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Commercialisation du maïs frais : Craintes et espoirs des acteurs de la chaîne

Publié le jeudi 21 septembre 2006 à 07h56min

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Ils sont nombreux les Ouagalais qui aiment à marquer un arrêt et empoigner un épi de maïs frais grillé. Mais ils sont rares, ceux qui se sont souvent posés la question sur le circuit par lequel l’épi a cheminé jusqu’à eux. La chaîne est longue et ne va pas sans difficultés.

Le maïs, céréale à base de laquelle sont préparés divers mets (tô, couscous, bouillie, galettes...) était jadis utilisé pour minimiser les poches de famine pendant les périodes de soudure. Son cycle de production varie entre 60 et 120 jour selon la variété et les conditions climatiques. Il était produit au tour des concessions afin d’en assurer une surveillance appropriée et une disponibilité à tout moment.

De nos jours, avec le développement de la petite irrigation, le maïs se produit à toutes les périodes de l’année, de sorte que s’est développé autour de cette denrée un commerce qui fait une part belle à la consommation du maïs frais. Ce commerce a tellement pris de l’ampleur à Ouagadougou que l’on rencontre dans la chaîne des grossistes, des demi-grossistes, des grilleurs et même des vendeuses ambulantes.

Tout part des producteurs auprès de qui, les grossistes du Centre vont se ravitailler. Koubri et Kombissiri sont leurs destinations favorites, au grand plaisir des cultivateurs qui expliquent la vente de leurs produits par diverses raisons. Pour Moumouni Rouamba, c’est un simple calcul. Avec l’expérience, Moumouni a compris qu’en vendant sa production fraîche, il achète deux à trois fois plus de maïs. « Voilà pourquoi depuis trois ans, j’applique cette méthode ».

Salamata Tondé, elle évoque le besoin financier lié aux charges scolaires. C’est ainsi qu’elle a apporté une charretée de maïs frais qu’elle a écoulée à 18 000 F CFA. Au marché où se rencontrent acheteurs et grossistes règne un vacarme produit par la chaleur des négociations. « 3 à 100F », « c’est trop cher », « tes épis de maïs ne sont pas gros », « est-ce que tu sais tenir une daba », sont des propos qui reviennent fréquemment.

Mais au bout du compte, on se comprend toujours. Puis c’est la phase des comptes et recomptes. Rasmané Sakandé exerce depuis deux ans dans cette activité. Méfiance ou manque de confiance, il refuse de se prononcer sur son gain tout en relevant que l’activité comporte des hauts et des bas suivant que l’on tombe sur une production de qualité, un bon repreneur et un écoulement immédiat. « Si l’on n’est pas courageux, on ne peut pas exercer dans la vente du maïs frais », conclut M. Sakandé tout en remplissant son sac.

Juste à côté de lui, sa collègue ou plutôt sa complice vient de conclure avec un producteur pour une somme de 11 000F. « On dirait que ce monsieur nous suit partout, il m’a déjà photographié à Confiance yaar », murmure Alizéta Tiendrebéogo.

Et d’ajouter que la vente du maïs qu’elle vient d’acheter pourrait lui rapporter au moins 3 000 F de bénéfice. « Je pouvais avoir plus que ça si je n’avais pas à payer le carburant et les autres frais ». Si Alizéta et son compagnon transportent leur charge à l’aide de motocyclettes, d’autres le font par le biais des transportent. Une fois à Ouagadougou,

c’est à l’espace vide entre la route de Pô et la circulaire que les revendeurs attendent leurs marchands. Là, l’on assiste à la livraison tous azimuts de gros sacs sur lesquels les acheteuses ne tardent pas à se disputer. « C’est mon marchand habituel », « je l’ai hélé la première », « si tu me cherches, tu vas me trouver », se lancent-elles. Mais pas d’inquiétude, ce ne sont que des plaisanteries puisqu’une fois le marché attribué, la causerie reprend bon train en attendant un nouvel arrivage.
Ces dernières achètent entre 5 000 F et 7 500 F qu’elles revendent les soirs aux abords de certains artères. A 50F, 75 F ou même plus, selon la grosseur de l’épi et le statut de l’acheteur, les épis de maïs grillés s’arrachent comme des petits pains.

Le bénéfice engrangé varie et Pauline Nikièma dit réaliser 3 500F de bénéfice pour un prix d’achat de 5 000 F. Si certains comme Abassa Ido sur son vélo en achète pour calmer sa petite faim, certains consommateurs sont de véritables amateurs de cette céréale. Selon des témoignages, l’horizon semble s’assombrir devant les acteurs du commerce de maïs frais compte tenu de la réglementation qu’est en train d’appliquer la direction de la police municipale.

« Nous avons besoin d’un site pour maïs »

Ce souhait est le dénominateur commun des préoccupations de toutes les catégories intervenant dans la commercialisation du maïs frais. Firmin Ouédraogo, responsable des vendeurs de maïs frais de Confiance yaar crie son ras-le-bol : « la police municipale nous fait souffrir. Les policiers nous chassent, retirent nos engins et le maïs qui parfois pourrit dans leurs locaux. Je viens de payer 27 500 F pour avoir ma moto. Nous avons demandé au maire de nous faire délimiter un site pour qu’on y mène nos activités », a martelé M. Ouédraogo. « S’ils préfèrent qu’on aille voler comme les autres, ils n’ont qu’à continuer de nous chasser comme des voleurs, » reprend un du groupe.

Du côté de la police municipale, le directeur par intérim, M. Franck Guigma estime que son service ne fait « qu’appliquer les textes ». Selon lui, « le domaine public est ce qui appartient à tout le monde et à personne ». L’opération de déguerpissement des abords de la voie publique se justifie selon M. Guigma par le souci de préserver la tranquillité et la sécurité des usagers et des habitants. « Si nous voulons un cadre digne de la capitale de notre pays, il y a des comportements à abandonner. Nous avons d’abord sensibilisé, maintenant c’est la phrase de la répression ».

Comme alternative, M. Franck Guigma invite les acteurs à exploiter les sites des marchés et yaar qui sont des espaces aménagés pour ces types d’activités.
Il évoque aussi la nécessité de réalisation de kiosques ou restaurants de maïs grillés.

Zackaria BAKOUAN (zaack_bak@yahoo.fr)

Sidwaya

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