce climat ne participe pas d’une bonne politique de santé publique.

Le Pays

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