Certes, la SODEMA reconnaît que sur le long chemin qui mène à l’expérience et au professionnalisme, surgissent parfois des dérives et des dérapages. Ces bourdes sont, comme on le sait, généralement consubstantielles à la jeunesse même du métier dans la plupart de nos pays qui ont longtemps baigné dans la tradition d’un monopartisme marqué au fer par la pensée unique.

Cependant, les processus de démocratisation en cours sur le continent, apparaissent comme un espoir pour les peuples d’Afrique. Bonne gouvernance politique et économique, liberté d’expression, liberté de la presse et pluralité médiatique sont perçues, depuis les années 90, comme des alluvions que charrie le courant impétueux de ces processus de démocratisation et dont le limon fertilisant devrait être le garant nourricier d’un avenir lumineux pour les Africains.

Mais, force est de constater, qu’en dépit des années qui passent et qui sont censées lustrer le futur de notre continent, des reculs sont observables dans le domaine stratégique et essentiel des médias. Or, c’est de notoriété publique, toutes les grandes démocraties ou supposées telles, se sont bâties en plongeant sciemment et consciencieusement leurs racines dans les abysses des galaxies médiatiques. Presse, démocratie et bonne gouvernance sont des sœurs consanguines qui se nourrissent de la sève de leur interdépendance.

Aussi bien, la Société pour le développement des médias en Afrique, regroupement plurilingue des professionnels du continent, demande-t-elle aux autorités politiques et administratives des pays africains, notamment celles de la Côte d’Ivoire, de la Gambie, de la RDC, du Cameroun, du Niger, etc..., d’intégrer les médias dans leur vécu quotidien, de les comprendre et de les considérer comme des auxiliaires incontournables et critiques dans leurs actions de bâtisseurs de l’Afrique. Le Bureau exécutif fédéral de la SODEMA demande instamment aux autorités de ces pays, de cesser les poursuites intempestives contre les journalistes dans l’exercice de leur métier.

Les hommes et femmes de médias sont plus utiles à la démocratie, hors des geôles que dedans. Seul le compagnonnage constant, éclairé et responsable des acteurs de la presse et des politiques, peut conduire le berceau de l’humanité à expurger sans appel et à déverser sans regret ses scories et ses tares sur le grand terrain pouilleux de la misère et de l’ignorance

Ce n’est là ni une encyclique ni une philippique ! C’est un simple cri de cœur adressé aux hommes et femmes du continent, qui tiennent entre leurs mains vaguement prometteuses, les clés du destin de l’Afrique.

Fait à Ouagadougou, le 22 septembre 2006

Pour le Bureau exécutif fédéral,
Le Président

Boureima Jérémie SIGUE

Le Pays