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Gouvernement-syndicats : toujours anticiper

Publié le lundi 25 septembre 2006 à 05h56min

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Lorsque nous lisons la presse et écoutons les déclarations de syndicalistes et d’hommes politiques, nous nous attendons, dans les prochains jours, à un climat social « agité ». Et ce, au moment où le gouvernement prépare la reprise des négociations avec les syndicats prévue pour les 28 et 29 septembre prochains et la rentrée scolaire et universitaire d’octobre.

Tout cela dans un contexte économique difficile pour notre pays et dans un environnement international défavorable. Alors que la demande sociale est très forte, la vie de plus en plus chère pour des populations de plus en plus pauvres, le gouvernement se retrouve sur plusieurs fronts à la fois avec des moyens fort limités. Les performances économiques du Burkina Faso ont été réduites par une baisse constante des cours du coton, le principal produit d’exportation pendant que nous assistons à une hausse des cours des produits pétroliers.

Point n’est besoin de dire que la conjugaison de tous ces facteurs a créé un malaise dont les manifestations sont visibles. Quand le 1er septembre dernier, des personnes se sont opposées fort bruyamment et dans certains cas violemment, à une mesure aussi juste que salutaire que le port obligatoire du casque, c’était beaucoup plus pour manifester leur colère voire leur impuissance face au coût de la vie que par rejet de la décision gouvernementale ou par défi de l’autorité politique.

Le gouvernement a vite compris le message. Nous avons même remarqué que la communication gouvernementale, ces derniers jours, est abondante et apaisante. Pas de langue de bois ni de sujets tabous. Le Premier ministre, Ernest Paramanga Yonli n’a-t-il pas déclaré, après le conseil des ministres de l’après-vacances gouvernementales, que sa préoccupation première est d’apaiser le climat social ? Il est excessif sinon injuste de soutenir que nos gouvernants sont indifférents aux difficultés dont souffre de manière générale, la population. Il est certainement plus juste de dire que les mesures qui ont été prises jusque-là pour la soulager sont en- deçà des attentes.

La baisse même symbolique du prix de l’essence de dix (10 F CFA), la subvention des 250 000 000 F CFA aux établissements privés laïcs, la régularisation administrative de la situation des agents de la Fonction publique avec incidence financière, des bourses aux nouveaux bacheliers les plus méritants, la prise en compte financière par l’Etat des accidents professionnels en faveur des agents publics sont des mesures à saluer. Même si elles sont insuffisantes, elles sont la manifestation de la volonté du gouvernement de faire ce qui est possible de faire à un moment donné et selon les capacités financières et matérielles disponibles.

Au risque de nous repéter, il faut réduire de manière drastique le train de vie de l’Etat. L’utilisation abusive des biens publics, les frais qu’occasionnent le téléphone, l’électricité, l’eau, certaines missions dont le bien-fondé n’est pas évident doivent être revus. L’Etat ne doit pas prêter le flanc à certaines critiques dans la gestion du patrimoine national.

Quand le gouvernement et les syndicats se retrouveront, les 28 et 29 septembre prochains, c’est toujours pour discuter des préoccupations de la population, du coût de la vie qui a été aggravé par la hausse des prix de l’essence, de l’électricité, des frais de scolarité et de bien d’autres produits de consommation.

Pour sans doute mettre la pression sur le gouvernement, une grève de vingt quatre (24) heures et une marche-meeting sont prévues pour le 27 septembre prochain à l’appel des centrales syndicales et des syndicats autonomes pour protester entre autres, contre la vie chère. Nous nous souvenons encore des grèves des 23 et 24 mai 2006 et de celle du 10 juin 2006. Nous nous souvenons aussi des manifestations de la fin de l’année dernière qui avaient été déclenchées par les travailleurs pour les mêmes causes qu’aujourd’hui. Il y a une constante dans toutes ces manifestations : la lutte contre la pauvreté.

Souhaitons que de ces négociations entre le gouvernement et les syndicats, il en sorte quelque chose d’acceptable pour le pouvoir d’achat des travailleurs et d’apaisant pour la paix sociale. Quoi de plus nécessaire que le dialogue qui permet de trouver des solutions aux situations difficiles ! Dans cet ordre d’idées, il faut se féliciter de la disponibilité du gouvernement et des syndicats à reprendre langue après des mois d’incompréhensions. C’est le propre d’une société dynamique et démocratique. Personne n’ a intérêt à l’affaiblissement ou à la disparition des syndicats qui ont prouvé tout au long de l’histoire de notre pays qu’ils ont été des interlocuteurs utiles et incontournables de tous les pouvoirs. Personne n’a aussi intérêt à l’affaiblissement de l’autorité de l’Etat et partant, au désordre social, à la chienlit à l’instabilité.

D’où le dialogue permanent, le meilleur moyen d’anticiper et de gérer les affaires de l’Etat

Par Béssia BABOUE

Sidwaya

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