LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Nous sommes lents à croire ce qui fait mаl à сrοirе. ” Ovide

Lutte contre la pauvreté : l’engagement de la canadienne Chantal Bernatchez au Burkina

Publié le mardi 26 septembre 2006 à 08h57min

PARTAGER :                          

Imprégnée par l’approche du génie humain, la signature académique de l’École d’ingénierie de l’Université du Québec à Trois-Rivières, Chantal Bernatchez a choisi de pousser à fond le concept en misant sur ses compétences en génie industriel pour améliorer la qualité de vie des femmes au Burkina Faso.

Quatre ans plus tard, son projet de maîtrise porte fruit. La Banque mondiale vient en effet de donner son appui financier au plan de mise en route d’une usine de production de confiture à base de pulpe de karité.

Karidélice a été sélectionné comme projet innovant par la Banque mondiale

Le projet, commercialisé sous la marque Karidélice, a été sélectionné par le jury de la Foire de développement de l’Afrique de l’Ouest. Cette compétition, regroupant les meilleurs projets innovants, a été chapeautée par la Banque mondiale. Après une série de sélections, huit propositions dont Karidélice, ont été retenues au Burkina Faso. Les promoteurs bénéficieront d’un soutien financier de démarrage et obtiennent du coup un laissez-passer pour la grande sélection finale regroupant cinq pays de l’Afrique de l’Ouest. L’enjeu est grand puisque l’équipe qui défendra avec succès son projet devant le comité international à Bamako au Mali, en novembre prochain, bénéficiera d’une injection financière de 30 000 $ en devise américaine.

De l’espoir

La nouvelle est porteuse d’espoir pour Chantal et ses collègues de Songtaab-Yalgré, le groupement féminin avec qui elle collabore depuis le début de son implication comme coopérante en 2001. Songtaab-Yalgré œuvre en économie sociale auprès des femmes du Burkina Faso et base son développement sur le karité, un fruit que l’on qualifie comme étant l’or vert des femmes du Burkina Faso. En effet, elles exploitent déjà les propriétés de la matière grasse extraite de l’amande, le beurre de karité, que l’on retrouve à la base de plusieurs produits cosmétiques vendus à travers le monde. La production de confiture à base de pulpe de karité biologique constituait l’étape logique pour ajouter à la valorisation de ce fruit aux mille vertus.

Génie industriel et karité

« Il s’agit d’une ouverture très intéressante pour le marché local et la création d’emplois pour des femmes », soulignait Chantal Bernatchez lors d’une courte escale à Trois-Rivières. En choisissant de développer son projet de maîtrise en génie industriel, Chantal s’était fixé comme objectif de démontrer que le génie pouvait vraiment aider. Les femmes de Songtaab-Yalgré misent sur ses connaissances pour intervenir sur le procédé de production biologique. Il s’agit là d’une importante valeur ajoutée qui permet au produit de se tailler une place de choix sur les marchés.

Chantal intervient surtout en gestion de la qualité. Elle applique notamment l’approche du design expérimental Tamaguchi. « Cette démarche scientifique permet de déterminer les paramètres et les caractéristiques de la qualité du karité, établir les facteurs de contrôle, analyser les résultats et optimiser la chaîne logistique par un transfert technologique. Ce transfert contribuera à l’essor des productrices de karité, dans un contexte de développement durable. »

Cela se traduit de façon concrète sur le terrain. « Les territoires biologiques ont été identifiés par un système de codification de l’arbre au client afin de garantir la traçabilité tout au long de la chaîne de production », mentionne-t-elle en exemple. Les femmes de Songtaab-Yalgré produisent déjà des amandes et du beurre de karité certifiés Ecocert International et National Organic Program (Programme national biologique américain).

De la crédibilité

Le projet Karibio porte fruit, car il permet aux femmes d’obtenir une crédibilité sur les marchés par le respect des exigences de qualité des clients. Chantal constate déjà de grandes améliorations dans la qualité de vie des travailleuses. Plusieurs ont triplé leur salaire, ce qui leur permet de subvenir aux besoins de la famille, pour se soigner, s’instruire et se vêtir.

Chantal et les femmes de Songtaab-Yalgré fondent beaucoup d’espoir sur l’issue de la sélection finale de Bamako en novembre. La production et la commercialisation de la confiture biologique Karidélice permettraient de lutter davantage contre la pauvreté des femmes africaines en milieu rural.

Le projet de maîtrise en génie industriel de Chantal Bernatchez est codirigé par Georges Abdul-Nour, professeur de génie industriel et Demagna Koffi, professeur de génie mécanique.

par Serge Boudreau
(http://www.entete.uqtr.ca/description.php?no_fiche=5688)

P.-S.

Voir le site de l’association Songtaaba :http://www.songtaaba.net/

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Burkina Faso : L’ONG IRC lance deux nouveaux projets