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Rentrée politique : Sous le signe de la paix sociale

Publié le samedi 16 septembre 2006 à 08h31min

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Ainsi les vacances ont-elles pris fin, la semaine dernière, pour les ministres du Faso qui avaient, nul doute, de nombreux motifs pour souffler un peu, bien que cela ne fût pas le cas pour tous.

Rentrée politique très optimiste s’il en est ; l’humour du président du Faso a clairement laissé transparaître une volonté d’instaurer un climat social plus apaisé pour les prochains mois. La digue des inquiétudes est-elle en train de céder ?

Dans un pays enclavé qui subit de plein fouet les avatars de la globalisation, l’engagement des forces sociales dans la lutte pour la promotion des droits et la liberté a toujours été perçue de différentes manières et l’on attendait les réactions de l’Exécutif à ce sujet. Si ce n’est pas encore la confiance entre syndicats et gouvernement, de nombreux indices tendent à démontrer que ce n’est déjà plus la méfiance. A preuve, ces subventions promises par le gouvernement dans les domaines des hydrocarbures et l’école privée.

Pour l’homme de la rue dont, généralement, la conception de « vie moins chère » rime avec « plus d’argent », il se pose toujours la question des augmentations de salaires. Le « gris-gris » infaillible contre la vie moins chère résiderait-il uniquement dans des augmentations de salaires ?

Assurément, non, car il serait inutile de procéder à une telle opération si l’on est incapable de maîtriser les prix qui flamberaient conséquemment.

Si généralement l’on s’accorde pour octroyer un bon point au régime dans sa volonté d’établir une paix sociale durable, certains y voient aussi une façon adroite d’absoudre des individus « jugés coupables » d’avoir attisé la flamme qu’on a connue et qui promenait des turbulences sévères. Déjà, dans certains cercles, l’on n’hésite pas à employer ce mot le plus haï par les membres d’un gouvernement : remaniement. On le sait, la qualité de l’instrument n’est jamais indifférente à la bonne fin d’une politique.

Rien ne sera suffisamment clair avant un mois ou deux, car chaque partie cherchera, dans les propositions de l’autre, des indices de freins futurs qui entraveraient la réalisation d’objectifs donnés. N’est-ce pas pour cela que les choses paraissent traîner en longueur ? Comme le dit une sagesse chinoise, « il vaut mieux réfléchir à deux fois lorsque vous n’êtes pas d’accord avec quelqu’un, et il vaut mieux aussi réfléchir à deux fois lorsque vous êtes d’accord avec lui »...

Les syndicats sont conscients qu’ils n’auraient rien à gagner d’une surenchère quelconque et, surtout, d’éventuels blocages qui pourraient leur être imputables. Quant au gouvernement, il semble bien outillé pour comprendre qu’à vouloir préserver « à tout prix » une certaine « paix sociale », l’on peut certainement y parvenir, jusqu’à l’étouffement.

Pour la majeure partie des Burkinabè cependant, l’essentiel reste que les convictions sur les droits et devoirs de chaque partie soient assez fortes pour transcender les inutiles divisions traditionnelles...
L’on est un peu revenu sur la question de la sécurité des usagers de la route et il semble, pour l’heure, que les citadins doivent dormir... avec leur casque ! Pourtant, prétendre résoudre cette question par la force des contraventions et l’agrandissement des fourrières ne pourrait que rendre le remède pire que le mal et provoquer d’autres « 1er septembre » beaucoup plus douloureux ...

Ce casse-tête, qui est loin d’être le dernier, n’a pas réussi à masquer cette question délicate de la communalisation : en dehors des inégalités territoriales qu’il faudra, forcément, compenser, les autorités font face à des incompréhensions mais aussi à l’incompétence de certains acteurs sur le terrain. Exemple de ces difficultés, le Nahouri, où le gouvernement vient de « payer des vacances » au Conseil municipal de Pô. Déjà, plusieurs partis politiques fourbissent leurs armes pour l’élection d’un nouveau conseil, qui se déroulera probablement en novembre.

Les divers remous constatés au niveau de certains conseils municipaux étaient tout à fait prévisibles, en raison de l’amalgame qui a été sciemment ou inconsciemment fait : des individus ont été désignés candidats non en raison de leurs talents ou leur représentativité, mais de leur rang politique sur l’échelle des valeurs des bureaux politiques. Il faut donc s’attendre à d’autres « retours à la case départ », en espérant qu’ils finiront par aboutir à une meilleure conception de la communalisation.

Serait-ce pour pallier ces insuffisances et autres querelles d’individus que les « Amis de Blaise Compaoré » redonnent de la voix ? Depuis qu’au Faso la démocratie a pris son envol, on a vu naître diverses catégories de marchands du temple politique. Mais les « ABC » soutiennent n’être pas comme les autres, uniquement mobilisés à faire aboutir le programme de leur « grand ami », avalisé, comme on sait, par un nombre impressionnant de partis politiques.
A l’issue de leur assemblée générale, les « ABC » ont essayé d’être suffisamment clairs pour dire leur objectif et renouveler leur attachement à leur « grand ami ».

Conscients qu’il faudra cependant à celui-là une majorité parlementaire confortable, tout laisse à penser à une forte mobilisation aux côtés du CDP. Tout laisse supposer en effet qu’aucune consigne de vote ne viendra du côté de la présidence, qui n’a pas fini de savourer le quasi-plébiscite de novembre dernier. Les amis ne pensent-ils pas à tout ?

On ne l’avoue pas officiellement, mais des rumeurs donnent à penser que pour certains partis l’existence des « ABC » trouble parfois leur sommeil. Et de poser la question de savoir pourquoi cette association, qui semble prendre de plus en plus du galon, ne se muerait-elle pas en parti politique, pour être plus « claire » ? L’Association s’y refuse catégoriquement.

A l’épreuve des coups, même les plus bas, les liens affectifs restent toujours les plus solides. Une bonne stratégie « politique » profitant à leur « grand ami », qui dispose ainsi de deux fers au feu. Alors, prévoir la fin de ce cache-cache sociopolitique est un pari difficile à prendre, qui relèverait de l’extralucidité.

A. Pazoté

Journal du jeudi

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