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Société : Dure, dure, la vie au Burkina !

Publié le samedi 9 septembre 2006 à 07h28min

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Les inquiétudes sur l’issue de la saison hivernale semblent s’estomper, mais d’autres ont fortement pris pied dans la tête de nombre de Burkinabè : rentrée scolaire « corsée », coûts des carburants et de l’électricité ; dialogue social qui brille par le silence qui l’entoure, le tout baignant dans un hall politique qui n’encourage guère à l’optimisme, chez les jeunes surtout, qui trépignent d’impatience et de colère face aux problèmes du chômage...

On les aura vus, ces jeunes, le premier jour du mois, débordant d’énergie, crier leur ras-le bol, remontés qu’ils sont contre la mesure du port obligatoire du casque moto. Sans doute cette mesure est-elle justifiée, en raison des nombreux traumatismes crâniens provoqués par les accidents ! Mais s’il paraît évident que les autorités entendent enrayer le fléau, trop de précipitation pourrait créer des goulots d’étranglement qui annihileraient ces bonnes intentions.

Le 1er septembre il y avait, à vue d’il, deux poids, deux mesures : les bérets étaient bien plus respectés que les casques, même ceux qui avaient des allures martiennes. Mais les agents chargés du contrôle ont soigneusement évité de parler de l’égalité des citoyens devant la loi. Devait-on, dés lors, s’étonner de voir s’accomplir certains actes de vandalisme ? Les habitants de la zone dite « Patte d’Oie » en savent quelque chose.

Il est intéressant de savoir, et même de constater, qu’il existe au Faso des gens qui pensent détenir des indices de la société idéale, mais il faut malheureusement avouer qu’ici on ne craint guère la force et la magie des mots : on a parlé d’une « opération de sensibilisation » ! Les habitants de la capitale en ont été profondément traumatisés, surtout que chacun sait ce que « prise en charge » veut dire dans le langage des autorités médicales du Faso. Celles-là pourraient d’abord rendre leurs services plus performants afin de permettre aux champions de l’ordre d’accomplir leur mission.

Tout cela aurait pu être évité s’il avait été pris en compte la psychologie du Burkinabè. L’histoire montre que seul le consensus et la participation peuvent venir à bout de ses humeurs. De nombreux projets, dans divers domaines, sont morts-nés au Faso en raison d’attitudes absurdement élitistes adoptées pour leur mise en uvre.

Hélas, dans certaines sphères sociopolitiques, il y en a qui ignorent encore qu’ils ont beaucoup plus à apprendre qu’à donner des ordres. En attendant, la « sensibilisation », fort inadaptée, du 1er septembre a fait circuler une rumeur selon laquelle c’est un opérateur économique, « protégé », qui voudrait « liquider » son stock de casques... A tout prix ?

Elle est presque là, cette rentrée scolaire qui est, cette année, un véritable casse-tête pour certains parents en raison de la hausse des frais de scolarité. Et pourtant, que d’écoles au Burkina ! Il en pousse presque tous les jours et la crise que traverse la Côte-d’Ivoire y est pour quelque chose. Mais depuis cette « marchandisation » de l’Éducation, si l’on n’y prend garde, l’on risque d’assister, impuissant, à la « poubellisation » de l’Enseignement au Faso.

De nos jours, est bien plus rentable l’ouverture d’une école que la gestion d’une épicerie ! Hélas, la publicité mensongère, qu’on sait après coup, rend la question assez délicate : toutes ces écoles qui se disent « grandes » le sont-elles réellement ? Qui les a jamais contrôlées ? Des écoles qui proposent des cours d’informatique au secondaire, le font-elles toutes ? Très souvent, les élèves ne touchent pas à un quelconque clavier et s’ils le font, c’est avec des appareils plutôt dignes de figurer dans un musée « Microsoft ».

Est-ce par manque d’appareils, ou de formateurs ? Les deux à la fois. Les ordinateurs sont encore loin d’être à la portée de tous au Faso. Quant aux formateurs, leur nombre ne reflète pas souvent celui des écoles desquelles ils sont sortis : de nombreux services n’ont pas mis beaucoup de temps pour évaluer l’incompétence de ces messieurs. Quant aux écoles de base qui promettent l’anglais aux élèves, le résultat, au « finish », est plutôt décevant...

La situation dans les provinces resterait assez préoccupante, où l’on reparle de certaines écoles construites sur les fonds PDDEB. Serait-ce aussi exact que dans ce cadre des écoles n’existeraient que « sur le papier » ? Beaucoup attendent que soit clarifiée la situation de ce programme dont la gestion semble avoir été sciemment entourée d’un juteux flou artistique...
C’est dans ce déluge d’inquiétudes, voire de peur, que l’on attend anxieusement l’issue de la reprise du dialogue entre le gouvernement et les syndicats.

Sans doute le premier fera-t-il des concessions, sinon comment comprendre cette douche froide promise à ses abonnés par la Nationale d’électricité ? Déjà que les Burkinabè possèdent l’un des « jus » les plus chers de la région, voilà qu’on les supplie d’agréer une hausse... pour éviter le pire ! Pour l’homme de la rue, le gouvernement veut reprendre ce qu’il s’apprête à donner.

L’on appréciera, dit-on dans les milieux syndicaux, qui n’hésitent pas à faire remarquer que dans de nombreux pays certains décideurs ont toujours pensé que le développement ne pouvait s’effectuer qu’en restreignant les droits et en négligeant les intérêts des travailleurs. Une mauvaise vision des choses qui ne produit que divergences et rivalités, comme on peut le constater.

Conscients cependant qu’aucun gouvernement n’a jamais eu vocation à un quelconque martyre religieux, les syndicats, qui voudraient gommer cette image qui tend à faire d’eux des adeptes de la provocation permanente, pourraient accepter certains compromis, mais sous forme de trêve, souligne-t-on dans certains cercles. Attendons de voir...
La brume politique continue de s’épaissir à quelques mois des législatives et les oracles restent muets.

La cacophonie qui a entouré la désignation du représentant de la Société civile à la CENI n’a pas fini de provoquer des indigestions, en dépit de toutes les gesticulations et justifications qu’on sait. Dommage, quand on sait que la classe politique, toujours à l’affût des « bonnes occasions » ne manquera pas, si elle ne l’a déjà entrepris, d’exploiter habilement cette psychose née en fait de malentendus, de querelles d’individus et de dysfonctionnements divers.

Il n’empêche que depuis les municipales on constate une certaine prise de conscience des différents partis quant à leurs faiblesses et forces réelles : les « achats de voix » ont-ils fait long feu ? Il apparaît de plus en plus certain que les législatives prochaines présenteront un visage tout nouveau ; les surprises ne manqueront pas non seulement au sein des partis, mais aussi dans certaines sphères de l’Administration de l’Etat.

Sans être officielle, on peut dire que les préparatifs de la campagne battent leur plein au sein des partis. Il reste cependant évident que les principes démocratiques dont certains partis se targuent et disent aspirer à poursuivre sa réalisation seront en danger si chacun ne s’astreint pas à éviter de jouer au plus malin, au politicien le plus « crack ».

A. Pazoté

Journal du jeudi

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