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Toussaint Abel Coulibaly : "Je n’ai jamais été un adepte des intrigues"

Publié le samedi 2 septembre 2006 à 09h15min

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Toussaint Abel Coulibaly

Toussaint Abel Coulibaly, député et président du groupe parlementaire de la Convention des Forces républicaines n’est plus un inconnu de la scène politique depuis que sa formation politique, l’Union pour la République (UPR) s’est invitée dans la cour des grands en bousculant bien de partis lors des dernières élections municipales.

C’est un homme au langage direct et aux formules choc que nous avons rencontré pour aborder avec lui d’importantes questions relatives à la vie du groupe CFR, à la CENI et à bien d’autres questions d’actualité comme la Côte d’Ivoire ou le Togo. Fidèle à son franc-parler, le député Coulibaly assène ses vérités. Entretien.

L’Hebdomadaire du Burkina (H.B.) : M. le président du groupe parlementaire CFR, comment se porte votre groupe à quelques semaines de la rentrée parlementaire ?

Toussaint Abel Coulibaly (TAC), président du groupe parlementaire de la Convention des Forces Républicaines (CFR) : Merci, notre groupe se porte très bien. Je le dis parce que la composition du groupe est telle que sa gestion peut ne pas être facile. Et pourtant, tout se passe bien ; pour l’instant en tout cas. Nous attendons donc la rentrée parlementaire pour jouer notre partition.

Pensez-vous qu’il est facile de diriger un groupe comme le vôtre ?

Je dois reconnaître qu’il n’est pas facile de diriger un groupe comme le groupe CFR, mais, nous travaillons dans un esprit qui fait que c’est moins compliqué que l’on peut le penser. En fait, nous travaillons dans le respect mutuel et chaque parti politique représenté au sein du groupe a les mêmes droits.

Vu de dehors, ça peut paraître explosif, mais il n’en est rien car nous nous disons les choses en face et nous arrivons à respecter la position des uns et des autres.

Comme vous avez pu le constater, il arrive que les membres du groupe ne votent pas une loi dans le même sens. Cela ne suffit pas pour autant que le groupe éclate le lendemain.

On a pourtant l’impression que c’est le PAI et l’UPR qui dictent leur loi puisque Soumane Touré est vice-président de l’Assemblée depuis cinq ans au nom du groupe et vous-même vous êtes président du groupe depuis trois ans pour le compte de l’UPR .

Il faut dire qu’au début, le groupe était constitué du PAI et de plusieurs autres partis. Le PAI était la seule formation politique à avoir cinq députés. A la création de l’UPR, les autres partis se sont regroupés. Au sein du groupe, on a donc passé une sorte d’accord qui permet au responsable du PAI d’être notre représentant au sein du bureau de l’Assemblée nationale et au président de l’UPR d’être président du groupe parlementaire. C’est dans l’intérêt même du groupe que les choses se passent de la sorte.

Du reste, aucun membre du groupe parlementaire ne conteste cette répartition. Chaque année, nous mettons tous les postes en jeu en procédant à des élections internes. Ce n’est donc pas une emprise quelconque de qui que ce soit.

Tout risque d’implosion du groupe est donc définitivement écarté ?

Ecoutez, nous sommes partis de dix députés pour être quinze aujourd’hui. S’il y a un groupe en constante évolution positive, c’est bien le nôtre. C’est à mettre à l’honneur des députés membres du groupe qui savent par moment dépasser la passion et agir en toute responsabilité. Le groupe n’est pas prêt d’imploser, bien au contraire, nous espérons même des nouvelles arrivées.

On est tenté de vous demander si vous êtes de la majorité présidentielle ou de la majorité parlementaire puisqu’il semble que ces deux notions ne recouvrent pas la même réalité ?

Ce débat est un débat que je n’aime pas personnellement aborder car à mon avis, majorité parlementaire et majorité présidentielle sont une seule et même chose. Maintenant, en fonction des intérêts, on peut faire la différence entre ces deux notions. Je crois que dans notre cas de figure, le parti du président ayant la majorité à l’Assemblée nationale, je crois que c’est superflu de parler de majorité parlementaire et de majorité présidentielle. Du moins c’est de cette façon que je vois la chose. Il faut arrêter de spéculer sur cette notion de majorité parce qu’il y a la majorité et il y a l’opposition. Vouloir scinder cette majorité ne me paraît pas juste. Soit on est de la majorité, soit on est de l’opposition.

Vos dernières journées parlementaires ont fait une proposition relative à la suppression de la CENI qui a fait beaucoup de bruit. Ces réactions vous ont-elles surpris ?

Le groupe parlementaire CFR est une composante de l’institution parlementaire. Si je suis pour la liberté d’expression, chacun doit savoir raison garder. J’ai été surpris de la réaction d’une organisation de la société civile suite aux conclusions des travaux de nos journées parlementaires. Je tiens à dire qu’un bon citoyen, c’est aussi celui qui respecte les institutions de la république. Je ne vois pas le groupe parlementaire CFR donner un quelconque avis sur des rapports issus d’assemblées générales d’organisations non gouvernementales.

Cela ne relève pas de nos prérogatives. Alors, que l’on respecte les députés comme ils le font pour les autres. Au-delà du groupe parlementaire CFR et des 15 députés qui le composent c’est l’institution parlementaire qu’il faut respecter si l’on veut consolider l’Etat de droit. Certains oublient que les 111 députés représentent l’ensemble des populations de ce pays dont eux-mêmes. Chercher à ternir l’image du député ou du Parlement par tous les moyens, relève de l’incivisme pour ne pas dire plus.

Si tout le monde avait pris soin de lire le rapport de nos journées parlementaires, l’on se serait rendu à l’évidence qu’il y a des analyses qui précèdent les recommandations. J’insiste sur le fait que dans le monde entier la démocratie se mesure avant tout à travers le bon fonctionnement des institutions républicaines et surtout les Parlements. Nul ne peut donner un exemple où le contraire est évoqué comme un modèle de démocratie. Les personnes passent, mais les institutions demeurent. Faisons en sorte d’être respectueux desdites institutions auxquelles on ne peut substituer aucune organisation quel que soit son dynamisme.

La CENI est certes le résultat d’un consensus national mais est-ce pour autant qu’elle devienne le baromètre de la démocratie dans notre pays ? Nous avons dit dans notre rapport qu’il faut revoir le fonctionnement de la CENI dans le fond à défaut de ce courage, il fallait la supprimer. Nous maintenons cette position parce qu’aujourd’hui seul un tiers des Burkinabè en âge de voter peut exercer ce droit. On ne peut pas continuer le processus en ignorant deux tiers des électeurs. Un fichier électoral basé sur un recensement général de la population par l’autorité compétente est indispensable. C’est notre constat et nous voulons que l’on le respecte.

Libre à chacun de prouver que la déperdition des électeurs est une bonne chose pour notre démocratie. Nous pensons avoir servi notre pays sans aucun préalable ni marchandage.

Monsieur le président, les mandats des membres de la CENI viennent d’être renouvelés. Avez-vous saisi l’occasion pour y envoyer des militants de votre groupe pour apporter la nouvelle vision que vous avez de la CENI ?

Il faut dire qu’il y a un problème quand on parle de majorité actuellement. Vous savez qu’il y a deux partis de la CFR qui n’appartiennent pas à l’Alliance de la majorité présidentielle (AMP). Je ne peux donc pas parler en leur nom. Pour ceux qui sont de l’AMP, nos représentants ont été désignés sans heurt. Pour moi, ce n’est pas la composition ou le fonctionnement de la CENI au niveau national qui pose problème.

Evoquons justement la vie de la majorité présidentielle. Quel est l’état de vos rapports avec le groupe parlementaire du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) ?

Nos rapports avec le groupe CDP sont bons depuis que nous sommes à l’Assemblée nationale. Nous communiquons beaucoup avec le président du groupe parlementaire et nous organisons des rencontres sur certains sujets sans ingérence aucune dans le fonctionnement de l’un ou l’autre groupe. Nos groupes sont autonomes, mais nous collaborons beaucoup notamment sur les dossiers importants. Je précise que c’est en toute responsabilité que nous le faisons. C’est pour cela que je suis satisfait de la collaboration.

Et votre rapport avec le président Blaise Compaoré ?

Avec le président Blaise Compaoré, nos rapports sont excellents. Comme vous le savez, nous sommes de la majorité. Et je peux vous garantir que nous soutenons pleinement le président du Faso même si nous ne le crions pas sur tous les toits. Nous essayons d’être le plus discret possible mais aussi le plus efficace possible dans le soutien que nous lui apportons même si certaines personnes au sein de l’opinion nous croient loin de lui. Il y en a même qui nous demandent à quoi sert la mouvance présidentielle à partir du moment où le CDP se suffit pour gérer le pouvoir.

Nous sommes sereins car le président Compaoré nous a reconnu le soutien que nous lui apportons. Sachez que dans notre esprit, en apportant notre contribution au chef de l’Etat, c’est au Burkina Faso tout entier que nous apportons cette contribution. Il serait utopique de penser que soutenir le président, c’est soutenir un individu. A travers lui, c’est plutôt la nation entière que nous soutenons et que nous contribuons à bâtir. C’est pourquoi, aussi bien les députés du groupe CFR que ses militants se sont mobilisés pendant l’élection présidentielle du 13 novembre pour donner le maximum de voix au candidat Compaoré.

Avez-vous l’impression que le chef de l’Etat vous est reconnaissant à la hauteur de vos sacrifices pour lui ? Surtout à regarder le dernier gouvernement où vous n’avez eu qu’un ministre délégué .

Permettez-moi de ne pas commenter la formation du gouvernement et encore moins sa composition non pas parce que je ne veux pas le faire mais je n’en ai pas le droit.

Il ne faudrait pas que la liberté d’expression nous fasse perdre de vue l’organisation de l’Etat.

La formation du gouvernement relève du pouvoir discrétionnaire du Président du Burkina Faso. Par essence, toute décision prise en vertu de cette disposition constitutionnelle n’est pas à justifier. Convenez avec moi que si vous êtes dans votre rôle de journaliste à la recherche de l’information, je dois rester dans le mien. Ce que je peux dire par contre, c’est que nous pensons avoir servi notre pays sans aucun préalable ni marchandage.

Je n’ai jamais été un adepte des intrigues et n’entend pas le devenir quels que soient les intérêts en jeu. Le politique est une affaire d’intérêts dit-on. Mais à mon avis c’est aussi une question de bon sens.

Nous avons décidé volontairement de soutenir le Président du Faso en ayant à l’esprit l’inestimable avantage que cela nous procure à savoir la paix sociale, la stabilité et le progrès économique, social et culturel du Burkina Faso. Nous lui devons la place qu’occupe notre pays dans le concert des nations. Pour moi en tout cas, c’est la principale motivation. D’ailleurs l’on ne dit pas assez qu’en soutenant le chef de l’Etat nous accomplissons un devoir républicain du fait que c’est à lui que le peuple Burkinabè a confié la destinée du pays.

Agir autrement serait aller à l’encontre de cette volonté populaire c’est mon avis et non le jugement de valeur d’autres positions.

Je profite de cette question qui m’a été posée plus d’une fois pour dire que vous avez lu comme moi dans la presse que l’on n’aimait pas la mouvance présidentielle. Je voudrais dire pour ma part, que nous ne soutenons pas le Président du Faso pour être aimés par qui que ce soit mais nous le faisons par conviction. Rien ne dit que nous aurons soutenu quelqu’un d’autre à sa place. Le principal intéressé étant à notre écoute cela nous paraît suffisant. Les déclarations isolées n’entameront pas cette conviction que nous avons d’avoir fait le bon choix.

J’en veux pour preuve que certains qui étaient à l’opposition sont en train de nous rejoindre progressivement. Nous saluons cette vision réaliste de ces patriotes. Ceux qui pensent que nous sommes là pour les seuls "dividendes" se trompent.

Il y a des personnes qui peuvent attester par exemple qu’en 1998 j’ai personnellement participé à la campagne présidentielle dans la province du Mouhoun pendant seize jours en refusant les bons de carburant qui m’étaient proposés comme soutien. Il y a bien d’autres personnalités à la mouvance présidentielle qui peuvent vous donner des exemples de ce genre. Comme on dit "ce sont les tonneaux vides qui font plus de bruit". Comparer la mouvance présidentielle à "la pierre qui profite du haricot pour bénéficier de l’huile " c’est méconnaître la situation.

Ceux qui disent cela doivent se ressaisir car, le Président du Faso a besoin de toute sa majorité et ce n’est pas parce que l’auriculaire est le plus petit doigt de la main qu’il ne sert à rien. Ce n’est pas sûr que le pouce sans les autres sera aussi efficace qu’avec eux.

Au-delà de ses partisans et autres " mouvanciers " c’est de tous les Burkinabè dont le Président du Faso a besoin pour continuer à assurer la tour de charge à lui confiée par le peuple burkinabè depuis plusieurs années. Toutes les compétences étant nécessaires, nous devons éviter de frustrer les personnes dévouées pour cette noble œuvre de construction nationale en faisant de la discrimination. Quelqu’un qui n’a pas pu se faire élire dans son village, ne peut pas être élu au plan provincial.

Est-ce que pour clarifier le jeu politique, il n’est pas souhaitable que tous les partis qui soutiennent le président Blaise Compaoré établissent une liste commune avec le CDP pour les prochaines législatives ?

Là je vous dis clairement que cela relève du miracle que le CDP et la mouvance présidentielle fassent liste commune. Par contre ce que les partis de la mouvance présidentielle aurait intérêt à faire, c’est de faire des listes communes. Le CDP est déjà un parti assez fort pour ne pas avoir besoin de quelqu’un dans les élections locales. Quand il s’agit de l’élection du président on peut faire des concessions pour aller dans la même direction mais là, il s’agit d’élections locales. Si vous ne pouvez pas vous faire élire pour apporter votre soutien au parti au pouvoir, ce n’est pas ce dernier qui va vous embarquer pour vous apporter un siège sur un plateau d’or. Les partis de la mouvance présidentielle doivent mettre de côté leur orgueil personnel pour se regrouper.

On a vu que certains partis sur toute l’étendue du territoire n’ont eu aucun conseiller municipal. Continuer à croire que ces partis sont des partis politiques n’est vraiment pas sérieux. Quelque part, il faut que les dirigeants de ces partis fassent violence sur eux-même comme nous, nous l’avons fait pour créer l’UPR. Quelqu’un qui n’a pas pu se faire élire dans son village, ne peut pas être élu au plan provincial. Il faut être réaliste et voir les choses en face. Parce que le CDP qu’on traite de méga parti aujourd’hui est la résultante de la fusion de plusieurs partis. On ne peut donc pas se plaindre que le CDP rafle tout et que nous soyons 26 partis à tourner autour et être incapables de nous organiser, ne serait-ce que pour occuper notre place.

L’UPR malgré sa jeunesse s’est bien comportée pendant les élections municipales en obtenant plusieurs conseillers. Cela vous rassure t-il pour les prochaines législatives ?

Les élections municipales et les consultations législatives ne se déroulent pas du tout dans le même contexte. Il faut donc attendre d’arriver aux législatives pour voir ce que nous pouvons obtenir comme résultat. Nous continuons à travailler car nous sommes un nouveau parti et nous savons que ce ne sera pas facile. Nous allons continuer à faire valoir notre vision sur l’échiquier politique national. En dernier ressort, ce sont les électeurs qui nous sanctionneront.

Quels sont vos sentiments sur la situation ivoirienne avec l’annonce de l’impossibilité d’organiser les élections générales pour octobre prochain ?

Sincèrement je n’ai jamais cru que des élections se tiennent en octobre 2006 en Côte d’Ivoire puisque c’est mon avis que vous demandez.

Sur l’incidence de ce report je n’ai pas de commentaire à faire. Je regrette profondément que ce beau pays frère soit enlisé dans une crise comparable à un incendie avec plusieurs départs de feux intermittents. Pendant que l’on s’attelle à l’éteindre d’un côté, de l’autre il y a un nouveau départ de feu. Dans un tel cas, quels que soient la bonne volonté et le dévouement des secouristes, il faut reconnaître que tant que les pyromanes n’auront pas décidé que l’incendie soit maîtrisé les efforts seront vains. C’est aux frères ivoiriens de savoir que tout ce qu’ils brûlent est une partie de leur territoire et d’arrêter d’y mettre le feu.

Il faut s’en remettre à Dieu par la prière afin qu’il fasse descendre sa grâce sur les protagonistes de cette crise. Je suis d’autant plus peiné que j’ai passé une vingtaine d’années dans ce pays. J’y ai fait des études et travaillé dans "l’appareil judiciaire". J’ai milité dans le mouvement des élèves et étudiants (MEECI) puis à la JPDCI.

J’ai été membre de la section PDCI de Soubré et superviseur lors des élections générales de 1990. J’ai eu la chance d’évoluer aux côtés de l’éminente personnalité qu’était M. Charles Bauza Donwahi, député-maire de ladite ville auprès duquel j’ai beaucoup appris. A l’ouverture du consulat honoraire du Burkina Faso pour le Sud-Ouest à Soubré, j’en étais le président du Comité d’organisation (Consulat inauguré par son Excellence Léandre Bassolé alors ambassadeur de notre pays près la Côte d’Ivoire).

Je fus conseillé juridique audit consulat auprès de M. Zoundi Mitibkiéta Jean de Dieu le consul honoraire avec qui je garde de bonnes relations jusqu’à présent. Vous comprenez que je dois beaucoup à ce pays d’où l’amertume que je ressens face à sa situation actuelle. Je suis revenu au pays le 30 décembre 1993 soit 27 jours après le décès du Président Houphouët Boigny. Celui-ci ne disait-il pas jusque-là "la paix ce n’est pas un mot c’est un comportement" ! Cette phrase prend tout son sens dans la situation qui prévaut en Côte d’Ivoire.

Il disait par ailleurs que le "vrai bonheur l’on ne l’apprécie que lorsque l’on a perdu". Quand on compare la Côte d’Ivoire d’antan à celle d’aujourd’hui, le bonheur qu’a perdu ce pays c’est cette paix indispensable au développement individuel et collectif. A titre d’illustration j’ai habité Koumassi (commune d’Abidjan) dont le maire était Boniface Ouédraogo. Nous avons aussi en mémoire des journalistes tels M. Abdoulaye Sawadogo, Mohamed Diawara et autres qui ont été membres de gouvernement dans ce pays.

Il y a également M. Djobo Soungalo qui a été maire de la 2e ville (Bouaké). Vouloir "effacer" cette vision de l’intégration qu’avait le Président Houphouët d’un coup de baguette magique peut irriter des sensibilités. Je pourrais écrire un livre sur la Côte d’Ivoire tant il y a des choses à dire mais là n’est pas le sujet. Je souhaite que la communauté internationale soit plus claire dans son attitude car à mon sens, il y a beaucoup d’hypocrisie dans la façon de gérer le dossier ivoirien.

Tant que la communauté internationale n’aura pas un langage et des actions plus fermes, les rebondissements seront courants. D’une part, tout le monde dit vouloir la paix, mais l’on ne fait pas assez pour parvenir à cette paix et cela est déplorable car la majorité des Ivoiriens est fatiguée de cette crise.

Seuls ceux qui ont intérêt à ce qu’elle perdure sont convaincus du contraire.

La sous-région a besoin d’une Côte d’Ivoire apaisée et prospère pour poursuivre sa lutte contre la pauvreté. Ce n’est donc pas le problème des seuls Ivoiriens (même si la solution dépend d’eux principalement), mais de toute la sous-région dont les efforts pour sortir de la pauvreté sont aliénés par cette crise à rebondissements. Souhaitons vivement que la paix des cœurs reviennent dans ce pays frère en lieu et place de la paix au bout des lèvres qui a montré ses limites.

Grâce au président Blaise Compaoré, désigné facilitateur, la classe politique du Togo a signé un accord historique. Avez-vous le sentiment que cet accord instaurera une paix définitive dans ce pays ?

S’il y a un sujet pour lequel je suis confiant, c’est bien celui du Togo. Contrairement à la Côte d’Ivoire, le Togo a frappé à la bonne porte. Vous avez vu comment les négociations ont été menées. Déplacer tous les acteurs d’un processus dans un autre pays, c’est faire preuve de volonté. Le dialogue inter togolais a été très franc. Si j’ai bien compris, deux partis ne voulaient pas parapher les accords au départ, il a fallu l’intervention du président du Faso pour les amener à adhérer à ce processus. Quand les choses sont traitées de cette façon, l’accord est sincère.

Le fait d’admettre dès le départ qu’il peut survenir des incompréhensions dans l’application de l’accord prouve que les acteurs sont sincères.

Ce qui est rassurant, c’est qu’il est dans le même temps prévu qu’en cas de difficultés, il en sera référé au facilitateur qui a accepté d’être consulté tant que de besoin. Un accord conclu sur des bases aussi claires ne peut que connaître une mise en œuvre conforme aux aspirations de tous.

Cela est à mettre à l’actif du président du Faso et à l’honneur des hommes politiques togolais qui ont privilégié l’intérêt du peuple togolais. Nous Burkinabè, devons nous réjouir du fait que notre chef de l’Etat est sollicité de cette façon. C’est pourquoi nous devons travailler pour l’enracinement de la démocratie parce que pendant que ça "bout" ailleurs, c’est chez nous que l’on vient chercher la solution. Il nous faut préserver ce climat social qui fait qu’on peut recourir à nous pour des médiations.

Et pour conclure cet entretien ?

Pour conclure, je voudrais vous remercier de m’avoir donné l’occasion d’aborder d’aussi importantes questions. Je réaffirme que notre groupe parlementaire est disposé à donner toute explication qui lui sera demandée pour la consolidation de la démocratie dans notre pays.

Entretien réalisé par Larba YARO

L’Hebdo

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