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Défense du consommateur : Les Burkinabè orphelins

Publié le mardi 26 septembre 2006 à 08h28min

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Des sorties dans la presse à travers des conférences de presse notamment, c’est bien. Des campagnes de sensibilisation çà et là, ça l’est tout autant. Mais des actions d’envergure plus grande, c’est encore mieux en cela qu’elles ont une plus grande portée.

Comment amener le consommateur lambda burkinabè à avoir une claire conscience de ses droits, le pousser à les revendiquer si nécessaire, et à les défendre bec et ongles s’il le faut, quand il s’est rendu compte qu’il a été floué ? C’est connu sous nos tropiques. S’il n’attribue pas sa mésaventure au destin, il se demande souvent en quoi des protestations pourraient faire changer les choses.

Si cette bataille des dénonciations vaut la peine d’être menée, elle semble, pour l’instant, à une étape timide, rien qu’à en juger par les actions des associations de défense des consommateurs qui, quand elles ne sont pas peu ou prou connues, sont ignorées d’une bonne frange de la population. Comme si les associations de consommateurs souffraient d’un manque de dynamisme sur le terrain. D’ailleurs, combien de Burkinabè savent-ils qu’il existe, dans ce pays, de telles structures et, a fortiori, connaissent leur emplacement géographique et ont recours à elles, en cas de besoin ?

Au-delà de sorties médiatiques, ces organisations consuméristes devraient se constituer une force de mobilisation populaire, de sorte que les opérateurs économiques et autres commerçants véreux tremblent à l’idée d’outrepasser les normes recommandées de leurs marchandises et services, parce qu’ils ont la peur de voir leurs produits livrés à la vindicte populaire.

Il est vrai que dans ce pays où tout est prioritaire, il est certainement des difficultés qui freinent l’élan de ces structures de défense des consommateurs, donnant sans doute à certains membres le sentiment qu’ils prêchent souvent dans le désert. Il n’est pas exclu que leurs moyens soient limités, et qu’ajoutées à cela, leurs interpellations et propositions ne soient pas toujours l’objet d’une grande écoute de la part des autorités qui, assurément, ont leur partition à jouer.

Toujours est-il que le consommateur doit avoir la nette perception d’une défense sans relâche de ses intérêts par ces organisations, et avoir la certitude que le dialogue est permanent entre les deux parties. Sans disposer de pouvoir décisionnel, elles peuvent tout de même constituer un contre-pouvoir qui pousse les services compétents à prendre leurs responsabilités pour préserver le bien-être des citoyens.

Au Burkina, ce ne sont pas les affaires qui manquent en matière de droits de consommateur bafoués. Car, contrairement à une idée répandue, le domaine d’intervention des organisations consuméristes va au-delà du domaine alimentaire. Des prix des produits de première nécessité qui augmentent sans cesse, des prestations de services qui laissent à désirer, etc., ce sont autant de sujets qui les interpellent.

A propos de ces infrastructures mal réalisées pour lesquelles l’argent du contribuable a été dépensé, l’on n’a pas trop souvent entendu ces associations de consommateurs. Comme sur bien d’autres affaires. Certaines d’entre elles n’ont-elles pas été aphones, prétextant un manque de moyens, après la publication de l’enquête parlementaire sur certains produits de grande consommation, qui remettait sérieusement en cause la qualité de bien des produits ?

Mais à la décharge de ces structures habilitées à procéder au contrôle des produits, l’opinion publique ne se montre pas toujours disposée à les accompagner quand elles ont sérieusement besoin de son concours. Pire, parfois, cette opinion ne donne même pas l’impression d’avoir conscience que c’est sa propre cause qui est défendue et qu’elle y a tout intérêt. C’est dire que la lutte doit être engagée à tous les niveaux.

Si l’Union nationale des consommateurs du Sénégal (UNACOS) a pu remettre en cause la qualité de la toute-puissante firme "Coca Cola", c’est qu’elle a bénéficié d’une véritable adhésion populaire.

Mais le contexte actuel de corruption et de misère facilite-t-il la tâche à ces organisations ? Dans un tel environnement, des complicités ne manquent certainement pas, de nature à engendrer quelque part une certaine inertie de ces structures. C’est dire que les responsabilités sont partagées. Hommes politiques, opérateurs économiques, société civile, opinion publique, etc., chacun a sa part de responsabilité.

Dans les démocraties avancées, la réalité est tout autre. Le consommateur ne badine pas sur ses intérêts, lui qui n’hésite pas à donner de la voix quand ceux-ci sont menacés. Du fait que les citoyens connaissent leurs droits, que les mécanismes fonctionnent relativement bien, d’un problème posé, chacun en fait sien et sait qu’il a des chances d’être entendu.

Mais en Afrique, en dehors de quelques rares cas comme le récent mouvement d’humeur de la coalition contre la vie chère au Niger, force est de constater que les réflexes dignes de consommateurs vigilants et prompts à dénoncer ce qui ne tourne pas rond, ne sont pas courants.

A propos des associations de consommateurs au Burkina, on peut se demander si leur nombre ne favorise pas l’émiettement des forces. Autres questions : les responsables de ces organisations étant généralement des fonctionnaires de l’Etat, leurs responsabilités au sein des associations sont-elles toujours compatibles avec leur statut d’agents de l’Etat ? Ont-ils suffisamment les coudées franches ou peuvent-ils toujours poursuivre deux lièvres à la fois ?

Le Pays

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