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Médias : La presse malienne en crise

Publié le jeudi 21 septembre 2006 à 07h53min

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L’atelier de formation en technique de publication assistée par l’ordinateur (PAO) organisée par l’UNESCO à Bamako du 2 au 9 septembre, et qui a connu la participation de cinq (5) journalistes burkinabé nous a donné l’importun opportunité de vivre une crise ouverte dans la presse malienne.

La gestion de la Maison de la presse pose problème au pays de ATT. Au centre du problème la question de la limitation des mandats dans la gestion des affaires publiques.

« Quelle leçon pouvons-nous encore donner aux politiques si nous-mêmes nous ne pouvons pas donner le bon exemple ? » C’est ainsi que s’est exclamé un confrère malien lorsque, avec lui, a été abordé le sujet qui sème la discorde au sein des hommes de presse des bords du fleuve Djoliba. Sujet banal somme toute, d’autant que partout ailleurs en Afrique on vit la même situation, voilà bientôt dix (10) années que l’équipe sortante, constituée de doyens de la presse malienne est au commande de la Maison de la presse.

Dix (10) années de gestion sans bilan financier, encore moins moral. Pourtant, chaque année une manne financière de près de 30 millions tombe dans les caisses de la structure. Sans oublier les appuis multiformes des chancelleries. 10 ans à la tête d’une telle structure, c’en est trop et de jeunes « loups » ont estimé qu’il est temps de confier la gestion de la Maison à la nouvelle génération.

Une assemblée générale a été convoquée au mois d’août au cours de laquelle les griefs portés à l’encontre de l’équipe dirigeante sortante, qui du reste n’a pas présenté de bilan, ont conduit à une véritable guéguerre qui a provoqué le report de l’AG en début septembre. Les protagonistes se sont donc quittés dos à dos et la presse malienne riche déjà d’ une douzaine d’associations de professionnels des médias s’est par la suite retrouvée partagée en deux camps retranchés. En réalité, l’équipe sortante pas encore fatiguée de ses dix piges aux commandes, entend rébeloter, ce qui n’est pas du goût de tous.

Dès lors, il était devenu difficile de concilier les deux positions. Des menaces,
verbales, puis physiques étaient devenues le langage des hommes de presse des deux camps. Par prudence, le S.P (Secrétaire permanent) de la Maison de la presse sentant le danger venir, à la veille de la deuxième AG, fait appels aux forces de l’ordre (la gendarmerie) qui quadrillent les lieux pour éviter tout débordement. Cela n’empêchera pas des éléments de l’équipe sortante de forcer les portes de la salle dans laquelle devait se tenir l’AG. Une plainte est déposée au parquet qui devait délibérer courant septembre.

Quand nous quittions les rives du Djoliba, nos confrères étaient plus que jamais en « guerre » et toute tentative de concilier les deux groupes semblait vaine. Comme quoi, l’abus du pouvoir n’est pas propre aux hommes politiques et comme l’a dit quelqu’un, « rester trop longtemps au pouvoir , ça abruti ».

Les hommes de presse prompts à reprocher l’amour du pouvoir aux politiques ne tombent- ils pas plus bas lorsqu’ils emboîtent le pas à ceux-ci ? Certes la presse malienne s’illustre négativement par cette crise née en son sein mais il faut hélas reconnaître que son cas pourrait faire œuvre utile pour les autres pays africains où la situation n’est pas différente.

Partout, on assiste à une crise de mutation, à un combat de générations. Si au Burkina Faso, au plan organisationnel les passions individuelles n’ont pas encore réussi à créer la zizanie, certains sujets sont différemment appréhendés et sont par conséquent sources de menaces sur la « Maison de la presse burkinabé ».

Fort heureusement, dans la gestion du Centre de presse Norbert ZONGO tout baigne parce qu’on a trouvé une formule qui contente tout le monde, mais la situation dans les associations ressemble pour certaines à une poudrière que la moindre étincelle pourrait venir embraser.

Déjà, la crise de l’AJSB (Association des journalistes sportifs du Burkina) il y a de cela quelques années vient nous rappeler que ce qui arrive aujourd’hui à nos amis du Mali, nous l’avons connu en partie et nous risquons de le vivre encore si rien n’est fait dans les associations pour assurer l’alternance dans les structures. La crise malienne est une véritable invite à mettre le holà à de situations « anti-alternance » dont nous nous complaisons !

Par Frédéric ILBOUDO

L’Opinion

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