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Mois d’août : Les plantes en fête

Publié le vendredi 25 août 2006 à 07h00min

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Campagne de reforestation par-ci, camp de reboisement par-là, cérémonie de plantation un peu partout sans oublier les activités florales domestiques, les mois de juillet et surtout d’août sont par excellence ceux de l’arbre. On plante à tout vent, souvent pour faire comme les autres sans se soucier des essences adaptées à notre environnement ou des techniques idoines de plantation.

Une chose est sûre, cela fait les choux gras des pépiniéristes et autres aménagistes paysagers dont c’est la forte saison. Petit tour des étals de végétaux avec, à la clef, quelques conseils pour les "planteurs du dimanche".

En cette période d’hivernage, les abords du barrage n°3 de Ouagadougou et bien d’autres endroits de la ville présentent une concentration végétale anthropique. Ces forêts improvisées où se mêlent senteurs, couleurs et feuillages sont l’œuvre de gens passionnés, de véritables amis de la nature.

Madi Kaboré est l’un d’eux. Quand il débouche de son fourré improvisé, c’est avec entrain et prestance qu’il vous fait visiter son étal végétal. « C’est la bonne période pour nous », se réjouit-il. Chaque année, la clientèle afflue à la même période. Les trompes d’eau qui tombent fréquemment sur la ville, favorisent la plantation des végétaux. C’est presqu’un instinct qui s’empare des habitants : on plante, on reverdit ; on sème à tout vent. Mais encore faut-il savoir quoi planter. « Certains viennent chez nous sans avoir décidé quelle plante il leur faut », confie notre interlocuteur.

Des ligneuses aux plantes grasses en passant par les plantes grimpantes, une gamme variée est proposée aux clients dans les pépinières situées dans la ville de Ouagadougou. Il y en a même qui proposent des plantes exotiques de toutes les régions du globe. Au 620 de l’avenue Bassawarga, est situé Burkina-Flore. Là, un collectionneur a son jardin.

Rabo S. Baba, fleuriste à ses heures, travaille sur un espace aménagé d’environ 700 m2. Sur ses étals, des oliviers (noirs et verts), des bambous nains de Chine, des plantes grasses d’Afrique du Sud, une quinzaine d’espèces de cactus ramenés de plusieurs endroits du monde, des agrumes génétiquement modifiés comme le citronnier nain. Des plantes ornementales telles que le bougainvillier sont aussi déclinées en plusieurs espèces.

Le travail abattu par ces hommes pour produire et conserver ces végétaux afin de les mettre à la disposition des clients est considérable. Ainsi, pour certaines plantes sans graines ou sans pépins, il faut passer par bouturage ou marcottage afin d’obtenir de jeunes pousses.

Un second souffle après le travail

La passion est entre autres, le motif qui draine la clientèle hétéroclite vers ces « marchands de nature ». Madame Denise Nébié, une cliente, pour reverdir sa cour, y a fait un tour. Elle rapporte de sa visite deux pots de plantes ornementales. « J’ai toujours aimé les plantes, dit-elle.

Elles embellissent notre cadre de vie et nous donnent un second souffle quand on rentre du travail tout fatigué ». En effet, pour leur ombre et/ou leurs fleurs, certaines plantes décoratives sont indétrônables pendant des années. C’est le cas du flamboyant, du bougainvillier, du rosier, des conifères et d’autres arbrisseaux servant de haie ou de bordure dans les concessions.

Les plantes en vedette sont surtout les végétaux de reforestation comme les ligneux : acacia arabica, sénégal, nilotica ou gommier rouge ; l’eucalyptus ; tous d’un coût d’environ 75 FCFA le pied. Ensuite viennent les plantes de vergers.

Le manguier dans cette catégorie a la cote. Ce végétal fruitier se décline en plusieurs variétés obtenues par greffage et autres méthodes arboricoles et son prix varie de 500 à 750 Fcfa le pied : le kent, la mangue mixte, la mangue ananas, la mangue gouverneur... A la suite du manguier, il y a les agrumes (espèce du genre citrus) comme l’oranger (simple ou greffé tel le tangelo), le citronnier, le mandarinier. L’anacarde a aussi les faveurs de beaucoup de clients. Son pied coûte 500 F CFA sur certains étals.

Outre, ces plantes, il en existe d’autres dont le prix est relativement élevé. C’est le cas du palmier cicas dont le prix du pied est de 25 000 F CFA. La "veuve pleureuse", une plante décorative de forme conique coûte 15 000 F CFA et le cocotier nain qui peut produire dès la 3e année de vie vaut 12 500 F CFA le pied. Plus coûteuses que celles-ci, il y en a : M. Rabo Baba ne vend pas son pied d’olivier à moins de 150 000 F CFA. En général, ce sont les plantes importées, celles obtenues par manipulation génétique et les plantes brevetées (comme le rosier baptisé Bernadette Chirac) qui coûtent cher.

« La tendance qui se dégage de nos jours, c’est que les clients décident de planter utile. C’est-à-dire qu’ils font des vergers qui pourront leur rapporter, deux ou trois ans après, des arbres et donner un rendement à long terme », c’est le constat de Madi Kaboré, pépiniériste. Comme plante de verger, il propose aux clients l’anacarde, le manguier, l’oranger, le palmier à huile qui, dit-il, est une plante qui peut bien produire sur nos sols.

Baba Rabo, quant à lui, pense que nos espèces locales, malgré leur fort potentiel économique, sont négligées. Le constat lui donne raison. Nos essences locales ne sont pas proposées aux clients dans la plupart des étals. Seule adresse, le centre national des semences forestières où les espèces locales sont produites et proposées comme plantes de reboisement avec cette fois-ci une garantie : l’adaptabilité de l’espèce à notre climat souvent hostile.

Pourtant des vergers de ces espèces rapporteront sans doute à leurs promoteurs, car la demande existe comme l’affirme Baba Rabo : « J’ai vu, lors de mes voyages à Hong Kong, des boîtes de conserve avec des graines de néré (parkia biglobosa). Même les feuilles sèches de baobab coûtent environ 3000 Fcfa le sac de 50 kg sous d’autres cieux ».

Au regard de la noblesse et de l’utilité du reboisement, il est nécessaire de mettre tous les moyens pour réussir cet acte. Une chose est de bien planter (voir encadré), une autre est d’entretenir ces jeunes pousses sous peine de réduire à néant les efforts consentis. La nature, on le dit souvent, nous l’héritons de nos ancêtres, mais nous la cédons à nos enfants. Il nous appartient donc d’œuvrer en ami de la nature ne serait-ce qu’en partenariat d’intérêt.

Adama Barro
Christian Zongo

(Stagiaires)


6 conseils pour les « planteurs du dimanche »

Afin de vous faire profiter de vos efforts, nous avons rassemblé auprès des spécialistes quelques conseils pour mieux planter. 1- Choisissez la plante en fonction de l’espace qu’elle occupera à la taille adulte. Cela vous évitera des désagréments. 2- Creusez jusqu’à 80 cm de profondeur pour la majeur partie des plantes, et prévoyez un diamètre de 50 cm. Pour ceux qui décident de planter dans des bacs, demandez les dimensions de ceux-ci avant de les acquérir.

3- Avec soin, débarrassez le pot (sachet ou panier) du jeune plant tout en évitant de briser complètement la motte de terre qui recouvre les radicules. Ne plantez jamais avec le pot. Cela risque d’étouffer la plante car ses racines ne se développeront pas correctement.

4- Placez la plante dans le trou et refermez avec de la terre. Tassez délicatement (sans briser la tigelle) alors la terre. Evasez un peu le bord du trou en guise de réservoir, et arrosez si nécessaire. Avant de mettre la plante en terre, ne mettez pas d’engrais chimique ni autre chose comme le sel. Cela risque de ronger les radicules. Le fumier fait de déchets de petits ruminants attire les termites.

Ne le mettez donc pas dans le trou d’une jeune pousse sans avoir le moyen d’éviter les termites. Pour ceux qui pensent améliorer la pousse des jeunes cocotiers ou du palmier à huile en mettant au préalable du sable dans le trou, sachez qu’il n’en est rien. Le sable ne joue vraiment pas un rôle dans la nutrition de ces plantes.

5- Quand la plante bourgeonnera, vous pouvez lui apporter de la fumure organique ou de l’engrais chimique adapté (vendus par les services compétents comme le centre national des semences forestières) 6- Evasez les abords de la plante en saison sèche pour y mettre de l’eau fréquemment. Pour retenir l’humidité sous les arbres par exemple, pensez à faire pousser un tapis de « belle du jour ».

Observateur Paalga

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