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Rentrée gouvernementale : Le faux départ des retours de vacances

Publié le samedi 16 septembre 2006 à 08h27min

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Il est presque devenu une coutume que les confrères de la place se ruent à la Présidence du Faso à l’occasion de la rentrée gouvernementale pour juger sur pièces la mine épanouie des vacanciers ou pour s’enquérir des dossiers dits brûlants, prioritaires.

De bonne grâce et parfois avec emphase, les serviteurs de l’Etat se prêtent volontiers au jeu en débitant des déclarations qui sentent du « préparé » : « On va s’attaquer... » « On va s’attaquer... »

A l’attaque, donc ! Tout se passe comme si le pays des Hommes intègres devait s’attendre à des miracles que réaliseront ces hommes et ces femmes devenus des super êtres par la magie du repos. Mathématiquement, ces génies requinqués n’ont en fait qu’un trimestre pour accomplir les prouesses attendues. Que peuvent-ils bien faire qu’ils n’aient réalisé au cours des huit mois précédents ?

Comme personne d’entre eux ne relève l’incongruité de la situation, c’est à croire donc qu’ils se complaisent aussi à brandir le miroir aux alouettes. Les plus avertis de la chose publique parmi les citoyens savent, en effet, qu’en principe les lettres de mission sont données en début d’année, courrant premier trimestre de l’année civile, donc.

De ce fait, la « rentrée » gouvernementale est une entrée dans la sortie de l’année et ce serait vraiment faire preuve d’absence de programmation que de reléguer au dernier trimestre les grands dossiers des grands chantiers. D’ailleurs, sur le plan des budgets, les activités non réalisées à cette période font d’office l’objet d’une régulation, les argentiers de l’Etat s’empressant de faire leurs comptes pour solder une année censée être achevée à leurs yeux et préparer le budget de l’exercice suivant à soumettre aux honorables députés rentrés eux aussi de vacances.

En clair, la question par exemple de la cherté de la vie au Faso ne pourra pas être résolue en l’espace d’un trimestre, pas plus que le prix des hydrocarbures ou le casse-tête des frais de scolarité. Sans dénier à ces grands serviteurs de l’Etat le pouvoir de faire un tant soit peu quelque chose, il faut cependant, toute raison gardée, admettre que ce qui n’a pas été prévu, planifié depuis janvier ne peut se résoudre au cours du dernier trimestre qui se trouvera amputé des fêtes de fin d’année.

A cela s’ajoute le fait qu’avant même de partir en vacances les responsables des départements ministériels avaient déjà arrêté et budgétisé leur programme 2007, objet du projet de loi de finances qu’ils ont adopté dès leur Conseil des ministres de ladite rentrée. Si l’hémicycle prête une oreille attentive aux clameurs de la rue et des chaumières, il pourra peut-être ordonner les rectifications nécessaires, sinon les grands chantiers proclamés ne seront réalisés que dans un futur décalé, ce qui contraste avec l’enthousiasme médiatisé.

Il reste tout de même un espoir : tout ou presque est pensé et programmé par l’Exécutif dans la perspective de la réduction de la pauvreté. Bref, à force de vouloir faire comme cela se fait en Europe, l’Exécutif et les médias font d’un non-événement un événement. Le temps ne suspend pas son vol pour les pauvres.

Journal du jeudi

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