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Ismaël Nandian Ouédraogo : "J’ai été suspecté et accusé sans avoir eu le temps de m’expliquer"

Publié le mardi 26 septembre 2006 à 09h10min

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Ismaël Nandian Ouédraogo

Moins d’un an après son adhésion officielle à l’Alliance pour la démocratie et la fédération/ Rassemblement démocratique africain (ADF/RDA), parti sous la bannière duquel il a été élu conseiller municipal du secteur 7 de Ouahigouya le 23 avril 2006, Ismaël Nandian a quitté le parti de l’Eléphant pour rejoindre le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP).

Si d’aucuns ont du mal à le comprendre, lui, estime qu’on devrait respecter sa décision. Quelle garantie lui a donnée le CDP ? Ismaël Nandian Ouédraogo acceptera-t-il de dévoiler le côté jardin de cette histoire ? Interview.

Le pays : Pourquoi avez-vous démissionné de l’ADF/RDA ?

Ismaël N. Ouédraogo : J’ai participé à l’élection et j’ai constaté des comportements et des décisions non consensuels. Alors j’ai vu, à un moment, qu’il fallait donner une visibilité à mon action politique. C’est pourquoi j’ai démissionné de l’ADF/RDA pour rallier les rangs du CDP qui, pour moi, actuellement, est le parti à même de garantir le développement de la commune.

La liste de candidatures pour les législatives serait-elle à la base de votre départ ?

Loin de moi l’idée d’une querelle de leadership. Il n’est pas question pour moi d’ambitions strictement individuelles au sein du parti. J’ai intégré l’ADF/RDA avec une base, et c’est la satisfaction des intérêts matériels et moraux de cette base qui m’importe. A ma connaissance, il n’y a pas eu de liste préétablie au sein du parti, à moins que ce ne fût sous le manteau ! Je suis parti suite au constat de la base qui a conclu que notre collaboration avec les instances de décision du parti au niveau local n’était pas satisfaisante. C’est dire donc qu’il s’agit d’une décision collective.

Le malentendu avec le conseiller Sidiki Bélem à la dernière session budgétaire du conseil municipal y serait-il pour quelque chose ?

Il n’est pas question pour moi de personnaliser le débat. J’ai été invité à la session budgétaire, j’y suis allé avec de très bonnes intentions. Mais pour des raisons de calendrier professionnel, je n’ai pu prendre part qu’à la première journée. Au cours de cette séance, sur proposition d’un de mes camarades de parti, j’ai été désigné vice-président de la commission finances. Je vous rappelle aussi qu’un autre élément de l’ADF/RDA a été également désigné au même poste dans une autre commission. Alors je ne comprends pas pourquoi par la suite nous avons été accusés de rouler pour le camp d’en face.

Je pense que la période électorale étant passée, il nous faut plutôt œuvrer au sein et avec tous les membres du conseil municipal pour le développement de notre commune. Je n’ai pas le temps pour les petites querelles sans intérêt. C’est peut-être la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. J’ai été suspecté et accusé sans avoir eu le temps de m’expliquer, et je crois que la base a ressenti cela comme un élément de plus dans cette campagne de mise à l’écart des affaires du parti au niveau local.

Votre départ et la saignée qui en a résulté portent à croire, en tout cas, que les choses ont été préméditées...

Non, je n’ai pas suscité ces départs, mais partout en politique il y a des affinités. Comme je l’ai dit tantôt, j’ai une base, et c’est l’esprit du groupe qui a prévalu. Je ne peux que féliciter ceux qui ont eu le courage de me suivre.

Le tandem Ismaël Nandian - Gilbert Noël Ouédraogo ne fonctionne plus. Il se trouve aussi que vos géniteurs, à savoir Hamadé Bougouraoua et Gérard Kango Ouédraogo, à un moment de l’histoire du Burkina, se vouaient une certaine hostilité avant de se réconcilier. Qu’est-ce que cela vous fait, vous qui, peut-être, pensiez perpétuer la réconciliation entre vos deux familles, de voir que l’histoire se répète ?

J’ai effectivement espéré que l’histoire ne se répèterait pas, mais force est de reconnaître aussi que l’histoire à ses balbutiements. On ne peut que le constater. Les vicissitudes de l’arène politique engendrent toujours la désolation.

Certaines personnes prétendent que le CDP vous aurait fait une offre alléchante.

Mon adhésion au CDP répond à un souci de concrétiser mon intention de participer au développement de ma commune. Vous avez remarqué que ceux qui étaient de ma tendance réclamaient déjà des actions concrètes. Et présentement, pour nous, c’est le CDP qui, à travers l’unité, garantit le développement. Sinon, je ne suis pas allé au CDP en tant que leader, mais plutôt en tant qu’élément d’une base qui peut participer au développement de notre commune.

Quelle est votre réponse à ceux qui disent que vous avez trahi la mémoire de votre père ?

Nous sommes en démocratie, c’est la liberté d’expression et d’opinion. Je respecte l’opinion d’autrui, et je souhaite qu’on accepte également ma décision. Chacun est libre de ses décisions.

Propos recueillis par Lassina SANOU

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 26 septembre 2006 à 13:02 En réponse à : > Ismaël Nandian Ouédraogo : "J’ai été suspecté et accusé sans avoir eu le temps de m’expliquer"

    J’ai honte à la place de ces politiciens sans conviction et malhonnêtes qui changent de partis pour des petits problèmes. Un ami m’a dit un jour, on adhère au CDP par le haut et on le quitte par le bas. Des malhonnêtes n’ayant aucune considération au CDP tentent leur chance ailleurs, si la chance les sourit, ils reviennent systématiquement à la case de départ en nous mentant.

    Je trouve que c’est bien mérité pour l’ADF/RDA qui ne sait pas sur quel pied danser et qui reçoit que des politiciens qui ne savent pas sur quel pied danser. C’est la conséquence directe de sa politique qui ne dit pas son nom. Comment peut-on être en même temps de la mouvance et de l’opposition.

    • Le 27 septembre 2006 à 06:35 En réponse à : > Ismaël Nandian Ouédraogo : "J’ai été suspecté et accusé sans avoir eu le temps de m’expliquer"

      Je suis en parfait accord avec cet internaute mais seulement sur l’appréciation du départ éhonté et malhonnête d’Ismaël.
      Ismaël est tellement "intelligent" dans sa démarche qu’il essaie de cacher et d’escamoter les vrais raisons de son départ.
      En effet, à l’heure actuelle, l’A.D.F./R.D.A. n’étant pas au pouvoir, elle ne peut, certainement pas, offrir des moyens financiers importants (mieux que le CDP) qu’Ismaël escompte actuellement. Peut-être reviendra-t-il par le bas. L’histoire nous l’apprendra ultérieurement. Ce qui est sûr, la trahison est un mal universel.

      En revanche, il ne faut pas confondre la participation de l’A.D.F./R.D.A. au gouvernement et sa participation à la mouvance présidentielle. A la date du 13 novembre écoulé, M. COMPAORE était le meilleur candidat pour le Burkina. C’est incontestable pour les citoyens burkinabé qui ont un minimum de raison ; et il suffit de voir les résultats. Ce qui n’empêche pas le Parti de Monsieur Ouédraogo Gilbert de conserver sa totale autonomie fonctionnelle et sa qualité de parti d’opposition. Il faut éviter les dogmes politiques issus du passé que l’on veut nécessairement "singer". On peut être un parti d’opposition et oeuvrer avec le parti au pouvoir pour le développement du pays. Surtout, de notre pays où il manque de tout. Ange TAMPSOBA, France.

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