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Matériel informatique de seconde vie : L’Afrique, la poubelle !

Publié le mardi 3 octobre 2006 à 08h12min

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Les ordinateurs souvent obsolètes sont envoyés dans les pays sous-développés sous forme de dons ou simplement de marchandises. L’Europe, l’Amérique... les pays développés ont trouvé un dépotoir pour le matériel électronique usagé : l’Afrique.

Matériel électroménager, matériel roulant, matériel informatique de seconde vie sont envoyés en Afrique. A l’instar des autres objets désignés sous le nom « France au revoir », le matériel informatique, bien emballé conduit dans les pays pauvres, est souvent hors d’usage, bon pour la poubelle. Ainsi, le continent le moins équipé en matériel informatique est en passe de devenir le plus pollué par ce phénomène.

De véritables ordures destinées à la casse sont ainsi parquées dans des containers pour les pays du Sud.Ces ordinateurs sont souvent le fruit de la coopération entre associations, ONG... Des techniciens du domaine sont sollicités pour tester la qualité de ces objets de seconde main ; souvent, c’est la désolation.

Sylvestre Ouédraogo de Burkina NTIC

« Nous sommes un centre de formation en informatique sollicité fréquemment par des entreprises et des organisations afin de vérifier les différents dons de matériel informatique acquis dans le cadre des coopérations centralisées ou décentralisées.
Cependant, on remarque souvent que l’ensemble des instruments reçus sont hors d’usage, ordinateurs troués, gâtés », a souligné le coordonnateur du Burkina NTIC, Sylvestre Ouédraogo. Aussi, certains commerçants fouillent dans des dépotoirs, récupèrent du matériel informatique et les importent au Burkina où ils ne peuvent pas être réutilisés. Parmi les pays africains, le Nigeria semble être le pays le plus touché par ce phénomène.

Selon une organisation internationale, Basel Nation Network (BAN) qui oeuvre dans la lutte contre le « commerce toxique » à l’échelle mondiale, cinq cents (500) containers de matériel informatique d’occasion arrivent chaque mois au Nigeria.

Dans les pays développés, la collecte de ces objets d’occasion se fait souvent par des associations dont le but est d’aider à réduire la fracture numérique. Un technicien qui a voulu garder l’anonymat témoigne qu’un « commerçant burkinabé a importé un grand lot de matériel informatique d’occasion récupéré dans des poubelles américaines dont tout était hors d’usage ». Affaire florissante du moment, des entreprises se jettent dans l’importation de matériel informatique. Cependant, des déchets se rencontrent beaucoup plus dans des dons de matériel.

Une importation pleine de conséquences

Mme Catherine Ouédraogo- Besseau de l’entreprise Contact Buro est pionnière dans la vente et la maintenance de matériel informatique au Burkina. Elle a expliqué que son matériel informatique provient de grandes sociétés comme France Telecom, les banques françaises, Bouygues qui renouvellent leur parc informatique. « Je trie les déchets. Tout ce qui est mis sur le marché est de bonne qualité », a -t -elle lancé. Le matériel informatique obsolète cause pas mal de problèmes aux pays dépotoirs.

Au Nigeria, selon le constat de Basel Action Network, 75% du matériel de seconde main envoyé est inutilisable et est détruit dans des conditions nocives pour la santé des populations vivant à proximité des décharges. Selon un professeur de chimie à l’université d’Ibadan au Nigeria, Oladele Osibanjo, les substances chimiques qui émanent de la destruction du matériel informatique « peuvent provoquer des avortements chez les femmes enceintes qui vivent près des décharges » .

Une solution à la fracture numérique

Aussi, les nappes phréatiques sont contaminées par les déchets nocifs, ce qui, à terme constitue une véritable catastrophe pour la santé publique. De nombreux décideurs occidentaux ou acteurs de développement continuent d’estimer que le matériel de seconde main envoyé en Afrique est utile au développement des pays du tiers monde.

La fracture numérique fait allusion à la fracture sociale, la disparité entre riches et pauvres. Selon l’informaticien Dr Sylvestre Ouédraogo, la fracture numérique signifie que même dans le « village planétaire » , on assiste au fait que les pays du Nord plus riches sont, en matière de technologie,plus développés que ceux du Sud plus pauvres. Pour lui, le matériel informatique de seconde main peut être une solution à la fracture numérique.

Cependant, il faudrait que l’Afrique se dise que le numérique est une source de profit et d’accroissement de valeur ajoutée. Ainsi les pays africains, poursuit-il, doivent penser aux stratégies judicieuses et adéquates pour notre intégration au « village planétaire ». Autrement, l’Afrique achèterait beaucoup de matériel qui ne servirait à rien.

« L’Afrique doit créer ses propres industries d’ordinateurs comme en Europe. Au lieu de constituer un vaste marché pour les pays développés » a argumenté M. Ouédraoogo. Toutefois, on peut se demander pourquoi de nos jours les Occidentaux parlent de fracture numérique et n’en font pas cas dans les autres domaines comme ceux de l’automobile, de l’aviation...L’Afrique traditionnellement grande consommatrice doit maintenant produire.

Boureima SANGA (bsanga2003@yahoo.fr)

Sidwaya

P.-S.

Voir le site de Burkina NTIC :
http://www.burkina-ntic.org/

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Vos commentaires

  • Le 4 octobre 2006 à 22:58, par Mireille En réponse à : > Matériel informatique de seconde vie : L’Afrique, la poubelle !

    Oui, tu as vraiment raison mon cher compatriote. Il est temps pour l’Afrique et ses dirrigeants de refléchir sur le sens véritable du développement durable. Si nous continuons à être la poubelle des autres, nous irons lentement mais sûrement vers l’extermination de notre continent. Chers dirrigeants Africains, au lieu de vous pavaner sans honte dans des cravates fabriquées par les autres, pensez à developper des technologies propres pour la survie de nos peuples.
    Mireille B. Une burkinabè au Canada

    • Le 20 décembre 2006 à 22:31 En réponse à : > Matériel informatique de seconde vie : L’Afrique, la poubelle !

      Je viens de prendre note de vos informations conçernant la qualité du matériel informatique importé en Afrique, je suis Français et m’informe pour créer une association qui donnerait du matériel révisé et de qualité pour des collectivités en Afrique. Vous avez raison de dire qu’hélas, l’Afrique reçoit les déchêts des pays industrialisé, et il est certains que la fabrication sur place et le meilleur développement, mais fabriquer des processeurs et des cartes méres, c’est pas une mince affaire. Je suis persuadé que parfaitement révisé, reconfiguré, avec des os et logiciels à licence libre (linux) réinstallé avec de l’équipements de stock de sociétés,
      que cela ne peut être que bénéfique. Il est certains que l’importation d’équipement médiocre qui est le bizness de quelques personnes qui tente de sent sortir au mieux n’est pas la solution et qu’il est du rôle des pouvoir locaux de faire la loi. Alors, certes, ce n’est pas une idée originale que de vouloir faire une asso, mais cela à le mérite d’être sincére, car tout comme vous je pense, je ne cautionne pas la politique des multinationales et des gouvernements. Je continue donc à m’informer pour créer ce projet, qui j’espére verra le jour rapidement. Sylvain R.

      • Le 8 février 2007 à 11:04, par berni_e En réponse à : > Matériel informatique de seconde vie : L’Afrique, la poubelle !

        Bonjour,

        Je suis également outré d’apprendre de telle chose.

        J’ai récupéré du matériel informatique que je souhaiterai donner aux pauvres. C’est principalement des écrans. Ainsi j’aimerai trouver un organisme fiable qui n’envoie pas n’importe quoi, n’importe où.
        D’ailleur, je conseil l’utilisation de logiciel libre. Ce qui permet d’équiper les postes d’outils fiable, efficace et gratuit.

        J’envoie donc une bouteille à la mer !

        Si des personnes connaissent une association ou monte une association fiable, comme toi Sylvain, contactez moi, car j’ai du matériel qui encombre ma cave.

      • Le 8 mai 2007 à 02:47 En réponse à : > Matériel informatique de seconde vie : L’Afrique, la poubelle !

        Votre Projet d’association est intéressant, mais vous n’avez pas laissé de contact.

  • Le 4 novembre 2006 à 09:42, par Macé Daniel En réponse à : > Matériel informatique de seconde vie : L’Afrique, la poubelle !

    Bonjour,
    Je suis Français installé à Lomé, dans l’importation et la vente d’informatique de seconde main.
    Oui , je crois que ce monsieur à raison de crier. Mais Je connais moi mème des Togolais, Burkinabés, et autres qui recherchent et qui achètent tous matériels informatiques le moins cher possible. Alors ils se tournent vers des compatriotes en Europe et aux Etast Unis qui leur envois ni plus ni moins que des <> en se disant qu’ils arriveront toujours à revendrent et à gagner. Souvent ce matériel est vendu directement au port, sans frais. On trouve des P3 à 30 000f . On imagine à quel prix sont partis ces PC, alors qu’il y a le transport, et les frais de transitaires et de douanes ??
    Mais je pense qu’importer de bons PC de seconde main, en bon état, révisés et testé, et vendus avec garanties, peut ètre un bien pour le développement et la formation des jeunes.
    En tant qu’importateur, je recherche surtout des grossistes ou des importateurs , au Togo, et dans les pays voisins, mais je suis confronté à ce problème de prix, car ils préfèrent , acheter directement à des prix ridicules et avec des risques parfois, car j’en connais qui n’ont mème pas reçu leurs marchandises.
    Alors que faire ??? Je crois qu’il faut un control plus strict du coté de l’Europe ou des Etats Unis, mais aussi du coté des pays Africains, qui devraient demandés les certificats, du genre Vériats ou autres, voir controler eux mème tous containers avec ces marchandises.

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