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Journal du jeudi : 15 piges et une bosse de cristal

Publié le samedi 26 août 2006 à 19h46min

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A 15 ans, un homme est encore considéré comme un ado. Mais dans la vie d’un média, 15 années représentent bien plus que cette période d’affirmation de soi, voire de révolte, qui caractérise les jeunes. Sous les tropiques où le combat pour la liberté d’expression et de presse n’est jamais gagné d’avance, c’est avoir la baraka que de pouvoir fêter ses noces de cristal.

La coïncidence est d’autant plus pertinente que ce métal est le symbole même de la transparence. Aussi, tout en soufflant ses 15 bougies, le Dromadaire ne perd pas de vue la nécessité de plus de lumière pour que la presse devienne véritablement un « 4e pouvoir » au Faso et en Afrique.

En effet, le 22 août 1991, le vent de La Baule qui soufflait tous azimuts amena sous le ciel du Faso une feuille de chou nommée le Journal du Jeudi. Paraissant en milieu de semaine, ce cadet de la presse privée burkinabè (à l’époque, seul L’Observateur Paalga était rené de ses cendres) avait pour créneau l’humour, la satire et la parenté à plaisanterie.

L’engouement pour cette nouvelle forme d’information était réel, et le Journal du Jeudi, « l’hebdromadaire qui bosse pour vous », s’arrachait comme de petits pains. Ceux qui ne pouvaient pas l’acheter le photocopiaient, même si le canard suggérait... de le voler.

Mais après 15 ans d’épreuves, la réalité du terrain a fait perdre au Dromadaire un peu de son humeur d’antan. Les crises politiques ont amené le camélidé à rire jaune ou à rougir les yeux. Nous sommes loin de l’époque où Roger était si Cynique qu’il pouvait railler même la mort. B. Lodia, Abdou Kalo, Sidbala et autres assenaient leurs sentences sans que Tou Y. Yam ne fasse Tilt.

On se rappelle aussi les diatribes des tribuns tels Henri Sebgo, Virgile Marie Ki, B. Syrac Le Sage ou Meko Sam. Leurs successeurs que sont Isaac Baaldé, J. M. Mimtiiri ou Samba Diallo ont assumé leur boulot, sans tremper leurs plumes dans le vitriol.

N’empêche qu’il reste encore cette dose d’humour qui fait encore se fendre la poire aux lecteurs, quand monsieur Megd se coltine chez son buvetier pour s’offrir une boutanche.

Que serait la vie si on n’était pas capable de s’offrir un bon grain d’humour ? Avec 15 hivernages, le bossu a pris des rides, et ses Bobo avec. Vivement qu’à l’heure des noces d’argent de nouvelles eaux coulent sous les ponts. Et que le Dromadaire en ait suffisamment pour tenir la route.

Journal du jeudi


Dialogue : De l’humour pour la liberté !

Ministre de l’Information, il ne fait guère partie du clan de ceux qui éprouvent un besoin quasi physiologique à se retrouver baignant dans le halo des mille watts des lampes de caméras. L’homme est plutôt connu pour sa discrétion. Au-devant des « escadrons » des médias, il est plus conseiller que meneur omniscient, ce qui n’a pas toujours été le cas pour ce ministère qui, quoi qu’on dise, demeure le plus « coriace » de toute la panoplie des institutions dans une démocratie...

Lorsqu’il a poussé ses premiers « blatèrements » pour entonner l’hymne au rire et à la liberté, il présentait, déjà, des signes précoces de clairvoyance. Aussi, ceux qui ont toujours préféré les paroles aux actes ne donnaient-ils pas cher de sa peau. C’était sans compter avec ce formidable instinct de survie qui l’a toujours caractérisé. Voilà qu’il souffle ses quinze « bougies », quinze années au cours desquelles il aura sacré l’humour régulateur en chef du paysage sociopolitique du Faso.
Maintes fois, il aura constitué une admirable thérapie pour les assoiffés d’honneurs et de pouvoir, les éternels insatisfaits et autres grognons professionnels.

Il n’est guère facile de trouver, chaque semaine que le temps tisse, le centre d’intérêt de lecteurs de plus en plus exigeants, et c’est pourquoi Kahoun voudrait souhaiter joyeux anniversaire et « bon vent » au « Dromadaire » et échanger aussi sur d’autres sujets...

Kahoun : Alors... ces quinze bougies ?

Le Dromadaire : La bosse tient le coup et le moral est bon !

Kahoun : Tant mieux !

Le Dromadaire : On fait ce qu’on peut ! On dit qu’avec une plume on n’arrive pas toujours à bouleverser le monde, mais au moins on peut embarrasser les coupables !

Kahoun : Alors, tu t’amuses à jouer les justiciers ?

Le Dromadaire : Laissons ça aux magistrats ! Mais tu as déjà vu quelqu’un qui préfère dormir dans une case sale ?

Kahoun : Je vois... et toi tu tentes, à ta manière, de faire comprendre certaines choses !

Le Dromadaire : C’est ça ! De plus en plus on rencontre de moins en moins des mines de « constipés » « Le Dromadaire » est entré dans les murs...

Kahoun : Ouais, on attend chaque fois qui sera « en panne » !

Le Dromadaire : Y en a aussi qui sont parfois « en forme », non ?

Kahoun : Alors, rira bien... « qui lira le dernier » !

Le Dromadaire : C’est ça ! D’ailleurs Confucius faisait remarquer que « l’homme qui rit digère bien ». C’est pas bon, ça ?

Kahoun : Enfin... Je ne sais pas si les diététiciens sont d’accord avec lui, mais...

Le Dromadaire : Ecoute, mieux vaut que les gens puissent se « défouler » et « s’éclater » à longueur de colonnes qu’en hurlant dans les rues !

Kahoun : On peut dire que c’est ce qui se passe ici !

Le Dromadaire : Humm... Pas tout à fait !

Kahoun : Explique-toi...

Le Dromadaire : Il manque encore quelque chose...

Kahoun : Pourtant, en la matière, de nombreux pays nous envient ; d’autres nous félicitent.

Le Dromadaire : Ce n’est pas pour autant qu’on doit s’en satisfaire ! Certains hommes publics détestent encore voir commenter leurs décisions, on se demande bien pourquoi !

Kahoun : Ah... tu ne me diras pas qu’il y a, ici, des restrictions dans la critique concernant les administrateurs de la chose publique !

Le Dromadaire : Et toi, tu ne me diras pas que tu n’as jamais entendu parler de pressions ou d’autres voies tentant de « noyer » une info, surtout qu’il y a eu certains antécédents malheureux.

Kahoun : Dans les cas du genre, il faut le dire !

Le Dromadaire : Les règles du jeu ne semblent pas respectées par tous, ce qui fait parfois penser qu’il y a inégalité de liberté dans l’expression.

Kahoun : Pourtant le Conseil supérieur de la communication veille attentivement au grain !

Le Dromadaire : Là, il faudra convaincre les téléspectateurs de la chaîne nationale ! Tu vois, on en est toujours à se demander s’il faut parler de « médias publics » ou de « médias d’Etat »...

Kahoun : Pour mettre tout le monde d’accord, la première appellation paraît la meilleure !

Le Dromadaire : Alors, dans ces conditions, tu as du pain sur la planche...

Kahoun : Je sais...mais, toi, nos félicitations pour ce qui se fait...

Le Dromadaire : Merci... tu sais, c’est d’abord une équipe qui essaie de brasser différents domaines. Tu connais le truc : Les histoires sans importance, ça n’existe pas...

Kahoun : C’est vrai... Pour être largement diffusé il faut réussir à satisfaire des goûts très différents. Si cela pouvait être le cas partout...

Le Dromadaire : Pourquoi dis-tu ça ?

Kahoun : Ne nous voilons pas la face, il manque parfois ce devoir de distanciation que doit effectuer le journaliste dans la rédaction de ses papiers.

Le Dromadaire : Il y a certainement un problème de formation, mais il faut y joindre une certaine absence de culture générale qu’on peut constater un peu partout...

Kahoun : En général, lorsque les gens en ont fini avec les bancs et les diplômes, ils ferment leurs bibliothèques et jettent les clés...

Le Dromadaire : Ça peut se comprendre pour d’autres métiers, mais en journalisme, c’est mortel !

Kahoun : C’est vrai parce qu’il faut, très souvent, partir du passé pour lire le présent et dire ce qui pourrait arriver...

Propos recueillis au « Nagra » par JJ

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