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Citoyens du Monde/Burkina : "C’est de l’intégrité dont nous avons le plus besoin"

Publié le jeudi 21 septembre 2006 à 07h45min

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L’Organisation des Nations unies a institué le 21 septembre comme journée internationale de la paix. A l’occasion de ladite journée, le président du Conseil permanent de Citoyens du monde/Burkina Faso, Antoine Sanon, a fait une déclaration dont la teneur suit.

L’Assemblée générale de l’ONU, dans sa résolution 55/282 , en date du 7 septembre 2001, a décidé que la Journée internationale de la paix serait observée chaque année le 21 septembre. L’Assemblée générale a déclaré que la Journée internationale de la paix serait observée comme une journée mondiale de cessez-le-feu et de non-violence, pendant la durée de laquelle toutes les nations et tous les peuples seraient invités à cesser les hostilités.

Elle a engagé les Etats membres, les organismes des Nations unies, les organisations régionales et non gouvernementales et les particuliers à célébrer comme il convient, la Journée internationale de la paix, y compris au moyen d’activités d’éducation et de sensibilisation, et à oeuvrer, de concert avec l’Organisation des Nations unies, à l’établissement d’un cessez-le-feu mondial.

Et, le 21 septembre 2004, monsieur Kofi Annan, secrétaire général de l’ONU déclarait : « Nous devons renforcer la solidarité internationale face à de graves crises humanitaires comme celle du Darfour. Nous devons faire plus en vue de forger un véritable partenariat mondial pour le développement, contre la faim, l’ignorance, la pauvreté et la maladie et pour atteindre les Objectifs du millénaire pour le développement, que tous les États membres ont approuvé comme schéma directeur pour l’édification d’un monde meilleur au XXIe siècle. Et nous devons promouvoir une plus grande tolérance et une meilleure compréhension entre les peuples du monde.

Rien ne peut davantage mettre en péril les efforts que nous déployons pour consolider la paix et parvenir au développement qu’un monde divisé en blocs religieux, ethniques ou culturels. Dans chaque nation, et entre toutes les nations, nous devons nous employer à promouvoir une unité fondée sur notre humanité commune. Puissions-nous aujourd’hui puiser notre inspiration dans le son de cette cloche alors que nous nous efforçons d’atteindre ces buts. Que la cloche porte son message haut, juste et clair dans le monde entier. »

Plaidoyer en faveur de la paix

Comme contribution à la réflexion et manifestation de notre solidarité à l’intention de tous les acteurs, Citoyens du monde/Burkina Faso livre le présent message. Nous le voulons comme un plaidoyer en faveur de la paix à travers une intégrité vraie et un leadership vécu et assumé. Des germes et des sources de conflits existent là où existent des ressources pour la paix. Ce pays est une vision. Ses habitants n’attendent que des leaders dignes du Burkina Faso pour relever le défi de la paix, de la stabilité et du développement humain durable. Une communauté humaine ne peut envisager son progrès sans vision, sans direction, sans rêve partagés, sans leaders. C’est pourquoi nous insisterons sur l’intégrité et le leadership.

Le destin de notre époque caractérisée par la rationalisation, l’intellectualisation et surtout par le désenchantement du monde, a conduit les humains à bannir les valeurs suprêmes les plus sublimes de la vie publique selon Max Weber dans le savant et le politique. Cela est vrai au Burkina Faso, et singulièrement parmi la classe des hommes et femmes politiques, chargée de la réalisation de notre idéal commun.

Si la politique est entre autres, l’ensemble des efforts que l’on fait en vue de participer au pouvoir ou d’influencer la répartition du pouvoir, soit entre les Etats, soit entre les divers groupes à l’intérieur d’un Etat, cette classe des hommes et des femmes politiques l’a bien comprise, elle qui expose la communauté à bien des risques aujourd’hui dont celui du conflit d’origine politique ou résultant de la compétition pour le pouvoir. Nous pouvons tous, à des degrés divers, contribuer à les prévenir ou à les résoudre.

Prévenir les conflits, une obligation première de l’Etat

La prévention des conflits est l’une des premières obligations des Etats membres des Nations unies. Elle est destinée à prévenir la souffrance humaine et constituer une alternative aux coûts politico-militaires élevés des opérations de maintien de la paix ou des conflits tout simplement. Pour le Burkina Faso, on ne peut affirmer qu’il existe des données qualitatives et quantitatives pour mesurer les indicateurs structurels permettant d’évaluer les risques, les types et les niveaux de conflits. Toutefois, en matière foncière, politique, sociale, communautaire, religieuse, le pays a expérimenté, à des degrés divers, des situations de conflit et de violence.

Les institutions qui fondent et animent la vie démocratique et républicaine d’une part, et les responsables communautaires d’autre part, ont, à des degrés divers mais dans un constant effort de coordination, un rôle de leadership à jouer en faveur de la paix et de la prévention structurelle des conflits. En effet, ces acteurs ont toujours été au service des mécanismes ponctuels constitutionnels ou non constitutionnels de prévention des conflits et d’édification de la paix.

Si le rôle de l’Etat est central dans la conception et le maintien de structures effectives de gouvernance en mesure de réguler la compétition des intérêts en vue de promouvoir la dignité humaine, favoriser le primat de la loi et réaliser un développement équitable, ce processus concerne et doit impliquer l’ensemble des acteurs. Conformément à cette perspective de la gouvernance, les capacités en prévention, gestion, règlement des conflits et édification de la paix devraient se focaliser sur le développement d’aptitudes et de capacités institutionnelles et organisationnelles à même d’assurer une culture constructive et participative de résolution des problèmes, de coopération, de négociation, de dialogue, de consensus au sein de la communauté.

Une prévention effective des conflits et la construction proactive de la paix impliquent la prise en compte des politiques sociales et économiques, écologiques et environnementales, des questions telles que les droits humains, le travail, la corruption, la démocratisation, la décentralisation, la communalisation et la gouvernance. Elle exige de ce fait une concertation permanente entre acteurs, une approche multisectorielle, des stratégies transdisciplinaires et multidisciplinaires intégrant les contraintes à court terme de nos politiques et les exigences à long terme de la gouvernance, des facteurs sociaux et économiques.

Une stratégie intégrée de transformation et de prévention des conflits pourrait inclure un plan stratégique intégrant les stratégies de transformation et de prévention des conflits dans les politiques de développement actuelles et futures.

Pour des processus électoraux apaisés au service de la personne humaine

Nous avons la chance de vivre dans un pays où règnent une paix et une stabilité fragiles mais précieuses. La montée de la violence, de l’intolérance en milieu jeune, scolaire et politique mais aussi dans la rue et dans les conflits interpersonnels est une réalité inquiétante à laquelle notre société doit faire face aujourd’hui. Après le scrutin présidentiel, les élections législatives à venir sont en cela un autre moment important de la vie de la nation et de la commune qui interpelle chaque citoyen sur ses devoirs civiques en termes d’engagement personnel, de participation et de préservation de la paix sociale.

Au-delà des élections, il y a une cité et un pays à construire, dans la paix. Les autres candidats ne sont pas plus et pas moins que des adversaires et non pas des ennemis à abattre. Ils sont nos frères avant, pendant et après la campagne même si la politique n’est pas un jeu pour enfants de chœur.

C’est le lieu d’interpeller les acteurs de paix, les jeunes, les femmes, les sages ... à aider nos femmes et nos hommes politiques à travailler dans la tolérance, la non-violence et à préserver la paix sociale.

Le Burkina Faso, carrefour des cultures et des peuples, est un bel exemple d’ouverture, d’intégration et de dialogue des cultures. Chacune de ces cultures, chacun de ces peuples ont tous eu des influences encore visibles et vivantes pour notre pays. Il existe entre ces hommes et ces femmes qui ont ensemble tissé les toiles d’une solidarité vivante, une interdépendance, une interaction dynamique et constructive, une volonté de vivre ensemble et d’agir sur le monde que le politique se doit de suivre et non de domestiquer à des fins personnelles et fondamentalement étrangères à ce projet de société.

Malheureusement, dans la conquête du pouvoir local, régional ou national, le recours voilé à la xénophobie, à l’ethnie et au régionalisme est une arme que n’hésitent pas à utiliser certains candidats pour briguer les suffrages ou contester des résultats défavorables auprès de populations peu conscientes ou, à tout le moins, peu intéressées des enjeux des élections.

A la faveur de la politique politicienne, ce phénomène qui est le refus de l’autre, semple petit à petit prendre corps dans notre société. C’est donc le lieu de lancer un appel à la classe politique coupable d’abus de pouvoir, de trafic d’influence, de mettre fin à la politique politicienne, à la politique pour la politique, à la politique pour soi :

- parce que la paix est un droit pour notre peuple,

- parce que la paix est possible,

- parce que la paix est précieuse.

Cultiver et mettre son leadership personnel au service de la paix au Burkina Faso

Du forum de réconciliation nationale de 1991 au Comité national d’éthique en 2002 en passant par le Collège des sages, le Burkina Faso a traversé des crises majeures d’ordre social, politique, foncier, culturel ou religieux, mais aussi et surtout des mécanismes constitutionnels ou non, de gestion et de résolution de ces crises. Les dérapages et les risques de dérapages viennent essentiellement de la compétition pour le pouvoir politique mettant en présence les formations politiques et affectant l’ensemble du corps social.

Ces trois dernières années au Burkina, l’accès équitable et la gestion des ressources naturelles ont mis à nu des intérêts divergents engagés dans une compétition qui peut constituer des facteurs déclencheurs de conflits fonciers d’ampleur variable mais dont les victimes en vies humaines et familles éplorées deviennent déjà trop nombreuses. Mangodara et Sidéradougou dans la Comoé, Diabo dans le Gourma et Pô dans le Nahouri en sont à la fois de parfaites illustrations, mais aussi et surtout des signes précurseurs. Malheureusement, la tendance n’est ni à la stabilisation ni au recul.

Dans une société en crise et en quête de repères, qui mieux que les leaders est en mesure de proposer une vision et des chemins nouveaux. Vision et chemins qui suscitent l’adhésion des concitoyens et qui influencent le comportement de l’autre, le fonctionnement et l’évolution de la société dans la recherche de la paix. Face à l’"événement, c’est à soi-même que recourt l’homme de caractère. Son mouvement est d’imposer à l’action sa marque, de la prendre à son compte, d’en faire son affaire. Et loin de s’abriter sous la hiérarchie, de se cacher dans les textes, de se couvrir des comptes rendus, le voilà qui se dresse, se campe et fait front.

Non qu’il veuille ignorer les ordres ou négliger les conseils, mais il a la passion de vouloir, la jalousie de décider... Il embrasse l’action avec l’orgueil du maître, car s’il s’en mêle, elle est à lui... Moralement, il l’anime, il lui donne la vie, comme le talent fait de la matière dans le domaine de l’art. » Cette propriété de vivifier l’entreprise implique l’énergie d’en assumer les conséquences. La difficulté attire l’homme de caractère, car c’est en l’étreignant qu’il se réalise lui-même. Mais qu’il l’ait ou non vaincue, c’est affaire entre elle et lui... Il y cherche quoi qu’il arrive, l’âpre joie d’être responsable !

C’est de l’intégrité dont nous avons le plus besoin au Burkina Faso. C’est l’intégrité des grands qui crée l’enthousiasme collectif, la confiance des petites gens. Quand tout semble perdu, c’est l’intégrité qui sauve, c’est aux Hommes intègres qu’on fait appel. Ainsi en a-t-il été ici avec le Forum de réconciliation nationale, le Collège des sages et la Journée nationale de pardon. L’intégrité est alors un ferment d’espoir pour un nouveau départ.

Souhaitons avec Lao-Tseu qu’émerge une nouvelle race de leaders, passionnée de justice, obsédée de paix, respectueuse de la personne humaine.

Antoine Sanon,
Président du Conseil permanent de Citoyens du monde/Burkina Faso

Le Pays

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