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Le casque et le bouclier

Publié le vendredi 8 septembre 2006 à 07h35min

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Avec cette affaire de port obligatoire du casque on aura tout entendu et lu de toutes les couleurs, sous tous les tons et dans tous les genres. En attendant de compléter la panoplie avec les derniers périodiques non encore parus à la date du lundi dernier, on peut sans effaroucher quiconque accorder la palme à L’Observateur paalga qui, il faut le dire, n’y est pas allé avec le dos de la cuillère.

Colportant une rumeur des plus farfelues, infondées et saugrenues que la "Radio mondiale" reprenait dans sa revue de presse pour toute la planète (au moins sa partie francophone) sans même citer sa source tout sauf journalistique, il en tire la conséquence que nous sommes gouvernés par des "politiciens à la petite semaine" qui "se fichent" de nous "comme de leur première barboteuse" ; pour en suite s’interroger sur "quand Blaise COMPAORE va-t-il enfin descendre, et sans casque, de sa tour d’ivoire pour voir ce qui se passe dans le pays réel ?". Excusez du peu et de la mesure.

Si à postériori on peut accuser RFI de s’être quelque peu laissé berner par une information infondée, elle a tout de même l’excuse d’avoir fait foi à un journal jouissant d’une crédibilité certaine. Cela dit, "commentons l’événement" de ce lundi n’est pas mauvais en soi, d’autant qu’il reconnaît que "la décision du port obligatoire du casque n’est pas mauvais en soi, bien au contraire" ; c’est déjà cela de gagné et ce n’est pas peu, car force est de reconnaître que le reste, l’essentiel, quoique dit dans un langage châtié qui se laisse lire aisément est frappé de tant de subjectivisme qu’on en oublie qu’il s’agit d’un commentaire de journaliste.

En effet, partir de rumeurs pour brocarder avec tant de véhémence des responsables politiques et « multiplier » tout le reste par zéro est loin de refléter la réalité même si par ailleurs on sait que le commentaire est libre et que nul ne devrait être blâmé parce qu’il aurait légitimement joui de cette liberté. Une seule chose nous oblige à l’unanimité : les faits. Ils sont sacrés dit-on. Voilà pourquoi on conseille dans le métier de les vérifier plus d’une fois afin d’ôter tout doute sur leur effectivité.

Or aller puiser des faits dans la rumeur est la meilleure manière de briser cette unanimité puisqu’on sait que celle-ci vient de nulle part et de partout à la fois.

S’autoriser une telle démarche c’est ouvrir la porte à tous les excès et on comprend dès lors qu’une mesure de la portée du port du casque suffise à condamner, on ne sait par quel pouvoir et à agresser inutilement les autres. En effet, il est difficilement acceptable que tout soit réduit à cette affaire. Pour parler oukase, n’en est-ce pas un que de couper l’herbe sous les pieds des condamnés du jour en leur refusant tout appel ?

Voilà pourquoi plus que d’un casque, c’est d’un bouclier que le journaliste a besoin pour ne pas dire qu’il lui est fait obligation de porter à la fois le casque et le bouclier.

L’Opinion

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