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Burkina Faso : Cent ans d’histoire 1895-1995

Publié le lundi 11 septembre 2006 à 07h04min

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Burkina Faso : Cent ans d’histoire 1895-1995

« Burkina Faso : cent ans d’histoire, 1895-1995 » est un ouvrage désormais disponible, mais pas encore sur le marché. Il s’agit d’un ouvrage de deux tomes avec plus de 2200 pages, fruit du premier colloque international sur l’histoire du Burkina Faso organisé à Ouagadougou du 12 au 17 décembre 1996.

Dans l’interview qui suit, le président de l’Association des histoiriens du Burkina, M. Willy Moussa Bantenga ainsi que le vice-président du comité de suivi du livre, vous en donne les grandes lignes, les conditions d’édition, le prix de vente probable sur le marché.

Sidwaya (S). : Qu’est-ce qui a prévalu à l’écriture du livre « Burkina Faso, cent ans d’histoire 1895-1995 » ?

Hamidou Diallo (H.D). : Nous sommes des enseignants-chercheurs. Et la recherche se fait à travers des rencontres scientifiques. C’est pour cela que nous avons organisé un colloque sur les Cent ans d’Histoire du Burkina Faso initié par Georges Madiéga et soutenu par le département d’Histoire et Archéologie de l’Université de Ouagadougou. A ce colloque à caractère international, ont pris part des chercheurs burkinabé, africains, européens, américains. Ainsi nous avons pu réunir plus d’une centaine de chercheurs avec le soutien des autorités politiques du Burkina Faso et des partenaires étrangers tels que la France, l’Allemagne, le Canada.

L’écriture de l’Histoire nationale est un projet ancien qui date de la création du département d’Histoire et Archéologie. Il s’agit là d’un début de concrétisation. Nous avons les deux volumes qui traitent de la période-coloniale. 1996 correspond en même temps au centenaire de la conquête de la Haute-Volta. Avec ces documents nous disposons en même temps des matériaux qui permettront de rédiger une histoire nationale surtout en ce qui concerne la période coloniale et post-coloniale. Il reste bien entendu pour toute la période pré-coloniale.

S. : Pourquoi avoir choisi la période coloniale et post-coloniale à l’exclusion de celle pré-coloniale ?

H.D. : C’est une question d’initiative. L’initiateur est un spécialiste de l’histoire coloniale. Mieux, nous avons beaucoup de chercheurs qui ont travaillé sur cette période. Si nous avions organisé le colloque sur la période pré-coloniale, il y aurait peut-être eu moins de participants. Parce qu’il existe très peu de sources écrites sur cette période.

S. : Comment s’est déroulée l’édition du livre ?

H.D. : Il y a eu deux types d’édition. D’abord nous avons fait une première édition au niveau de la presse universitaire. Il y avait beaucoup de fautes. Nous en avons donné des exemplaires à nos bienfaiteurs. Ensuite, pour donner satisfaction aux chercheurs qui veulent être diffusés sur la scène internationale, nous avons entrepris des démarches auprès des autorités pour avoir le financement et faire publier les deux tomes par Karthala. C’est depuis les années 96-97 que nous avons engagé les démarches et le ministre des Enseignements secondaire, supérieur et de la Recherche scientifique a financé à travers le FONER l’édition Karthala. C’est en 2005 que nous avons reçu les exemplaires. L’Université de Ouagadougou a racheté 400 exemplaires sur lesquels nous avons prélevé pour donner aux autorités et à tous ceux qui nous ont aidés.

S. : Combien a coûté l’édition des deux tomes ?

Moussa Willy Bantenga : (M.W.B). : L’édition a coûté 6 millions de F CFA et le rachat des exemplaires, 8 millions de F CFA. L’organisation du colloque elle-même a coûté environ 40 millions de F CFA.

S. : A quel niveau le public peut-il se procurer le document ?

M.W.B. : Pour l’instant, le livre n’est pas encore en vente. On a juste fait la promotion à la dernière Semaine nationale de la culture (SNC) et on s’attelle actuellement à remettre des exemplaires aux institutions, aux autorités qui peuvent être intéressées à la lecture de cet ouvrage. La partie vente interviendra dans une deuxième phase.

S. : A quand peut-on s’attendre à voir l’ouvrage dans les rayons des librairies ?

M.W.B. : Il est vrai qu’on aurait pu passer à la phase vente depuis. Mais beaucoup d’entre nous sont très pris par leurs charges à l’université. Peut-être d’ici novembre le document sera sur le marché.

S. : Pourquoi n’avoir pas directement procédé à la vente ?

M. W.B. : C’est une question de méthodologie, de respect pour les institutions qui nous ont aidés. Nous avons voulu leur présenter d’abord les exemplaires avant d’entamer la vente.

S. : Quelles en sont les grandes lignes ?

M. W.B. : De façon générale on a l’histoire politique, l’histoire sociale, l’histoire religieuse, l’histoire économique et bien d’autres aspects. En réalité, le document n’a été écrit que par des histoiriens. Il y a en outre des botanistes, des sociologues, des anglicistes, tous ceux qui peuvent contribuer à la rédaction de cette histoire. Il y a aussi des témoignages, notamment avec le général Sangoulé Lamizana, le médecin-commandant Jean-Baptiste Ouédraogo. En somme, le document regroupe tous les aspects de l’histoire contemporaine du Burkina Faso.

S. : Cette œuvre scientifique a été préfacée par le président du Faso Blaise Compaoré. Pourquoi ?

M.W.B. : C’est surtout pour marquer notre reconnaissance à l’intérêt qu’il a porté à notre projet. Il a été l’un des premiers à financer sérieusement le projet. Pour l’organisation du colloque, il nous a soutenus avec 27 millions de F CFA. En contrepartie nous lui avions demandé s’il pouvait bien rédiger la préface. Il a accepté, ce qui nous a fait beaucoup honneur. Nous considérons que c’est une œuvre à caractère national et qu’il est important que le premier responsable du pays y mette sa griffe. Et on espère que pour la deuxième phase, c’est-à-dire l’écriture de la synthèse de l’histoire du Burkina tout comme l’écriture de la période pré-coloniale, parce qu’on a aussi cela en projet, les plus hautes autorités du pays porteront le même intérêt.

S. : Ya-t-il eu des contradictions entre les résultats de vos recherches et les idées déjà reçues sur l’histoire du Burkina ?

M.W.B. : Entre nous, il peut avoir des querelles d’école, mais pas véritablement de contradiction sur l’histoire coloniale et post-coloniale de nos pays. De façon générale, on s’entend pour enlever les scories de ce qu’on appelle la bibliothèque coloniale, certains concepts qu’on nous a appris et qui relèvent de la période coloniale. Nous essayons de les éjecter au fur et à mesure parce que faisant partie d’éléments de domination, de racisme. Aussi bien nous que les historiens français africanistes, nous sommes unanimement d’accord qu’il faut enlever ces concepts de l’histoire de nos pays. Nous essayons également de remettre l’histoire du pays à sa place. Par exemple la déconnexion entre l’histoire des Mossé et celle des Gourmantché parce que les deux sont absolument différentes. Alors qu’on nous avait appris que les deux peuples ont une origine commune.

S. : Le nom du Pr Joseph Ki Zerbo ne figure pas parmi les auteurs de l’ouvrage. A-t-il été contacté pour la rédaction ?

H.D. : C’est lui-même qui a prononcé la conférence inaugurale du colloque à travers un exposé sur l’histoire du développement.

S. : A combien les Burkinabè et tous ceux qui s’intéressent à l’histoire de notre pays pourraient s’approprier ces deux documents ?

H.D. : Le prix de vente que nous envisageons est de 20 000F CFA pour les deux volumes. Mais séparément, il faudra débourser 15 000 F pour chaque volume.

M.W.B. : C’est un prix très subventionné. Sinon un seul livre ne coûterait pas moins de 35 000F CFA.

Interview réalisée par Zakaria YEYE
Jean Philippe TOUGOUMA
(Transcription Koumia Alassane KARAMA)

Sidwaya

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