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Vie chère : La vie est dure au Faso : à qui la faute ?

Publié le samedi 23 septembre 2006 à 08h56min

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Au pays des Hommes intègres, la vie est dure et très dure. Augmentation du prix des hydrocarbures, de l’électricité, port obligatoire de casque. La situation ne peut laisser et ne laisse personne indifférent. Ce ne sont pas les ABC qui diront le contraire.

Toutes les différentes composantes de la société réagissent à cette situation, chacune suivant sa position sociale de gouvernant, de syndicat, ou de simples citoyens. Mais à qui la faute ?

Le Burkina Faso, pays pauvre, endetté a une forte dépendance énergétique vis-à-vis de l’extérieur dont malheureusement sa marge de manœuvre pour maîtriser cette dépendance reste mince. Ce qui explique la rareté des ressources engendrées par la conjoncture économique et politique internationale.

Aucun pays, surtout pas le nôtre, ne peut à lui seul influencer la conjoncture économique mondiale. Nos pays peuvent prendre des mesures politico-administratives permettant à défaut d’influencer l’offre, donc les prix des hydrocarbures d’agir sur la demande nationale dans le sens de la faire fléchir ou à tout le moins la maintenir en stagnation.

Parmi ces mesures, il y a la logistique et le train de vie de l’Etat.

En effet, il est connu au Burkina, et le ministre du Commerce l’a redit lors d’un point de presse du gouvernement que les droits et taxes perçus par l’Etat sont une composante essentielle du niveau des prix des hydrocarbures, à la pompe dans notre pays.

Les taxes prélevées ne sont-elles pas suffisantes ?

Ces prélèvements permettent à l’Etat selon le ministre cité, d’assumer pleinement son rôle "d’Etat providence" puisque ces fonds sont réaffectés à des subventions des produits de grande consommation et d’intérêts économiques stratégiques comme l’électricité produite par la SONABEL. C’est pour cela, qu’il est difficile pour le Burkinabè de digérer l’augmentation du prix de l’électricité.

Cette augmentation a fait l’objet d’un arrêté ministériel conjoint signé le 23 août 2006 du ministre en charge de l’Energie et des Mines, de ses homologues en charge du Commerce et des Finances et du Budget. La raison avancée par les premiers responsables de la SONABEL : l’envol du cours du pétrole.

Cette situation, disent les responsables, menaçait la santé financière de la société si rien n’était fait. La précarisation de la santé financière pouvait affecter la confiance des investisseurs. Cependant, la conjonction d’un certain nombre d’éléments est à l’origine de cette augmentation : l’accumulation de facteurs défavorables, la baisse de la subvention de l’Etat, le report de la mise en service de la ligne Bobo-Ouaga et le renchérissement considérable et continu de l’énergie importée, ainsi que celle produite au plan national. L’augmentation était donc incontournable. C’est dire que la situation de la SONABEL ressemble à celle d’un bébé qui refuse de grandir. L’une des mesures à prendre consisterait à amener, voire à exiger de ces entreprises qui ne vivent que par le cordon ombilical de l’Etat à défaut de s’en défaire, à réduire leur dépendance vis-à-vis de la subvention.

Ceci ne peut se faire qu’en faisant valoir la dynamique interne de gestion de ces entreprises. En effet, l’une des raisons avancées par les institutions de Bretton Woods pour exiger et obtenir les privatisations des entreprises publiques est que celles-ci ponctionnent parfois énormément les ressources budgétaires déjà maigres des Etats à travers justement les subventions à elles accordées.

Et comme si cela ne suffisait pas, les établissements d’enseignement empruntent eux aussi la voie de l’augmentation en faisant grimper les frais de scolarité. Le Burkina voit ainsi ses charges en train de multiplier, alors que ce n’est pas le cas du revenu.

Port obligatoire de casque pour compléter la facture

Suite à la décision 2005-196, stipulant en son article 15 le port obligatoire du casque à tout usager de la route ayant et/ou étant sur un engin à deux roues.

La décision est bonne, le gouvernement veut par cette loi protéger les usagers des risques d’accidents. Mais la période était mal choisie. D’ailleurs la série des augmentations du prix des hydrocarbures, d’électricité avaient commencé à semer le mécontentement des Ouagalais.

Il était évident que la population allait réagir. Certains, les conformistes se sont pliés sans réchigner à la décision et ont échappé aux contrôles policiers auxquels les forces de sécurité ont procédé. D’autres, les "rebelles" se sont convaincus de braver la force publique en arguant de multiples raisons.

Le coût de la vie devient de plus en plus difficile et les salaires restent cependant statiques. Plus de dépenses, même salaire ! Il faut "raccommoder" pour survivre. C’est dire que les pauvres qui constituent plus de 80 % de la population par ces augmentations sont en train de s’éloigner de la porte de sortie.

Mais devons-nous condamner seulement l’Etat sans chercher à comprendre les véritables raisons ? l’Etat lui-même peut être obligé de prendre ces mesures. Nous ne sommes pas des avocats du diable, nous essayons d’analyser et de comprendre la situation. Chaque jour que Dieu fait, nos gouvernants font sonner la cloche de la lutte contre la pauvreté. Le programme de Blaise Compaoré "Le progrès continu pour une société d’espérance", prône le bien-être des populations à la base.

C’est dire que cette situation dépasse même le contrôle de l’Etat. Les syndicats ont promis d’aller en grève, c’est leur droit et ils ont parfaitement raison.

Mais faisons toujours preuve de compréhension pour sauver l’essentiel. C’est-à-dire la paix sociale.

Kibsa KARIM

L’Hebdo

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