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Conjoncture : La pauvreté, cube maggi revendicatif au double goût

Publié le samedi 9 septembre 2006 à 07h31min

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Marche contre la vie chère

La Banque mondiale, en mettant la lutte contre la pauvreté au goût du jour, a servi en même temps aux pays africains une patate chaude. Le concept est dans toutes les sauces. Normal, puisque désormais c’est un des critères d’éligibilité pour le financement des projets dits de développement.

Désormais les Etats rivalisent dans la mise en uvre de stratégies de lutte contre la pauvreté, cette pandémie des temps modernes.

Des pays classés « intermédiaires » se sont même battus bec et ongles dehors pour descendre parmi les pauvres. Mais comme pour le SIDA, le vaccin se fait attendre. De la conscience de la pauvreté au niveau des Nations, on est passé à la conscience individuelle de la pauvreté qui est devenue une arme massue de revendication sociale, voire de destruction de la citoyenneté, plus exactement des devoirs de citoyens.

Partant du principe que le ventre vide n’a pas d’oreille, les citoyens foulent aux pieds le civisme. Ainsi, la semaine dernière, des Burkinabè ont manifesté contre le port du casque au motif qu’ils sont pauvres ! Aucun de ces pauvres motorisés n’a cependant protesté jusqu’ici aussi bruyamment contre le prix de ces cyclomoteurs qu’ils n’hésitent pas à se procurer au rythme parfois de la sortie des marques qu’une savante publicité incite à la consommation.

A les entendre, ce n’est pas le bien-fondé du port du casque qui est mis en cause mais l’opportunité de la dépense dans un contexte de rentrée scolaire synonyme de saignée d’argent, de l’augmentation des prix des carburants et de la hausse de tension du coût du kilowatt décidée par la SONABEL. Ça fait beaucoup ! Mais, qu’à cela ne tienne, c’est la réaction qui est disproportionnée.

Détruire l’asphalte et saccager des bus, ce sont aussi des dépenses supplémentaires inopportunes en réparation qu’on fait casquer à la municipalité. Toutefois, il faudra concéder que l’Administration a manqué de tact encore une fois comme ce fut le cas quand les prix des carburants ont été augmentés en pleine concertation gouvernement-syndicats.

Peut-être aussi qu’une décision simultanée de l’obligation du port du casque et de l’utilisation de la ceinture de sécurité au volant des véhicules aurait eu l’avantage de ne pas seulement viser une seule catégorie d’usagers de la voie publique. Chacun y aurait trouvé son compte de contrainte. On aurait ainsi enlevé l’argument des « pauvres souffre-douleur » de la bouche de certains manifestants.

S’il est vrai que les usagers qui circulent sur des engins à deux roues paient le plus souvent le prix fort des accidents, d’autres mesures de prudence sont à faire observer obligatoirement par tous : respect du code de la route, limitation de la vitesse, adaptation des feux tricolores à l’état des voies et au flux des usagers.

Evidemment, dans la mesure où tout, dans ce petit pays, a désormais des relents politiques dès qu’il s’agit de revendications ou de protestations sociales, et considérant qu’un casque n’a pas une durée de vie éternelle, pour les prochaines campagnes électorales les partis seraient bien inspirés de distribuer des casques en lieu et place des casquettes. Avec la mesure du port obligatoire de casque, c’est une publicité permanente assurée.

Journal du jeudi

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